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Comprendre les FNB dans leurs moindres rouages

GUIDE FNB 2018 – Un conseiller doit bien examiner la structure et les attributs d’un fonds avant de l’offrir.

  • Par : Sophie Stival
  • Source : Finance et Investissement
  • 27 avril 2018 11 novembre 2019
  • 00:06
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Construire un portefeuille de FNB robuste nécessite une certaine expertise et de la rigueur. Le vaste choix de catégories d’actifs et de stratégies pose aujourd’hui le problème de la complexité. Au-delà des coûts et de la performance, on doit comprendre la méthodologie d’investissement sous-jacente au fonds et considérer lors de la sélection du FNB des critères tels que la liquidité, l’efficience fiscale et la couverture de devises.

La plupart des firmes de courtage proposent des portefeuilles modèles de FNB qui vont correspondre à une répartition d’actifs en actions et en revenu fixe. On sélectionne d’abord des FNB qui vont constituer le portefeuille de base (core portfolio). Souvent, il s’agit ici d’investissements globaux passifs, peu coûteux et dans toutes les grandes catégories d’actifs. Ensuite, selon le niveau de sophistication du client, on peut enrichir le portefeuille d’un volet plus stratégique en incluant des placements satellites. Le conseiller pourrait alors miser sur des FNB gérés activement ou de type factoriel, qu’on appelle également bêta stratégique. Voici des éléments à considérer avant de choisir un FNB.

L’importance des coûts

Étant donné leurs effets sur le rendement net à long terme du client, les coûts des FNB sont un critère de première importance. Il est tout aussi important de les garder sous contrôle. D’abord, on tient compte des frais à l’achat ou à la vente du FNB qui peuvent se traduire par une commission en pourcentage ou en dollars du montant investi. Si le compte du client est à honoraires, les frais annuels de conseils sont récurrents. Dans un compte transactionnel, la longueur de la période de détention du FNB aura un impact sur l’amortissement des commissions à l’achat et à la vente.

Ensuite, un conseiller doit considérer le ratio de frais de gestion (RFG). Ce ratio comprend les frais payés au gestionnaire du fonds. Le RFG est payé à même l’actif du FNB, ce qui réduit directement le rendement.

On examine aussi les frais de transactions liés à la gestion quotidienne du FNB, soit le ratio des frais d’opération. Il peut s’agir de frais de courtage et de frais liés à la rotation des actifs dans le portefeuille, par exemple. Dans le cas de FNB gérés passivement, ce coût est presque nul, mais il peut facilement dépasser la dizaine de points de base en gestion active.

Autres frais parfois oubliés au moment de négocier le FNB : le coût de l’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur. «Ce coût, pour acquérir ou liquider une position, peut être significatif. Il fournit également des informations essentielles sur la liquidité des actifs sous-jacents au FNB», souligne Daniel Straus, vice-président et chef de la recherche et de la stratégie sur les FNB à la Financière Banque Nationale. Plus la liquidité des actifs sous-jacents est bonne, plus cet écart sera faible et inversement (Lire Ayez à l’oeil les autres coûts, pages 8, 10 et 11 de la présente édition pour davantage de détails).

Les niveaux de liquidité

La notion de coût est intimement liée à la liquidité du titre négocié. Dans le cas des FNB, il existe deux grands niveaux de liquidité. Il y a d’abord celle liée aux volumes quotidiens qui se négocient sur un FNB en particulier. «Plus les actifs sous gestion sont importants, et si le FNB est bien établi, plus le nombre de parts échangées entre les acheteurs et les vendeurs risque d’être important», indique Yves Rebetez, directeur général de la firme ETF Insight. Le fonds XIU en est un bon exemple. Lancé en 1999, il est composé des 60 titres les plus importants et les plus liquides de l’indice S&P/TSX. Son actif sous gestion dépasse les 10 G$, avec plus de 450 millions de parts en circulation.

«Mais la liquidité globale d’un FNB a peu à voir avec le nombre de parts en circulation ou avec son actif sous gestion. Même un fonds qui viendrait d’être lancé pourrait avoir une excellente liquidité si les actions qui le composent ont une capitalisation boursière importante», ajoute-t-il. C’est ce qu’on appelle le deuxième niveau de liquidité des FNB, soit la liquidité intrinsèque du FNB. La qualité de la liquidité des titres individuels sous-jacents au FNB joue donc un rôle primordial. Un FNB qui investit dans des titres de pays émergents ou de plus petites capitalisations a par conséquent une liquidité intrinsèque plus faible.

