« Le fait d’investir dans des compagnies de son propre pays semble apporter un certain réconfort et de la sécurité à l’investisseur », estime Philippe Pratte, président, chef des investissement et gestionnaire de portefeuilles, chez Pratte Gestion de portefeuilles.
Le biais local n’est toutefois pas le propre des investisseurs canadiens, mais de tous les investisseurs dans le monde, indique Sophie Palmer, présidente de l’Association CFA Montréal.
Cette pratique fait d’ailleurs l’objet d’une analyse en finance comportementale, évoque-t-elle.
« Un des facteurs identifiés pour expliquer ce phénomène est une meilleure connaissance ou du moins la perception d’avoir une meilleure connaissance de l’environnement politique et économique du pays où l’on vit », résume Sophie Palmer.
La préférence généralisée pour le Canada, de même que le sentiment de sécurité que procurent aux investisseurs les placements canadiens ont respectivement été évoqués par 49 % et 36 % des répondants du sondage de BlackRock, mené auprès de 2 000 Canadiens pour expliquer pourquoi ils préfèrent investir au pays.
Une question d’accessibilité ?
Philippe Pratte est d’avis que l’accessibilité des actifs locaux contribue également à la plus grande exposition en investissements domestiques observée dans les portefeuilles des résidents canadiens.
Selon lui, les nouvelles émissions ou syndications auxquelles participent les maisons de courtage ou les banques, afin d’en faire la promotion auprès de leur client, sont en grande partie des émissions d’actions ou d’obligations canadiennes. « On voit régulièrement un investisseur, croyant avoir trouvé une opportunité, surpondérer son portefeuille d’une nouvelle émission vendue par son institution ».
De même, Philippe Pratte estime que plusieurs institutions financières reproduisent leurs différentes répartitions d’actif selon le modèle adopté par les grands fonds de pension canadiens, qui semblent « souvent privilégier une répartition plus prononcée en investissements canadiens du fait qu’ils contribuent grandement à l’économie canadienne et encouragent les nouvelles émissions du pays ».
Il faut dire que les investisseurs canadiens, dans une proportion de 22 %, considèrent les placements étrangers comme étant trop risqués, alors que 18 % des investisseurs n’ont jamais envisagé la diversification à l’échelle internationale, et que 27 % affirment qu’ils ne s’y connaissent tout simplement pas assez en matière de placements étrangers.
Toutefois, parmi les Canadiens ayant investi à l’étranger, le sondage BlackRock montre que « 44 % l’ont fait sous la recommandation d’un conseiller financier. »