La bonne nouvelle, c’est que les rachats nets diminuent enfin chez AGF. Plus tôt cette année, Blake Goldring a été encouragé par «la meilleure période de REER depuis 2009», et il prévoit que l’hémorragie pourrait être enrayée dès la fin de cette année ou le début de l’année prochaine. Pendant le premier trimestre de la firme qui s’est terminé le 29 février 2016, les rachats nets ont été inférieurs de 37 % à ceux du premier trimestre de l’année précédente. L’amélioration est remarquable, étant donné l’effritement des marchés boursiers mondiaux et les difficultés de toute l’industrie des fonds, qui a souffert elle-même d’une augmentation de presque 19 % des rachats. La remontée d’AGF s’appuie sur les progrès accomplis au cours de l’exercice financier précédent, qui s’est terminé le 30 novembre 2015, alors que les rachats nets diminuaient de 38 %.
«Oui, nous subissons encore des rachats, mais ils atteignent leur point le plus bas, et les ventes nous servent de levier», remarque Blake Goldring.
L’actif sous gestion générant des revenus reste bien au dessous du point culminant d’AGF, soit 56 G$, atteint en 2007 ; l’actif sous gestion est descendu de 6,4 % sur une base annualisée jusqu’à 33,7 G$ en date du 31 mai 2016. AGF a rapporté que sa division de détail avait le plus souffert, alors que son actif sous gestion diminuait de 10 % et atteignait 17,6 G$. Les fonds d’actions internationales et américaines représentent l’essentiel des actifs de détail d’AGF. L’actif sous gestion des institutions et des investisseurs fortunés d’AGF, y compris les fonds de placement privés prometteurs qui investissent dans les actifs dits «alternatifs», ont baissé de seulement 4 % et ont atteint 15,6 G$.
Blake Goldring, 57 ans (fils de Warren Goldring qui a fondé AGF en 1957) est fortement motivé à sortir AGF du bourbier. La famille Goldring détient 80 % des actions à droit de vote de catégorie A d’AGF, ce qui lui donne le contrôle de l’entreprise. La vision de Blake Goldring est de placer AGF sur une trajectoire à long terme afin de répondre aux besoins en pleine évolution des investisseurs – depuis les milléniaux férus de technologie qui commencent leur carrière et les baby-boomers qui entament leurs années de retraite jusqu’aux gigantesques régimes de retraite mondiaux.
«Nous avons traversé une période difficile», admet Blake Goldring, qui s’est joint à l’entreprise en 1987, puis a peu à peu gravi les échelons jusqu’aux postes de président, de chef de la direciton et finalement de président du conseil en 2006. «La performance a été dure à atteindre et les ventes de détail ont souffert ces dernières années, mais les choses se sont énormément stabilisées. Nous constatons de fortes améliorations dans plusieurs de nos secteurs d’activité, et la motivation est palpable.»
AGF a montré des signes de vitalité retrouvée au deuxième trimestre financier (Q2) qui a pris fin le 31 mai. Un récent rapport de Paul Holden, analyste chez Marchés mondiaux CIBC, de Toronto, publié avant la divulgation officielle des résultats du Q2 d’AGF, le 29 juin, estime que l’actif sous gestion total d’AGF pendant le deuxième trimestre a augmenté de 6 %, ce qui dépasse ses prévisions antérieures de 1 % à un rythme qui bat celui de ses principaux concurrents, tels que IGM Financial, de Winnipeg. Selon le rapport de Paul Holden, le taux des rachats d’AGF au deuxième trimestre s’est réduit d’environ la moitié par rapport à celui de l’année précédente. Le rapport a fait passer AGF de «valeur sous-performante dans le secteur» à «performante».