Rappelons enfin que les mainteneurs de marché peuvent favoriser la liquidité du marché des FNB en appariant les offres d’achat et de vente. Les courtiers désignés et les mainteneurs de marché ont aussi la possibilité de racheter ou de créer de nouvelles parts afin de rectifier les déséquilibres entre l’offre et la demande.

Une méthodologie d’investissement à examiner

Bien des investisseurs tentent de profiter d’anomalies ou de facteurs qui vont générer un rendement ajusté au risque intéressant. Les FNB factoriels misent sur différentes stratégies comme les titres ayant une faible volatilité, l’effet des titres à petite capitalisation, les titres de type valeur, etc.

Selon Daniel Straus, dès qu’un investisseur s’éloigne d’une gestion indicielle basée sur la capitalisation boursière, il importe de pousser la réflexion un peu plus loin. Avant de sélectionner un FNB, le conseiller doit se demander :

La stratégie active ou factorielle répond-elle à une logique économique rigoureuse ? Il pourrait être sensé d’opter pour un FNB à faible volatilité si on croit que la fin du cycle économique est proche et que les marchés boursiers sont chers.

Cette stratégie respecte-t-elle le profil de risque du client ? Un client qui a une grande aversion au risque ne voudra pas nécessairement diverger du rendement du marché ou encore, intégrer une stratégie axée sur la valeur qui peut potentiellement incorporer le risque de détresse financière des sociétés.

Le FNB permet-il de réaliser la stratégie d’investissement souhaitée ? En choisissant explicitement de réduire le risque du portefeuille en optant pour une stratégie de faible volatilité, on peut s’exposer à d’autres types de risques, comme celui d’être concentré dans certains secteurs, comme des secteurs sensibles aux variations de taux d’intérêt. Il faut évaluer l’efficacité de la stratégie dans un marché haussier ou baissier.

Le FNB diverge-t-il suffisamment d’un FNB à faible coût et reproduisant un indice global ? On ne veut pas payer trop pour une stratégie qui se colle au marché alors qu’on peut se procurer le Vanguard Total Stock market ETF (VTI), dont le RFG est de 0,04 % et ainsi détenir quelque 4 000 titres américains.

Le FNB est-il suffisamment liquide et facile à négocier ? Certains FNB sont très concentrés, soit par secteur soit dans un seul pays émergent, et peuvent contenir peu de titres.

L’efficacité fiscale à valider

Il y a peu de différences entre les règles d’imposition applicables à la plupart des FNB et des fonds communs de placement, d’après Matthew Eider, de Morningstar Canada. En effet, la majorité d’entre eux sont constitués en fiducies et ont les mêmes règles fiscales.

Lorsqu’un client détient une part de FNB dans un compte non enregistré, la fiducie lui remet un feuillet T3 afin que ce dernier puisse inclure les distributions à sa déclaration de revenus. Ces distributions peuvent se faire sous forme de dividendes, d’intérêt ou de gains en capital. Le client déclare alors un revenu imposable, même si dans les faits, il n’a pas reçu cet argent.

«Il est généralement recommandé à un investisseur de reporter l’achat d’un fonds qui s’apprête à faire une distribution importante. En effet, le jour de la distribution, la valeur de l’unité de la [fiducie] baissera du même montant que la distribution. Cependant, une distribution est pleinement imposable dans les mains de l’investisseur, et ce, peu importe le moment où il a acheté ses unités», lit-on dans une présentation récente de Francys Brown, associé en fiscalité chez Demers Beaulne, et de Justin Cormier, fiscaliste au cabinet SAFJ, présentée à l’Association de planification fiscale et financière.

Lorsqu’un client dispose de ses parts, il réalise généralement un gain ou une perte en capital. Pour calculer le gain en capital, on soustrait du prix de vente le coût d’acquisition des unités. Les frais de ce rachat peuvent venir réduire le gain en capital.

Le client peut réinvestir automatiquement les distributions de revenu qu’il reçoit en achetant de nouvelles unités de FNB ou de FCP. Dans ce cas, le coût d’acquisition (ou prix de base rajusté – PBR) des nouvelles unités correspond à la valeur marchande au moment de la distribution. Le client devra tenir compte du coût des unités additionnelles reçues dans le calcul PBR des unités initialement acquises afin d’établir le gain en capital réalisé.

