En juin, les FNB canadiens ont enregistré des créations nettes de 4,4 milliards de dollars (G$), ce qui représente une progression de 70 % par rapport aux entrées nettes de 2,6 G$ en mai. Depuis le début de l’année, les FNB canadiens ont ainsi engrangé un total de 19,7 G$, portant l’actif géré cumulatif à 350 G$, selon Banque Nationale Marchés Financiers (BNMF).
Si on se reporte une année en arrière, le mois de juin 2022 avait été particulièrement calamiteux pour les FNB canadiens. Ils avaient alors affiché le seul solde négatif de l’année, avec des sorties nettes de près d’1 G$, imputables à la chute brutale des FNB d’actions.
Le portrait est différent en juin 2023. Alors que la demande pour les FNB d’actions pendant le premier semestre est restée basse et que les FNB de titres à revenu ont occupé le devant de la scène, les FNB d’actions sont revenus en force le mois dernier, égalant quasiment les obligations.
« Nous observons désormais un appétit partagé pour les actions et les titres à revenu fixe, ce qui reflète la nouvelle réalité économique après une année de hausses agressives des taux d’intérêt par les banques centrales pour tenter de juguler l’inflation », signalent les analystes de BNMF.
Les pays émergents en tête grâce aux ESG
En juin, les FNB d’actions ont enregistré des entrées nettes de 1,8 G$ comparativement à 640 M$ en mai. Les marchés des pays émergents ont bénéficié de l’afflux le plus important, avec 805 millions de dollars (M$), grâce à plusieurs créations de taille institutionnelle, notamment dans le FNB iShares ESG XSEM. Sans celui-ci, les FNB des marchés émergents auraient enregistré des sorties de 133 M$, précise BNMF.
Les FNB d’actions canadiennes ont consolidé leur remontée amorcée au cours des derniers mois, avec des entrées nettes de 755 M$, principalement grâce à XIU (313 M$) et ZEB (106 M$). Les FNB d’actions américaines enregistrent de légères entrées nettes, les premières depuis plusieurs mois, après des sorties totalisant 1, 6 G$ depuis le début de l’année.
Le secteur financier continue à performer, mais il fléchit légèrement, avec des entrées de fonds de 162 M$, qui ont fondu de moitié par rapport à mai. Les technologies (92 M$) et l’énergie (80 M$) arrivent juste derrière. L’immobilier, les services publics et les matières premières sont quant à eux dans le rouge.
Les FNB thématiques enregistrent des créations nettes de 962 M$, principalement du côté des FNB ESG qui accueillent 880 M$ après un mois de mai négatif et des résultats mitigés depuis le début de l’année.
Les FNB à facteur de qualité ont subi des sorties, tandis que l’étoile des FNB à facteur de faible volatilité pâlit après avoir brillé au cours des derniers mois.
Impact de la hausse des taux d’intérêt
Les FNB de titres à revenu fixe restent stables, quant à eux, avec des créations nettes de 1,9 G$, un résultat identique à celui du mois précédent. Les FNB du marché monétaire conservent la première position avec des entrées nettes de 792 M$ dans des produits tels que CASH, CSAV, CBIL et UBIL/U. Les obligations de qualité inférieure et les FNB d’actions privilégiées ont continué à enregistrer des rachats. Les FNB multiactifs ont reçu des entrées nettes de 163 M$.
Depuis le début de l’année, les FNB canadiens de titres à revenu fixe ont accueilli 11 G$ tandis que les FNB canadiens d’actions ont reçu 6,5 G$. L’afflux total de FNB canadiens au premier semestre 2023 est pour l’instant supérieur de 17 % à celui de 2022, une année qui a été marquée par des baisses et de la volatilité dans les marchés boursiers et obligataires, constate BNMF.
L’équipe d’analystes de l’institution financière qui se penche sur l’évolution des flux de FNB canadiens souligne que les flux de FNB d’actions ont été importants au début de l’année 2022, mais que les FNB de titres à revenu fixe, menés par les FNB du marché monétaire, leur ont volé la vedette au fur et à mesure que les taux d’intérêt grimpaient. « Les flux d’actions rattrapent maintenant un peu du terrain perdu, après les rendements exceptionnels des grandes capitalisations américaines, qui se sont étendus à de multiples secteurs et à certaines régions du monde », mentionnent-ils dans leur rapport mensuel.
Regain d’intérêt pour les FNB de cryptoactifs
Après avoir vu leur popularité diminuer depuis près d’un an, les FNB canadiens adossés à des cryptoactifs retrouvent en partie la faveur des investisseurs, avec des créations nettes de 337 M$ en juin. Il s’agit du montant le plus élevé depuis mai 2022. Selon BNMF, cet engouement soudain aurait à voir avec le dépôt d’une demande de création d’un FNB Bitcoin aux États-Unis par BlackRock, qui a suscité des spéculations sur l’approbation prochaine d’un FNB Bitcoin par les autorités réglementaires américaines.
La Securities and exchange commission (SEC) examine actuellement les prospectus de plusieurs gestionnaires d’actifs en vue de la création d’un tel FNB. Pour l’instant, les États-Unis autorisent uniquement des FNB qui détiennent des contrats à terme de bitcoins.
Les entrées dans les FNB canadiens de cryptoactifs ont contribué à stimuler les entrées de fonds chez des manufacturiers tels que Purpose, CI, Evolve, 3iQ et Hamilton.
Les 10 principaux émetteurs de FNB au Canada ont tous enregistré des entrées de fonds en juin, à l’exception de Mackenzie, qui a subi des sorties dans le FNB indiciel QUU et le FNB d’obligations à gestion active MFT. La croissance des entrées nettes la plus importante a été observée chez iShares dans le fonds indiciel ESG XSEM (136 %). Le fonds VFV (Vanguard) basé sur le S&P 500 a bien fait également ainsi que le fonds d’obligations gouvernementales ZGB (BMO).
Une dizaine de FNB ont vu le jour en juin, ce qui porte leur nombre à 1353. BMO a été l’émetteur le plus actif avec la création de huit nouveaux fonds. Brompton a lancé un FNB d’actions fractionnées et Hamilton un FNB de services publics.