L’âge et le revenu sont généralement les facteurs les plus importants pour déterminer la stratégie d’investissement d’une personne, mais certains experts en finances personnelles estiment qu’il est temps que le genre occupe une place plus importante dans le processus de prise de décision.
Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de vivre un large éventail d’événements de vie et de carrière, ce qui rend une approche d’investissement sexospécifique essentielle pour les jeunes femmes cherchant à constituer un fonds de retraite confortable, estime Zena Amundsen, planificatrice financière certifiée chez Astra Financial pour une clientèle majoritairement féminine.
« Ce sont généralement les femmes qui sont censées s’absenter de leur travail pour s’occuper des enfants ou s’occuper d’un parent âgé », observe Mme Amundsen.
« Cela entraîne un plateau de carrière plus précoce et un écart salarial entre les sexes, et cet écart salarial entraîne une baisse des cotisations (au Régime de pensions du Canada ou au Régime de rentes du Québec), ainsi qu’une moindre probabilité de pouvoir les maximiser et d’avoir autant d’argent dans les poches pendant la retraite. »
Cette situation, ajoute-t-elle, est exacerbée par l’espérance de vie des femmes, qui est supérieure de cinq ans à celle des hommes. Ainsi, un fonds de retraite moins important peut avoir des conséquences encore plus désastreuses.
En conséquence, Kristine Beese, fondatrice et cheffe de la direction d’Untangle Money, croit que les femmes doivent « faire travailler leur argent plus fort » pour elles le plus tôt possible. Untangle Money propose des programmes et des services de planification financière spécifiquement destinés aux femmes à revenu moyen.
« Des études montrent que les femmes sont très douées pour épargner, surtout par rapport aux hommes, souligne Kristine Beese, mais il est vraiment important de commencer à investir le plus tôt possible, de manière à éviter que cet argent ne se dégonfle avec le temps, tout en leur permettant de continuer à bien dormir la nuit. »
Ayesha Ofori, fondatrice et cheffe de la direction de la plateforme d’investissement destinée aux femmes Propelle et ancienne conseillère en patrimoine chez Goldman Sachs, affirme que les femmes doivent être conscientes du fait que les investissements à faible risque entraîneront généralement des rendements inférieurs, ce qui n’est pas nécessairement quelque chose qu’elles peuvent se permettre aussi facilement que les hommes.
Elle recommande aux femmes de se tourner plus tôt vers les investissements à plus-value (qui se concentrent sur l’augmentation de la valeur d’un investissement au fil du temps), ainsi que vers les investissements générateurs de revenus (qui peuvent s’accompagner de dividendes réguliers et de paiements d’intérêts) pour les soutenir pendant leurs années de retraite.
« Cependant, les femmes devraient envisager des investissements alternatifs, par exemple l’immobilier et le capital-investissement, qui ont tendance à générer des rendements plus élevés que les investissements plus traditionnels », ajoute Ayesha Ofori.
Poser des questions
Pour trouver le bon équilibre entre rendement et perte potentielle, Kristine Beese recommande aux femmes de s’en tenir à des investissements de haute qualité sur les principaux indices boursiers.
« Évidemment, personne ne devrait s’attaquer aux investissements spéculatifs », précise-t-elle.
« Mais il est important de garder à l’esprit que sur un horizon de 10 ans, nous ne constatons pas une tonne de pertes dans le S&P 500, donc s’en tenir aux « bouquets de fleurs financières » comme les fonds négociés en Bourse (FNB), qui contiennent des actifs provenant d’un groupe de ces entreprises, ne devrait pas être une source de préoccupation majeure. »
Cependant, le retour sur investissement n’est pas un problème avec lequel les femmes ont eu du mal par le passé, puisque leurs rendements étaient en moyenne 0,4 % supérieurs à ceux des hommes, selon une enquête menée par Fidelity Investments en 2021. Au lieu de cela, une plus grande aversion pour le risque et une plus faible confiance ont tendance à être les plus grands obstacles pour les femmes lorsqu’il s’agit d’investir et de développer leurs connaissances financières.
« S’il y a un conseil que je pourrais donner à la jeune génération pour surmonter ce manque de confiance, ce serait de se forcer à lever la main plus tôt et à poser les questions (financières) qu’elles doivent poser pour commencer, peu importe à quel point elles pourraient être effrayées ou gênées de les poser », soutient Mme Amundsen.
Kristine Beese fait écho à ce sentiment, soulignant l’importance de trouver une équipe de planificateurs financiers et de mentors capables de guider les femmes vers leurs objectifs financiers.
« D’après la littérature et mon expérience en tant que courtière en valeurs mobilières, je sais que les femmes ne sont pas toujours aussi axées sur leurs objectifs au départ que les hommes en ce qui concerne leur argent, en raison de la façon dont nous sommes encouragées, socialement, à parler d’argent en ne posant que deux questions: que puis-je me permettre et est-ce que tout ira bien? »
« Il est très important de trouver un conseiller financier ou un mentor capable de rejoindre les femmes là où elles se trouvent, car c’est souvent grâce à des conversations plus nuancées que nous pouvons encourager les jeunes femmes à se fixer des objectifs financiers qui, statistiquement, sont susceptibles d’être très importants pour leur bien-être futur », comme en priorisant l’épargne-retraite, estime Kristine Beese.
L’idée selon laquelle investir ne doit pas nécessairement être une tâche solitaire est particulièrement importante pour Ayesha Ofori.
« Parler d’argent et d’investissement est souvent considéré comme un tabou (pour les femmes), cela peut nous faire sentir isolées et seules dans notre prise de décision financière », déplore-t-elle.
« Investir ne doit pas nécessairement être solitaire ou ennuyeux. Il faut se trouver des meneuses de claque et leur demander du soutien pour se sentir responsable des efforts visant l’atteinte de ses objectifs financiers. »