Puisque les FNB vont générer du rendement sous forme de dividendes, d’intérêt et de gain (perte) en capital à la vente du titre, il faut bien en évaluer les conséquences fiscales. Et celles-ci seront très variables d’un client à l’autre. «Il est avisé de consulter un comptable ou un fiscaliste afin d’avoir l’heure juste quant à la situation personnelle [d’un client]», remarque Daniel Straus.

Un FNB indiciel traditionnel qui reproduit un indice pondéré en fonction de sa capitalisation boursière a peu de chance de réaliser un gain en capital et d’en faire une distribution correspondante. Ce fonds sera tributaire d’un changement dans la composition de l’indice de référence. «Puisque les stratégies sont généralement passives, les FNB effectuent moins de transactions passibles d’engendrer des montants imposables», remarque Yves Rebetez.

Qu’en est-il de l’imposition sur les revenus de titres internationaux ? En effet, plusieurs pays vont retenir des impôts à la source sur les investissements effectués par des étrangers. Par exemple, aux États-Unis, les dividendes versés à un Canadien sont sujets à un impôt de 15 % retenu à la source par le fisc américain. Dès qu’on diversifie son portefeuille de FNB à l’international, on doit comprendre les impacts fiscaux du fait de les détenir dans un compte enregistré ou taxable.

Ainsi, les impôts étrangers retenus à la source ne s’appliqueront pas dans le REER dans le cas d’un FNB coté à la Bourse américaine (US-listed). La Convention fiscale signée entre le Canada et les États-Unis accorde notamment une exemption d’impôt aux États-Unis pour les placements détenus dans un REER ou un FERR.

«L’avantage fiscal dans le REER des FNB américains doit être soupesé par rapport aux coûts potentiels de la conversion des dollars canadiens en dollars américains. Dans le cas des comptes taxables de particuliers, bien qu’il y ait une retenue fiscale, il est souvent possible de la récupérer en réclamant le crédit fédéral pour impôt étranger dans sa déclaration de revenus», soulignent Justin Bender et Dan Bortolotti, respectivement gestionnaire de portefeuille et gestionnaire de portefeuille associé chez PWL Capital.

Quant au CELI et au REEE, les deux experts recommandent d’acheter des FNB cotés sur une Bourse canadienne lorsqu’il est question d’actions étrangères. Les FNB cotés aux États-Unis n’offrent aucun avantage fiscal dans ces deux cas particuliers et sont aussi beaucoup moins fiscalement efficaces, disent-ils.

Comprendre la structure du FNB

Le marché canadien comptait 583 FNB au 28 février dernier, dont certains suivent les mêmes indices de référence. Comment choisir ? Il faut bien comprendre comment est structuré le FNB. «Certains vont percevoir le rendement total de l’indice en ayant recours à des swaps. D’autres manufacturiers vont simplement acquérir tous les titres de l’indice. On doit évaluer les avantages et les risques de chacune de ces options», explique Daniel Straus.

Alors que le produit dérivé comporte un risque de crédit lié à la contrepartie, cette réplication synthétique d’un indice peut présenter des avantages fiscaux. Les frais de transaction peuvent aussi être plus élevés lorsqu’on acquiert les titres physiques. «Le choix dépendra aussi du niveau de compréhension du conseiller. Est-il à l’aise avec les produits dérivés ?» ajoute-t-il.

Et qu’en est-il des FNB avec effet de levier ou rendement inverse ? Ces fonds visent à générer un rendement quotidien qui est un multiple de celui de l’indice qu’ils reproduisent. Ils intègrent souvent des contrats à terme, en plus d’ajouter des capitaux empruntés (effet de levier). Rééquilibrés tous les jours, ces FNB sont faits pour être négociés sur une base quotidienne. Leur structure synthétique les rend également plus risqués, ce qui pourrait ne pas convenir aux investisseurs à long terme. L’Autorité des marchés financiers fait également une mise en garde sur son site : conserver pendant longtemps des FNB à effet de levier peut être très risqué. Ce type de FNB convient davantage aux investisseurs avertis.

