Dans l’industrie financière comme dans les autres secteurs économiques, l’avenir passe par le développement des compétences des employés. Singapour, qui n’a pas encore fêté son centième anniversaire et est déjà l’un des pays au revenu le plus élevé au monde, attire les regards des autres nations en quête d’inspiration pour relever ce défi.
Voici comment la jeune et dynamique nation de 5,6 millions d’habitants se prépare à affronter l’avenir, selon Soon-Joo Gog, responsable des compétences chez SkillsFuture Singapore, une organisation gouvernementale dont la mission consiste à promouvoir la formation continue. Il a présenté les six piliers de la stratégie de la nation insulaire pour renforcer les compétences de sa main-d’œuvre lors du Sommet de la croissance, présenté les 2 et 3 mai derniers au siège du Forum économique mondial, à Genève, en Suisse.
Recycler le personnel à l’avance
Premièrement, Singapour anticipe les emplois qui deviendront obsolètes dans les prochaines années en raison de l’automatisation. Par exemple, pour faire face à la disparition de la compensation des chèques en raison de la numérisation de l’industrie bancaire, la DBS Bank a planifié trois ans à l’avance et a recyclé ses 1 600 banquiers, caissiers et agents de compensation. Au cours de cette période, environ 1 200 personnes ont été affectées à d’autres fonctions au sein de la banque et 400 sont partis travailler dans d’autres banques, a indiqué Soon-Joo Gog. « Cet exemple montre que les employeurs peuvent prendre l’initiative de recycler leur personnel à l’avance, de manière à l’aider à évoluer en même temps que l’entreprise », a-t-il déclaré lors d’une discussion sur la requalification de la main-d’œuvre.
Le programme de crédits SkillsFuture, créé par le gouvernement singapourien, appuie cet objectif. Il offre 400 dollars à chaque citoyen, dès l’âge de 25 ans, à investir dans le développement des compétences et dans la formation continue. D’autres sommes supplémentaires peuvent être allouées par la suite.
Singapour arrime sa stratégie commerciale avec sa stratégie des compétences grâce une approche concertée entre les secteurs privé et public. Tous les deux ans, le gouvernement planifie les besoins du secteur privé par secteurs en interrogeant les entreprises sur leurs orientations, pour savoir, par exemple, si elles s’en vont vers l’internationalisation ou vers la numérisation. Cette connaissance permet de mieux planifier les besoins de main-d’œuvre à venir des entreprises.
Garder les travailleurs expérimentés
La cité-État fait face au vieillissement accéléré de sa population. D’ici 2030, elle sera classée comme une « société sur-âgée », avec plus de 20 % des habitants ayant de plus de 65 ans. Pour faire face à ce défi, les entreprises sont encouragées à trouver des solutions afin de conserver les travailleurs expérimentés et à repenser les emplois et les tâches en vue de les adapter aux besoins des travailleurs plus âgés. « Nous nous concentrons sur l’industrie qui compte le plus grand pourcentage de personnes âgées dans la main-d’œuvre. Ensuite, nous examinons comment répartir et attribuer des emplois ou des tâches aux travailleurs âgés, même s’il ne s’agit pas d’un emploi à temps plein, car les personnes âgées peuvent ne pas vouloir travailler à temps plein si elles sont financièrement stables », explique Soon-Joo Gog.
Pays d’immigration, avec près de la moitié de sa population provenant de l’étranger, Singapour est en situation de « plein emploi ». Un de ses défis consiste donc à assurer l’équilibre entre les talents locaux et internationaux. « Pour ce faire, nous réfléchissons consciemment aux talents étrangers qui arrivent à Singapour et à la partie de ces talents dont nous avons vraiment besoin pour renforcer nos compétences », déclare Soon-Joo Gog.
Enfin, pour avoir une main-d’œuvre qualifiée nécessaire afin de réaliser les objectifs climatiques de son plan vert 2030, le pays a créé un Conseil des compétences vertes dont la mission consiste à aider les entreprises à atteindre leurs objectifs de décarbonisation. Ce plan, émis en 2021, vise notamment à quadrupler le déploiement de l’énergie solaire d’ici 2025 et à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.