Malgré l’intérêt croissant que suscite la gestion passive depuis quelques années, il ne faut pas en conclure pour autant que la gestion active n’a plus sa place dans les portefeuilles des investisseurs. Même si certains affirment le contraire, tout indique non seulement que les stratégies de gestion active sont encore viables, mais aussi qu’elles sont essentielles pour obtenir des rendements ajustés en fonction du risque supérieurs à long terme.
Les détracteurs des stratégies de gestion active citent des rapports selon lesquels la plupart des gestionnaires actifs ne réussissent pas à battre les indices. Ces rapports ne tiennent toutefois pas compte du grand nombre de gestionnaires de fonds communs qui, tout en étant censés gérer activement, s’écartent en réalité très peu de leurs indices de référence. « La sous-performance moyenne des fonds communs tient en fait à ces indexeurs qui s’ignorent, soutient Daniel Nicholas, gestionnaire de portefeuille de client chez Harris Associates L.P. de Chicago. Selon de récentes études, près de 40 % des fonds d’actions canadiennes collent aux indices.
Les fonds à gestion réellement active peuvent dégager des rendements supérieurs, et ils le font. Ce qui compte, c’est de savoir comment établir si la gestion d’un fonds est réellement active et de reconnaître, parmi les fonds à gestion active, ceux qui permettent d’espérer des rendements supérieurs.
Portion active : la première étape critique
Un fonds à gestion réellement active a une importante portion active. Cette mesure exprime, en pourcentage, la portion d’un fonds qui diffère de son indice de référence. Par exemple, un fonds qui a une portion active de 83 % diffère de son indice de référence dans une proportion de 83 %, ce qui crée un fort potentiel de rendement supérieur.
Les fonds dont la portion active est inférieure à 60 % sont généralement considérés comme des fonds à gestion passive déguisés en fonds à gestion active.
La formule servant à calculer la portion active est très complexe. Si la société de gestion de fonds ne fournit pas ce paramètre, les conseillers peuvent comparer les placements d’un fonds à son indice de référence. Le résultat obtenu ne sera pas aussi précis qu’avec la formule, mais il est suffisamment proche sur le plan pratique.
Choisir des gagnants : Portion active et durée du fonds
Une importante portion active n’est pas, en soi, un gage de rendement supérieur, fait remarquer M. Nicholas. Selon des études récentes, pour dégager un tel rendement, un fonds à gestion active doit combiner :
- une importante portion active avec
- une longue durée
La durée du fonds donne une indication de la patience d’un gestionnaire à l’égard des placements du fonds. Ce paramètre est crucial, souligne M. Nicholas, car il faut parfois de trois à cinq ans pour permettre à des actions sous-évaluées de générer leur rendement optimal. Dans le cas de fonds à longue durée, les gestionnaires ont la patience de laisser ces actions dégager leur plein potentiel, contrairement à leurs opposants qui vendent leurs titres gagnants trop tôt.
À l’instar du calcul de la portion active, celui de la durée du fonds est très complexe. Par contre, d’autres options sont possibles, explique M. Nicholas. Ainsi, il existe deux approximations plus faciles à obtenir à partir des bases de données et des gestionnaires eux-mêmes : le taux de rotation fondé sur les placements du fonds et le taux de rotation déclaré par le fonds.
Il faut rechercher une portion active d’environ 90 % et un taux de rotation inférieur à 50 %. Selon M. Nicholas, il est contre-productif d’avoir de nombreux fonds à portion active importante dont les placements se chevauchent, car « la portion active moyenne s’en trouvera en fait réduite dans le portefeuille global ». De même, les conseillers doivent examiner attentivement les placements des fonds afin de réduire les redondances au minimum.
Une démarche à trois volets
S’inspirant des travaux de l’auteur Michael Mauboussin1, M. Nicholas propose trois autres critères pour réduire votre liste de gestionnaires de fonds à portion active importante et à longue durée.
Un gestionnaire de fonds doit avoir une solide (1) démarche analytique, (2) comportementale et (3) organisationnelle.
Les gestionnaires de portefeuille ayant une démarche analytique solide tendent à acheter des actions avec des marges de sécurité élevées, à construire des portefeuilles ciblés à partir d’idées porteuses dont ils sont sûrs, voire à évaluer les entreprises comme s’il s’agissait d’un investissement en capital.
Une démarche comportementale solide aide à éliminer les biais psychologiques et à donner aux gestionnaires de fonds la confiance nécessaire pour aller à contre-courant.
Une démarche organisationnelle solide favorise la conciliation des intérêts du gestionnaire de fonds avec ceux des investisseurs.
Gestion active et gestion passive : l’un n’exclut pas l’autre
Bien que les stratégies de gestion passive puissent certes avoir une place dans les portefeuilles de client, tous les types d’investisseurs et de tolérance au risque peuvent également profiter de mandats actifs choisis avec soin.
Pour en apprendre davantage sur la démarche novatrice de Natixis en matière de construction de portefeuille qui comprend la prise en compte de la portion active et de la durée du fonds, voir durableportfolios.com (en anglais seulement).
1Mauboussin, Michael. The Success Equation: Untangling Skill and Luck in Business, Sports, and Investing. Harvard Business Review Press, 2012, p. 168.