Lumière sur les « coûts cachés » des FNB

« Les « coûts cachés » peuvent s’additionner dans certains cas et réduire passablement les avantages d’une stratégie qui vise à diminuer les coûts », affirme Yves Rebetez, président d’ETF Insight, à Toronto. « Ce sont des coûts dont il faut tenir compte si on veut optimiser une stratégie de FNB », ajoute-t-il.

Coût de la déviation

L’effet de déviation constitue le premier de ces « coûts cachés », souligne Dan Hallett, vice-président et directeur, gestion d’actifs, chez HighView Financial Group, à Toronto.

Selon lui, de nombreux fonds s’éloignent légèrement de leur indice de référence au fil du temps (c’est ce qu’on appelle la déviation).

« Dans la mesure où un fonds n’achète pas tous les titres de son indice de référence, il est plus exposé à la déviation. Et la déviation est plus importante pour les fonds qui couvrent des devises », précise Dan Hallett.

Cela fait en sorte que le coût d’achat du fonds peut être différent de la valeur nette de l’actif.

Dans certains fonds plus spécialisés et plus risqués, cette déviation peut produire des résultats déroutants.

Dans son étude intitulée Leveraged and Inverse Leveraged ETFs: A Detailed Analysis publiée en 2009, Dan Hallett a mesuré l’effet de déviation dans deux FNB. Ceux-ci reproduisaient l’indice S&P/TSX Global Gold. L’un des FNB avait un effet de levier à la hausse (bull), l’autre à la baisse (bear).

De juin 2007 à juin 2009, cet indice aurifère a progressé de 16,9 % et est passé de 269,82 à 315,48.

Durant cette période, l’investisseur aurait pu s’attendre à obtenir un rendement de 33,8 % avec le fonds de type bull, soit le double de l’indice de référence, et une perte de 33,8 % avec le fonds de type bear.

En réalité, à cause de l’effet de déviation, les deux FNB ont régressé : le fonds S&P/TSX Global Gold Bull Plus a reculé de 41,7 %, tandis que le S&P/TSX Global Gold Bear Plus a perdu 93,5 %.

Avantage gaspillé

La faible liquidité de certains FNB qui négocient des titres à faible volume peut entraîner ce que Dan Hallett appelle des « frais de transaction imbriqués ».

Cela tient en grande partie au délai de transaction que peut engendrer le faible volume de transactions, qui augmente l’écart entre le cours vendeur et le cours acheteur. De telle sorte que, là encore, le prix à la transaction ne reflète pas la valeur nette des actifs.

Le troisième coût tient aux commissions de transaction. Si le client ou son conseiller négocie trop souvent les parts de ses fonds, les commissions qu’il paie à chaque transaction réduisent l’avantage des frais peu élevés d’un FNB.

Dan Hallett met les investisseurs autonomes en garde à propos des commissions de transaction. Des recherches ont montré que la multiplication des transactions engendre une baisse des rendements d’environ 2 % par an. D’où l’importance d’avoir un conseiller pour les aider à ne pas multiplier les transactions.

« Même s’il en coûte moins cher de détenir des FNB que des fonds communs, je m’attends à ce que les investisseurs gaspillent cet avantage, tout comme le font de nombreux acheteurs d’actions », soutient Dan Hallett.

Seulement quelques épargnants disciplinés, ou qui reçoivent l’aide de leur conseiller pour être disciplinés, réussissent à préserver cet avantage, croit-il.

« Réussir avec les FNB demande plus de discipline qu’avec les fonds communs, car il est tellement plus facile et moins coûteux de les échanger, tout comme les actions. »

Des frais comparables

Les frais des fonds à large couverture qui reproduisent les indices vedettes sont minimes : ils oscillent entre 0,10 et 0,15 %.

L’industrie des FNB compare souvent ces frais à ceux de l’ensemble des fonds communs qui sont, en moyenne, nettement plus élevés.

L’industrie fait valoir l’avantage des FNB de la façon suivante : « Un grand nombre de fonds communs ne performent pas mieux que les principaux indices de référence. Alors pourquoi payer des frais plus élevés pour tout au plus reproduire le rendement des indices ? »

Dan Hallett rappelle qu’il faut comparer des oranges avec des oranges. En toute rigueur, un FNB qui reproduit l’indice S&P/TSX et dont les frais sont de 0,10 % équivaut à un fonds commun qui suit le même indice et dont les frais varient entre 0,35 et 0,50 %.

L’écart n’est pas très important. Et il diminue pour les FNB à gestion active. « Leurs frais de gestion en arrivent à être comparables à ceux des fonds communs sans frais d’acquisition et gérés activement eux aussi », affirme Dan Hallett.

« Donc, les coûts supplémentaires d’un FNB, même s’ils ne sont pas immenses, peuvent s’additionner et inciter un investisseur à préférer un fonds commun à un FNB », ajoute-t-il.

L’écart de coûts par rapport aux fonds communs est encore moins important pour les FNB qui offrent une commission de suivi au conseiller, afin de le payer pour les conseils qu’il offre. Le plus souvent, cette commission double les frais de gestion de base.

« Avec ces commissions, [un client] peut se retrouver avec des frais de près de 2 %, note Yves Rebetez. À ce moment-là, l’avantage de départ des FNB s’estompe beaucoup. »

Photo Bloomberg