Selon des chiffres d’Investors Economics, à la fin de l’année 2013, les actifs dans les fonds distincts s’élevaient à 101 G$, soit 10 % de plus qu’en 2012. Cette croissance des actifs serait toutefois principalement attribuable à des marchés favorables. En effet, Investors Economics souligne que la bonne tenue du marché a réussi à contrer l’effet négatif de la diminution des ventes dans les produits à garantie de retrait viager (GRV).
« Certaines catégories, comme les fonds équilibrés de revenus, les fonds d’actions internationales et américaines, ont très bien fait en 2013 et ont connu des ventes nettes positives, note Investors Economics dans la plus récente édition de l’Insurance Advisory Service Report. De plus, les ventes de produits non GRV étaient supérieures à celles de l’année précédente, ce qui indique un intérêt par rapport aux fonds distincts. »
Rappelons qu’en 2013, les fonds distincts ont connu des rachats de 1,17 G$ alors qu’en 2012, les ventes nettes se chiffraient à 1,23 G$, selon Investors Economics. Normand Morin, directeur général chez Excel Gestion privée, a aussi remarqué l’effet de la disparition des produits GRV sur les ventes globales : « Nous n’avons pas vu de rachats chez nous, mais le volume des ventes a certainement diminué à la suite de la fermeture ou des modifications faites aux caractéristiques et aux garanties des produits GRV. »
L’actif sous gestion dans les fonds communs de placement canadien est quant à lui passé de 986,4 G$ en 2012 à 999,2 G$ en 2013. Les ventes nettes de sont élevées à 41,9 G$ en 2013, contre des ventes nettes de 30,4 G$ durant la même période en 2012. Au 31 mai 2014, l’actif sous gestion dans les fonds communs de placement atteignait 1,08 mille milliards de dollars.
Le nombre de membres par discipline
Ce ne semble être qu’une minorité de conseillers en épargne collective qui ont abandonné leur permis de vente de fonds communs pour se consacrer entièrement à la vente de produits d’assurance et de fonds distincts. Selon les données sur le nombre de membres par discipline figurant dans le rapport annuel de la Chambre de la sécurité financière (CSF), on note une faible diminution du nombre de membres en épargne collective qui est passé de 23 193 à 23 089 entre 2008 et 2013.
Deux baisses consécutives ont été enregistrées en 2010 et 2011. En effet, le nombre de membres en épargne collective a diminué de 2,29 % entre 2009 à 2010 et de 1,45 % entre 2010 et 2011. En assurance, c’est le contraire et la CSF répertorie chaque année des hausses du nombre de permis en assurance entre 2010 et 2012.
Ces variations, quoi que faibles, seraient plutôt attribuables à une attrition post-crise financière, selon Sylvain De Champlain, président de De Champlain Groupe Financier.
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« En épargne collective, je dirais que, par expérience, certains conseillers ont quitté après la crise de 2008, indique celui qui fait aussi beaucoup de coaching auprès de conseillers. Il n’y a pas eu de diminution en assurance puisque les conseillers se sont mis à en vendre davantage afin de réussir à payer leurs comptes. Je l’ai vu et je continue de le voir parmi les conseillers que je guide, ils vendent plus d’assurance depuis 2009 et 2010. »
Par ailleurs, les chiffres de la CSF permettent également de constater que le nombre de conseillers possédant un seul permis est à la hausse depuis 2008 puisqu’il est passé de 67,94 % à 70,2 % en 2013. Le nombre de conseillers exerçant deux disciplines est relativement stable et est passé de 22,39 % en 2008 à 22 % en 2013, alors que les conseillers exerçant dans trois disciplines est quant à lui en baisse et est passé de 6,64 % en 2008 à 5,7 % en 2013.
« Ça me surprend puisque lorsque tu as travaillé fort pour aller chercher un permis, tu ne veux pas le perdre. Toutefois, en essayant de tout faire on devient un généraliste de tout et un spécialiste de rien. Par exemple, je cible moi-même les besoins en assurance de mes clients, mais je les réfère à quelqu’un d’autre dans mon cabinet pour ces questions. Cette tendance s’explique peut-être par la plus grande complexité des produits et la spécialisation des conseillers qui décident de se concentrer », note Sylvain De Champlain.
Actifs
Parmi les firmes sondées dans le cadre du Top 11 des cabinets multidisciplinaires, trois d’entre elles ont, en moyenne par conseiller, des actifs plus importants en fonds distincts qu’en fonds communs de placement. Ces firmes, soit Excel, Sun Life et Quadrus, appartiennent toutes les trois à la catégorie « Grands réseaux».
Selon des éditions précédentes du Top des cabinets multidisciplinaires, en 2008, la moyenne québécoise d’actifs par conseiller était de 2 M$ dans les fonds distincts et de 10,2 M$ dans les fonds communs de placement. Six ans plus tard, en 2014, cette moyenne était passée à 7,2 M$ pour les fonds distincts et à 13,6 M$ pour les fonds communs. Les fonds distincts semblent donc gagner du terrain en termes de proportion.
« Nous voyons certains conseillers dont l’actif diminue chez nous mais, lorsqu’on leur parle, ils nous disent que leur volume ne diminue pas, observe Maxime Gauthier, chef de la conformité et représentant en épargne collective chez Mérici Services financiers. Lentement mais sûrement, quand les échéances des frais arrivent, ils transfèrent leurs actifs. Lorsqu’ils font de nouvelles ventes, il y en a plus en fonds distincts qu’en fonds communs de placement. »
C’est toutefois, pour l’instant, loin d’être une tendance généralisée, selon Maxime Gauthier : « Ce ne sont pas tous les représentants qui agissent ainsi, c’est encore une minorité. Mais nous craignons que la tendance s’accélère.»
Avec l’arrivée de nouvelles règles comme celle de la divulgation de la rémunération, certains conseillers pourraient être tentés de changer leur fusil d’épaule et favorisent l’assurance par rapport au placement. Sylvain De Champlain estime que c’est là un choix que le conseiller doit faire lui-même, mais que le client n’en ressortira pas nécessairement gagnant.
« Je ne crois pas que ça fait que les fonds communs sont en péril. Quant à l’arrivée de règles comme 31-103 pour les fonds communs, à mon avis, on peut s’attendre à ce que le même type de lois soit éventuellement imposé dans les fonds distincts. Pas tout de suite, mais peut-être que dans quatre ou cinq and ce sera fait. Tôt ou tard, nous en arriverons là. »