L’homme de 42 ans a admis avoir usé de plusieurs stratagèmes, notamment en faisant une faillite personnelle frauduleuse pour près d’un million de dollars, entre 2005 et 2007.

En 2008, Finance et Investissement relevait justement de curieuses contradictions dans les témoignages offerts par Éric Asselin dans le cadre de ses délations dans l’affaire Norbourg.

Malgré ses garanties d’immunité pour son rôle dans Norbourg, Éric Asselin n’était pas au bout de ses peines. Il devait encore faire face au syndic RSM Richter, qui lui réclame 830 000 $ au nom des investisseurs de Norbourg. S’ajoutent l’Agence du Revenu du Canada, créancier à hauteur de 240 000 $, et Revenu Québec, qui réclamait 80 000 $ en arrérages d’impôts.

En échange de ses témoignages à l’Autorité des marchés financiers (AMF) et à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), en 2005, Éric Asselin a obtenu la garantie que les informations qu’il fournissait ne seraient pas utilisées contre lui. Ce qui n’engageait en rien le fisc.

Norbourg

Selon la requête en recouvrement de deniers déposée par RSM Richter le 10 octobre 2006, Éric Asselin a été impliqué activement dans le maquillage de la comptabilité et des états financiers du Groupe Norbourg, entre 2002 et 2005. Pendant cette période, il aurait reçu des « émoluments considérables » qui « avaient manifestement pour but d’acheter la loyauté d’Éric Asselin  », affirme le syndic dans cette requête.

D’où un autre interrogatoire d’Éric Asselin, cette fois mené conjointement par Revenu Canada et RSM Richter le 29 mai 2007, dont Finance et Investissement a obtenu copie. Le but de l’interrogatoire sert, entre autres, à découvrir ce qui est arrivé aux 830 000 $ réclamés par RSM Richter pour le compte des investisseurs de Norbourg. Cet interrogatoire a fait partie d’une série d’autres rencontres et interrogatoires menés par les différents créanciers qui tentaient ainsi d’obtenir des précisions sur l’utilisation par Éric Asselin de ses actifs.

L’interrogatoire d’Éric Asselin permet d’apprendre que le 25 août 2005, date à laquelle le scandale Norbourg a éclaté, il a vendu l’une de ses résidences, située à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, pour 271 000 $, somme déposée dans son compte bancaire. Puis, pendant tout le mois d’octobre suivant, l’avocate de Revenu Canada relève qu’il s’est affairé à vider ce compte des 320 000 $ qu’il contenait. Me Chantal Comtois constate ainsi que : « On voit le 25 août 2005 un dépôt de [271 704,55 $]. Et là, par la suite, tout au cours du mois d’octobre 2005, il y a une série de retraits comptant qui totalisent, […] j’ai calculé tous les retraits, là, ça totalise [320 000 $], à peu près. » Éric Asselin explique avoir « décidé de sortir l’argent du compte de banque et de le garder chez moi », peut-on lire dans la déposition.

Puis, en février 2006, il fait une seconde transaction, sur sa résidence de Beauport cette fois, révèle l’interrogatoire du 29 mai 2007. Selon ce document, la résidence a été payée comptant le 7 juin 2005 à l’aide de 330 000 $ donnés par Vincent Lacroix.

Le 15 février 2006, RSM Richter le convoque pour un interrogatoire portant sur la faillite de Norbourg. Le lendemain le 16 février, il grève la résidence d’une hypothèque de 250 000 $, qu’il retire le même jour. « Puis là, vous êtes parti avec [250 000 $] dans une valise, vous avez mis ça chez vous dans la maison ? », lui demande l’avocate de Revenu Canada. « Oui, oui, tout est chez nous », répond Éric Asselin.

« À partir du jour même où Norbourg s’est mis en faillite (en 2005), M. Asselin a mis tous ses actifs en argent comptant et je ne suis pas satisfait des réponses qu’il a données durant son interrogatoire au sujet de ce qu’il a fait de cet argent », confiait Gilles Robillard, de RSM Richter, au quotidien La Presse le 27 novembre 2007, pour expliquer pourquoi il avait voté contre la proposition concordataire d’Éric Asselin.

Les deux autres créanciers, Revenu Canada et Revenu Québec, ont également voté contre la proposition d’Asselin, ne lui laissant d’autre choix que de déclarer faillite.

C’est cette faillite qui vient d’être jugée frauduleuse.

Faillite

Il a également utilisé ses frères comme prête-noms dans différentes affaires. Éric Asselin, qui est sans antécédents judiciaires, a aussitôt écopé d’une peine de trois ans de pénitencier. Il s’agissait d’une suggestion commune des avocats.

Avant de prendre le chemin de la prison, il s’est adressé au tribunal pour s’excuser auprès de ses créanciers et de sa famille, qu’il dit avoir impliqués malgré lui dans cette affaire.

Sentant qu’une faillite de Norbourg était imminente, Éric Asselin avait amorcé des transactions douteuses en 2005, peu après avoir dénoncé la fraude orchestrée par Vincent Lacroix et ses accolytes.

Avec la Presse canadienne.