La remontée d’AGF est liée à la piètre performance des placements. Les stratégies utilisées pour retrouver la vitalité incluaient des changements au sein des équipes de gestion des fonds, des consolidations des gammes de produits et des réductions des frais pour abaisser la barre que les gestionnaires de portefeuille doivent franchir afin d’atteindre des rendements qui battent le marché. AGF a récemment réduit les frais de 10 à 60 points de base de 23 fonds, y compris ceux de certaines des offres les plus importantes et les plus populaires de la firme. (Auparavant, AGF avait des frais supérieurs à la moyenne sur certains produits, ce qui entravait les efforts des gestionnaires de portefeuilles actifs pour battre le marché.)
Blake Goldring fait des améliorations de façon stratégique et avec méthode. Il y a deux ans, il a nommé Kevin McCreadie au poste clé de président et chef des placements de Placements AGF. Ce dernier possède 30 ans d’expérience dans les services financiers américains, dont la gestion de placement.
«Kevin McCreadie a eu beaucoup de latitude, et il a une véritable influence sur la direction de l’entreprise», dit Chris Davis, directeur de la recherche chez Morningstar Canada, à Toronto. «Il a une approche pragmatique et il peut se permettre de jouer le mauvais policier par rapport à Blake Goldring qui joue le bon. [Kevin McCreadie] a passé du temps à mieux connaître les gestionnaires de portefeuille, et il y a eu un certain roulement [parmi eux]. Il est peut être celui qui remet le train sur les rails, mais le processus prendra du temps.»
AGF vise à ce que 50 % de son actif de détail sous gestion performe au-dessus de la médiane sur une base annuelle, et 60 % au-dessus de la médiane pour les rendements moyens sur trois ans. Selon le rapport de Paul Holden, 56 % de l’actif de détail sous gestion d’AGF est au-dessus de la médiane au deuxième trimestre pour la période d’un an, et 54 % l’est pour la période de trois ans.
AGF s’est concentrée sur l’introduction de nouveaux produits qui répondent aux besoins des clients en matière de revenu, de réduction d’impôts et de faible volatilité. La croissance vigoureuse des fonds négociés en Bourse (FNB) initiée par des firmes concurrentes n’est pas passée inaperçue chez AGF. AGF a lancé récemment des FNB à l’intention des investisseurs canadiens, qui viendront compléter la famille de fonds communs traditionnels de la firme. Les FNB attirent les conseillers qui passent au modèle de rémunération à base d’honoraires et qui recherchent des instruments de placement à faible coût.
«On a besoin de la bonne combinaison de produits et d’être réactif face au marché, et cela signifie que l’on offre à la fois des fonds communs et des FNB au détail», dit Blake Goldring.
Plutôt que de lancer des FNB qui reproduisent les indices de l’ensemble du marché boursier, il est probable qu’AGF ciblera des créneaux de marché tels que la faible volatilité et d’autres stratégies défensives, ajoute-t-il. Soulignant l’incursion d’AGF dans le domaine en novembre 2015, la firme a acquis une participation majoritaire dans la société FFCM, de Boston, spécialisée dans les FNB, qui offre des stratégies alternatives et à bêta intelligent ainsi que des portefeuilles de FNB.
Blake Goldring anticipe également de tirer parti de l’expertise de Highstreet Asset Management, de London, en Ontario, pour développer des produits qui répondent à la demande générale. Highstreet, une firme de conseil en placement et gestionnaire d’actif, fait partie de l’empire d’AGF et se spécialise dans les processus quantitatifs conçus pour surperformer à long terme tout en protégeant le capital dans les marchés baissiers.
«La créativité de FFCM dans le développement de produits, combinée à l’expertise quantitative de Highstreet, nous permet de créer des produits intéressants pour le marché canadien, affirme Blake Goldring. Il reste à en déterminer la structure exacte et l’échéance.»
Depuis le départ l’an dernier de Gordon Forrester, ancien chef du détail et vice-président principal, produits et marketing, un poste qui n’a pas été comblé depuis, Blake Goldring a joué un rôle plus actif dans les ventes et l’établissement de relations.
«Je passe davantage de temps à parler aux clients, je les rencontre régulièrement et nous échangeons, remarque Blake Goldring. Et j’apprécie particulièrement les rapports que j’ai avec les clients.»