Selon Fitch Ratings, la faiblesse des résultats des grandes banques américaines au quatrième trimestre (T4) laisse présager des difficultés en matière de bénéfices pour l’année à venir.
Dans un nouveau rapport, l’agence de notation indique que, parmi les grandes banques américaines qui ont publié leurs résultats, le revenu net avant provision a baissé de 37 % au quatrième trimestre, ce qui ramène la croissance annuelle à seulement 6 %.
« Les grandes banques américaines ont publié des résultats médiocres au quatrième trimestre, en raison de charges non récurrentes importantes, qui viennent couronner une année difficile marquée par une baisse des revenus de commissions, une augmentation des coûts de financement, un levier d’exploitation négatif et une normalisation de la qualité du crédit », résume Fitch Ratings.
En moyenne, les revenus nets d’intérêts ont baissé de 8 % par rapport à l’année précédente. Mais ces résultats varient considérablement en fonction des différences de modèle d’entreprise.
Alors que les banques régionales à vocation commerciale ont dû faire face à des baisses à deux chiffres de leurs revenus nets d’intérêts, les banques disposant d’importants portefeuilles de cartes de crédit et de détail, telles que JPMorgan Chase et Citigroup, ont mieux résisté, selon l’agence.
Pour l’avenir, les banques s’attendent à une poursuite de la baisse des revenus nets d’intérêts, « entravée par une croissance des prêts toujours lente, une réévaluation continue des dépôts et des baisses de taux attendues dans la dernière partie de l’année », précise Fitch Ratings.
Les marges d’intérêt nettes moyennes ont diminué de six points de base au quatrième trimestre, après une baisse de 7 points de base au trimestre précédent et une baisse de 16 points de base au deuxième trimestre.
« Les marges d’intérêt nettes semblent avoir atteint ou approché un plancher dans l’ensemble du groupe. »
Du côté positif, les banques s’attendent à une amélioration des revenus de commissions, les marchés financiers réagissant positivement à la conviction que le cycle des taux s’inversera au cours de l’année à venir.
Toutefois, au quatrième trimestre, les revenus autres que d’intérêts sont restés stables en moyenne.
« Les grandes banques d’affaires ont à nouveau enregistré des revenus de banque d’investissement en demi-teinte au cours du trimestre, clôturant une année exceptionnellement mauvaise pour ces activités », rapporte Fitch Ratings.
« Toutefois, la souscription de dettes a été un point positif modéré, les revenus ayant augmenté d’environ un tiers au total, tandis que la situation de la souscription d’actions et du conseil en fusions et acquisitions a été mitigée selon les entités », ajoute l’agence.
Dans les segments de la gestion de patrimoine et de la gestion d’actifs, les résultats des banques ont également été mitigés, selon Fitch Ratings.
Alors que JP Morgan et Goldman Sachs ont enregistré de fortes augmentations de revenus, pour beaucoup de leurs rivaux, ces revenus sont restés stables ou ont légèrement baissé, note l’agence.
« Cependant, les actifs des clients ou les actifs sous gestion ont augmenté de manière uniforme, reflétant les nouveaux apports nets et l’appréciation du marché », précise-t-elle.
Dans le même temps, les dépenses des banques ont été gonflées au quatrième trimestre, avec des charges ponctuelles importantes liées aux suppressions d’emplois et à la reconstitution du fonds d’assurance-dépôts du secteur, déclare Fitch Ratings.
« Pour l’ensemble de l’année, les dépenses ont augmenté de plus de 11 % en moyenne dans l’ensemble du groupe. Cependant, les banques sont confiantes quant à la stabilité des dépenses en 2024, soutenue par des réductions d’emplois dans l’ensemble du secteur », dit l’agence.
Les pressions croissantes sur le crédit dans les segments des prêts à la consommation et de l’immobilier de bureau ont également entraîné une augmentation des ratios d’impayés nets dans la plupart des banques. D’une année sur l’autre, le ratio médian d’impayés nets a augmenté de 24 points de base, selon Fitch Ratings.
Au cours de l’année à venir, les banques devraient être confrontées à des « niveaux gérables de détérioration » de leur qualité de crédit, « y compris une détérioration légèrement supérieure aux niveaux pré-pandémiques pour les cartes de crédit », précise l’agence.
« Il est important de noter que la capacité d’absorption des pertes des banques est restée historiquement forte, ce qui montre qu’elles sont prêtes à gérer un environnement macroéconomique et réglementaire incertain », assure Fitch Ratings.
L’agence s’attend à ce que les banques « continuent à préserver leur capital compte tenu de l’incertitude réglementaire dans l’attente de la finalisation des règles proposées en matière de capital ».