Le Québec devrait pour sa part connaître une performance économique semblable à celle de l’an dernier.
Une économie américaine plus forte, ainsi que la mise en oeuvre de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, devraient avoir des répercussions positives pour les exportateurs du Canada autres que d’énergie, estiment en effet les économistes de la Financière Banque Nationale qui prévoient une croissance de 1,9 % du PIB cette année, comparativement à 1,7 % en 2016.
Les politiques commerciales de la prochaine administration ne doivent toutefois pas être sous-estimées, préviennent-ils. « Mais vu le degré d’intégration des deux économies, et donc de l’importante perte d’efficacité qu’entraîneraient des barrières commerciales, nous tenons pour acquis que le bon sens l’emportera des deux côtés de la frontière afin de ne pas trop nuire aux flux commerciaux », font valoir les économistes Krishen Rangasamy et Marc Pinsonneault.
L’économie canadienne pourrait même s’avérer supérieure aux prévisions si les prix du pétrole montaient assez pour ranimer les dépenses d’investissement, surtout après l’approbation de deux pipelines par le gouvernement fédéral. Outre l’apport du secteur des exportations, les dépenses de l’État soutiendront aussi la demande intérieure et compenseront un ralentissement attendu de la croissance de la consommation et de l’immobilier résidentiel.
Les perspectives en matière de consommation et d’immobilier résidentiel, qui ont été propulsés ces dernières années par l’endettement, suscitent toutefois des points d’interrogation. « L’effet de richesse immobilière qui a soutenu les dépenses de consommation du Canada pendant des années est sur le point de s’estomper », indiquent Krishen Rangasamy et Marc Pinsonneault.
La Banque du Canada ne devrait donc pas abandonner de sitôt sa politique monétaire accommodante. Étant donné ses préoccupations au sujet des risques intérieurs, « elle préférera pécher par excès de précaution et retarder les hausses de taux d’intérêt à 2018, particulièrement vu que l’inflation reste faible et que le marché du travail peu impressionnant semble pencher plutôt du côté de l’emploi à temps partiel », précisent-ils.
Croissance de 1,4 % au Québec
Au Québec, la croissance prévue de 1,4 % serait légèrement inférieure à celle de 1,5 % estimée pour l’année 2016.
Cette croissance restreinte du PIB québécois est attribuable au fait que, depuis la mi-2013, le principal bassin de travailleurs, soit la population âgée de 15 à 64 ans, est en décroissance. Or, « ce phénomène n’est pas près de s’estomper. Si rien d’autre ne change, il faudra s’accommoder de taux de croissance de l’économie de plus en plus faibles », notent-ils.
Les économistes de la Financière Banque Nationale prévoient par ailleurs une reprise de l’investissement des entreprises et des exportations québécoises, ce qui devrait pallier une croissance moins vigoureuse des dépenses de consommations des ménages.
Aux États-Unis, la combinaison de réduction d’impôts et d’augmentation des dépenses devrait pousser la croissance du PIB américain au-delà de 2 % en 2017 et 2018. « Les mesures de stimulation budgétaires attendues doperont effectivement la croissance américaine », indiquent les deux économistes qui n’envisagent donc pas une croissance de 4 % du PIB telle que promise lors de la campagne électorale.
La Réserve fédérale pourrait décréter trois hausses de taux l’an prochain, « particulièrement si les statistiques à venir confirment une croissance de l’économie au-dessus de son potentiel », soulignent-ils, en précisant que, pour le moment, les marchés ne tiennent encore compte que de deux hausses l’an prochain.
Ailleurs dans le monde, la zone euro qui doit composer avec les incertitudes liées au Brexit et à de prochaines élections devrait connaître une croissance d’environ 1,5 % en 2017.
La Chine aura pour sa part des difficultés à atteindre l’objectif de croissance de 6,5 % de son dernier plan quinquennal. Aussi, il ne faut pas sous-estimer la menace d’une crise financière dans la deuxième économie du monde, préviennent Krishen Rangasamy et Marc Pinsonneault. « Les répercussions s’en feraient sentir dans le monde entier, particulièrement dans les pays qui ont des liens importants avec la Chine par la chaîne d’approvisionnement ».