Les hausses en pourcentage de l’ASG, au détail, sont d’ailleurs les plus importantes pour des sociétés ayant moins de 15 fonds, dont Lysander Funds, Mawer Investment Management et Gestion de Patrimoine Edgepoint.
Cette dernière firme, créée en 2008 par d’anciens gestionnaires ou dirigeants de Trimark, offre seulement quatre portefeuilles. Cependant, en trois ans, leur ASG a connu une progression de 254,8 % et atteint maintenant 11 G$.
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Leur stratégie : une offre simplifiée de fonds qui doivent se maintenir dans le premier quartile de leur catégorie sur une longue période. Et ils réussissent. Ces fonds se classent bel et bien dans le premier quartile sur une période de cinq ans, comme le montre le tableau.
D’ailleurs, si on examine les sociétés qui se qualifient dans le premier quartile de leur catégorie sur cinq ans, on constate que les petites sociétés indépendantes se démarquent.
Des firmes comme Mawer Investment Management et Beutel, Goodman & Company, par exemple, qui se concentrent majoritairement dans le marché monétaire institutionnel, sont parvenues à maintenir 75 % de leurs produits dans le premier quartile.
«Mawer a été vraiment constant à fournir les résultats escomptés pendant plusieurs années, alors ce n’est pas surprenant», explique Dan Hallett.
Cette société, qui distribue directement au public, a également des frais de gestion généralement plus bas que les autres fonds, ajoute Christian Charest, rédacteur chez Morningstar : «Nos analystes donnent des cotes subjectives très élevées à chacun de leurs fonds».
Par ailleurs, les performances de Gestion d’actifs Manuvie peuvent s’expliquer en partie par le fait qu’il distribue des fonds Mawer, renommés sous la bannière de Manuvie, selon lui. Mawer agit comme sous-conseiller pour 17 fonds de la société.
À l’opposé, le Groupe Investors, qui compte l’une des plus importantes gammes de produits au pays, soit 795 FCP, n’a que 26 fonds situés dans le premier quartile sur une période de cinq ans, soit une proportion de 3,3 %, la plus faible de notre sélection de firmes.
L’autre géant, Fidelity Investment Canada, réussit, pour sa part, à maintenir une qualité de produits et une offre variée, ce qui lui permet d’accroître son ASG de manière importante année après année pour atteindre 99,3 G$ en 2016, une augmentation de 14,1 % en un an, d’après les données recueillies par notre chercheur (lire «Sous le capot de la machine Fidelity», en page 22).
Les analystes du secteur attribuent également les bons résultats de certaines sociétés de FCP à une tendance de fond dans l’industrie, soit le transfert d’actif vers des fonds ayant des séries F à honoraires, ou n’offrant pas de commissions de suivi.
«Les frais sont très élevés, les rendements sont moyens et ce mode de distribution est en déclin. Nous le remarquons pour des sociétés de fonds comme Placements CI, Bridgehouse, AGF et Invesco», explique Christian Charest.
Ces comportements des conseillers et de certaines sociétés se répercutent sur les résultats qu’obtiennent actuellement les sociétés de fonds.
«Ce n’est pas nécessairement lié aux fonds de ces firmes-là, donc pas nécessairement à leur performance […] c’est davantage lié à une tendance, un changement au niveau de la composition des portefeuilles, ajoute-t-il. Au lieu de faire affaire avec un conseiller qui va être payé à commission, beaucoup de gens changent leur mode d’épargne, ils vont soit vers un courtier à escompte ou vers un conseiller rémunéré par honoraires.»
Rouleau compresseur bancaire
Les années se suivent et se ressemblent, et les institutions financières augmentent toujours leurs ASG, ainsi que leurs parts de marché (lire «La distribution plus concentrée que jamais», en page 23).
«Ils tirent profit de leur réseau de distribution interne, mais également de leur réseau externe, offrant des services aux conseillers. Ils se servent maintenant de tous les réseaux disponibles, ce qui n’était pas le cas il y a 15 ans», soutient Dan Hallett.
C’est au tournant des années 2000 que les banques canadiennes ont décidé de développer leur réseau de distribution externe, offrant une vaste gamme de services aux conseillers et aux gestionnaires de portefeuille, d’après lui.
Leurs variations d’ASG sont généralement positives sur cinq ans, tel qu’en témoignent les augmentations de BMO Fonds d’investissement (37,8 %), Gestion de placements TD (62,7 %) ainsi que du plus important acteur du secteur en terme d’actif géré, RBC Gestion mondiale d’actifs (40,3 %).
«Dans la grande majorité des cas, c’est par le réseau de distribution des succursales qu’ils obtiennent la majorité de leur actif, dit Christian Charest. Ce ne sont jamais les meilleurs, jamais les pires non plus. Ça m’étonnerait beaucoup qu’on voie des baisses d’actif dans les sociétés bancaires au cours des prochaines années.»
Industrie en transformation
«Si le marché des fonds communs est en transition, c’est principalement en raison des changements en matière de réglementation. Et ce n’est pas terminé», soutient le rédacteur chez Morningstar.
Suivant ces possibles modifications sur le plan de la réglementation, du mouvement est à prévoir dans les sociétés au cours des prochaines années, selon les analystes.
«C’est pratiquement certain qu’il y aura d’autres activités, comme des acquisitions. Il est très difficile de déterminer quelles sociétés pourraient être touchées, explique Dan Hallett. Par exemple, ça fait plus de 10 ans qu’on entend dire dans l’industrie qu’AGF pourrait être achetée ou encore être acheteur.» (Lire «Signes de vitalité retrouvée chez AGF», en page 26)
Les acquisitions font d’ailleurs partie de la stratégie de certaines sociétés de FCP, qui s’en servent pour croître plus rapidement.
«Si on prend l’exemple de Fiera, je suis certain que la hausse de 79 % de son actif [dans les trois dernières années] s’explique en bonne partie par les acquisitions», ajoute le vice-président de HighView Financial Group.