Sa conclusion est sans équivoque. «La demande accrue de fonds internationaux par les investisseurs est là pour rester», dit Annamaria Testani.
Une récente étude d’Investor Economics confirme que le vent souffle avec vigueur du côté des fonds internationaux. Et qu’il a perdu beaucoup d’intensité du côté des fonds canadiens.
Le tableau «Fonds d’investissement» porte sur les ventes nettes de fonds d’investissement entre mai 2015 et mai 2016. Les fonds d’investissement incluent les fonds communs de placement (FCP), les fonds négociés en Bourse et les fonds distincts. Les chiffres de vente comprennent les fonds de marché monétaire.
La dernière colonne vaut mille mots. On constate que la demande d’obligations internationales et de fonds équilibrés internationaux a été explosive. À ce rythme de croissance, l’actif sous administration en fonds équilibrés internationaux dépassera celui des fonds équilibrés canadiens d’ici quelques années.
Par ailleurs, les ventes nettes des fonds d’actions canadiennes ont été négatives, alors que les fonds d’actions internationales ont été plutôt prisés. Cela fait en sorte que l’actif des fonds d’actions internationales est dorénavant supérieur à celui des fonds d’actions canadiennes.
Chiffres convaincants
Le tableau «FCP individuels» illustre que cette tendance est beaucoup plus accentuée dans l’univers des fonds communs individuels (ce qui exclut les fonds de fonds).
Rappelons que les fonds de fonds pèsent lourd dans la balance – l’actif sous administration représente le tiers des FCP ou 33,3 % en mai 2016 – et qu’ils sont principalement vendus en succursales bancaires.
Le tableau «FCP individuels» affiche la croissance des ventes nettes en FCP individuels à long terme (ce qui exclut les fonds de marché monétaire) entre mai 2015 et mai 2016. On constate que les obligations canadiennes et les fonds équilibrés canadiens ont carrément plongé en territoire négatif. On voit aussi que la popularité des obligations internationales a été beaucoup plus forte.
Risque accru
Mais va-t-on trop loin sur le chemin de la diversification ?
C’est ce que se demande Jean Morissette. L’ex-président de Services financiers Partenaires Cartier pour le Québec et ex-associé fondateur de Talvest s’inquiète d’une «prise de risque inappropriée» par les investisseurs.
«Les retraités et les futurs retraités ont besoin de revenus. Ils cherchent à diminuer les coûts, entre autres, avec les fonds négociés en Bourse. Ils cherchent aussi à avoir des rendements suffisants», remarque ce vétéran de l’industrie.
Or, ajoute-t-il, les gouvernements ont d’énormes déficits et les banques centrales maintiennent les taux d’intérêt à des niveaux extrêmement bas afin de financer cette dette d’État. «Il y a confiscation de richesse, car cela oblige les épargnants à miser dans des catégories plus risquées. Par exemple, des fonds de dividendes pourraient être touchés en cas de correction boursière. La dette corporative est maintenant achetée par Monsieur et Madame Tout-le-Monde, ce qui est excessif», dit-il.
Consultant auprès de firmes de gestion de patrimoine, Jean Morissette partage ses doutes à l’égard des fonds d’actions internationales. «A-t-on tous le profil de risque adéquat pour cette catégorie de fonds ?» se demande-t-il. Rappelons que les fonds internationaux exposent le client entre autres au risque de devise.
Certes, convient Jean Morissette, il faut diversifier, «mais tout en tenant compte du fait que Monsieur et Madame Tout-le-Monde n’ont pas le même profil de risque que l’investisseur aguerri».