Dans une analyse intitulée «2016 Insight Annual Review», Investor Economics affirme que le débit du robinet des entrées nettes de fonds diminue à cause du vieillissement de la population. L’actif devrait croître à un rythme annualisé de 7,3 % de 2015 à 2024, pour atteindre 2 432 G$ cette année-là.
En 2024, l’actif total en FCP s’élèvera à 1 978 G$, l’actif en FNB, à 266 G$, et l’actif en fonds distincts, à 188 G$, prédit Investor Economics.
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D’ici 2025, environ 3,8 millions de ménages de 65 ans et plus procéderont au décaissement lent, mais régulier, de leurs économies. Selon les projections d’Investor Economics, cela provoquera des retraits de 214 G$ à 357 G$ au cours de la prochaine décennie. Ces clients de 65 ans et plus, qui correspondent actuellement au quart des ménages qui achètent des FCP, en représenteront un tiers en 2025.
Baisse des coûts onéreuse
Les grandes transformations du paysage des FCP ne s’arrêtent pas là. Le modèle d’affaires des manufacturiers et distributeurs de fonds change à la vitesse grand V.
Entre janvier 2014 et janvier 2016, pas moins de 17 manufacturiers ont baissé les coûts de centaines de fonds en diminuant les frais de gestion, les frais d’administration et les commissions de suivi. Ces baisses touchent trois segments de marché : les séries qui s’adressent aux clientèles fortunées ; les séries D pour les investisseurs autonomes ; et les séries F des conseillers sur honoraires (fee-based).
Or, l’impact global de ces baisses de coûts est significatif.
Selon Investor Economics, en 2006, les fonds dits «à bas coûts» (séries des clientèles fortunées, séries D et séries F) constituaient 10,8 % de l’actif total. À la fin de 2015, ce pourcentage avait grimpé à 24,2 %. Cette tendance est toujours à l’oeuvre et elle ne peut que se poursuivre à court et moyen terme, comme le savent les lecteurs du site Web de Finance et Investissement qui signale régulièrement de telles baisses de coûts.
Aux yeux de Jean Morissette, consultant et ancien président de Services financiers Partenaires Cartier pour le Québec, «l’industrie des fonds communs est au milieu d’une tempête parfaite».
Forts vents contraires
Cette tempête, explique Jean Morissette, est causée par le vieillissement de la clientèle, l’intervention croissante des autorités de réglementation, notamment par le Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2), l’implantation de technologies innovantes et le phénomène persistant de la volatilité boursière. «Voilà ce qui cause la baisse des coûts et une forte pression sur les profits des manufacturiers et des distributeurs», dit-il.
Investor Economics présente les Fonds négociés sur plateforme (PTF) d’Invesco Canada comme un exemple de technologie qui fait baisser les coûts. Lancée en octobre 2015, cette plateforme s’adresse aux conseillers payés sur honoraires. Selon le vice-président et directeur régional des ventes d’Invesco Canada, Alain Huard, la plateforme de négociations de titres PTF vise à produire une gestion active à un prix institutionnel. «Cette nouvelle façon d’acheter des fonds communs réduit les frais de gestion de 35 à 40 %. De plus, elle facilite beaucoup la gestion discrétionnaire», dit Alain Huard.
De 2005 à 2015, l’actif des fonds négociés en Bourse (FNB) s’est accru de 7,3 fois. Une statistique encore plus précise d’Investor Economics vaut mille mots : en 2015, les FNB ont représenté le quart des entrées nettes de l’industrie canadienne des FCP. Or, les FNB ne correspondent qu’à 6,8 % de l’actif de l’industrie des FCP !
Par ailleurs, l’actif des fonds de fonds a, quant à lui, augmenté de 4,3 fois entre 2005 et 2015. Et pendant ce temps, l’actif des fonds communs individuels n’a augmenté que de 2,3 fois.
«Beaucoup de consommateurs sont prêts à céder du rendement en échange d’une meilleure gestion du risque. Les FNB tendent à reproduire des indices et à diminuer le risque. Les fonds de fonds réduisent également le risque en élargissant l’exposition des investisseurs à une pluralité de styles, de catégories et de gestionnaires», dit Jean Morissette.
Selon ce dernier, «les fonds de fonds s’adressent principalement aux petits comptes. Les comptes gérés, ou personnalisés, sont destinés aux clients d’un quart de million à un million de dollars. Et au-delà d’un million, on parle de gestion privée. Je suis d’avis que la gestion active se trouve de plus en plus dans les comptes gérés et en gestion privée», dit-il.
C’est également l’opinion de Dominic Paquette, planificateur financier et président fondateur de Partenaire-Conseils Groupe financier.
«Les conseillers qui ont des clientèles d’affaires et bien nanties doivent absolument éviter la dilution que représentent les fonds de fonds. Ma recette ne comprend pas de fonds de fonds», dit Dominic Paquette.
D’après les chiffres d’Investor Economics, la gestion discrétionnaire est la reine de la croissance dans l’univers des FCP et des FNB. Entre 2005 et 2015, la croissance annuelle de l’actif géré a atteint 26,6 % en gestion discrétionnaire. Par contre, chez les conseillers de plein exercice, ce taux de croissance était de 3,4 %. Chez les conseillers indépendants, il n’atteignait que 0,4 %.