Diversification et produits de niche

Les FNB permettent de s’exposer à toutes les catégories d’actifs. Certains reproduisent des indices contenant des milliers de titres, alors que d’autres sont très concentrés dans certains secteurs ou niches. Comment faire les bons choix ? D’abord, il faut se méfier des «poids lourds», indique Daniel Straus. Certains FNB détiennent des positions très concentrées dans quelques entreprises, et ces titres vont dicter la performance globale du FNB. Même s’il peut sembler moins risqué de détenir un FNB contenant plusieurs titres de cannabis ou de cryptomonnaies par rapport à une seule société, on doit faire attention. «Le degré de diversification obtenu avec ces paniers ne vous protège pas de revirements soudains et profonds dans l’industrie, qui peuvent toucher les sous-secteurs dans leur ensemble», ajoute-t-il.

Les FNB très concentrés ou de niche peuvent être des investissements de type exploratoire détenus à court terme à des fins tactiques. «Bien qu’on ne considère pas que ce genre de position soit approprié dans un portefeuille de base, certains investisseurs vont tout de même souhaiter les garder longtemps afin d’exploiter des occasions de croissance. Ces placements pourraient alors faire partie de la catégorie d’actifs alternatifs», remarque Daniel Straus.

L’attrait des FNB à revenu fixe

Bâtir un portefeuille de revenu fixe à l’aide de titres individuels n’est pas une mince tâche. Le marché obligataire étant un marché hors cote, il est parfois moins liquide et plus difficile à lire. Il faut aussi une certaine expertise pour analyser le risque de crédit d’une société ou des titres comme des obligations à rendement élevé, à rendement réel ou encore des actions privilégiées. Les FNB à revenu fixe sont cotés en Bourse et permettent d’accéder à des paniers de titres diversifiés selon différentes échéances (duration), qualité de crédit et secteurs d’activité. «La gestion active peut dans le cas du revenu fixe apporter de réels bénéfices à l’investisseur et il peut valoir la peine de payer un ratio de frais de gestion un peu plus élevé», affirme Michael Cooke, vice-président principal et chef des fonds négociés en Bourse chez Placements Mackenzie.

Autre argument en faveur des FNB obligataires : d’après une étude de BlackRock, ces titres se négocient en moyenne de quatre à cinq fois plus souvent que leurs titres sous-jacents. Mais ce n’est pas une raison pour augmenter la proportion de certaines catégories d’actifs dans le portefeuille. «Si je souhaite investir 5 % de mes actifs dans des prêts bancaires de premier rang, je ne voudrai pas augmenter cette pondération parce que le FNB est plus liquide que les titres sous-jacents puisque les risques demeurent étroitement liés au sous-jacent», rappelle Daniel Straus. Et plus il y a de risque de crédit, moins ces obligations seront efficaces pour contrebalancer un marché baissier dans les actions.

Il est facile et peu coûteux d’accéder à l’ensemble du marché obligataire canadien. Plusieurs FNB comme le FINB BMO obligations totales (ZAG) vont reproduire l’univers obligataire FTSE TMX. Cet indice propose déjà une répartition entre les obligations fédérales, provinciales et de sociétés. «Vu la faiblesse des rendements obligataires, la question des frais est d’autant plus pertinente lorsqu’on sélectionne nos FNB obligataires», souligne Daniel Straus.

Pour ceux qui sont à la retraite, ont un horizon de placement plus court ou ne sont pas à l’aise avec la volatilité de l’indice univers dont la duration dépasse 7 ans, il est possible de se tourner vers un indice obligataire de plus courte échéance moyenne comme le FTSE TMX Canada obligataire à court terme, à condition de concéder du rendement.

Couvrir ou pas le risque de devises ?

Dès que notre FNB contient des actifs non canadiens, on doit penser à l’impact des fluctuations de devises. L’appréciation ou la dépréciation de cette monnaie étrangère peut influer grandement sur le rendement de nos titres. Doit-on, ou non, couvrir ce risque de change ? Les avis sont partagés et tout dépend de la tolérance au risque du client et de son horizon de placement.

En raison de son rôle de valeur refuge, la devise américaine a tendance à bien performer lors des périodes baissières en Bourse. «En allant à l’encontre de cette force et en protégeant le FNB américain contre les mouvements de la devise, on génère de la friction qui peut retrancher annuellement plus de 1 point de pourcentage au rendement de l’investisseur», affirme Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital.

Les clients en phase d’accumulation, ceux qui sont capables de bien dormir malgré le risque de devises de leurs actions américaines et internationales, ont donc avantage à accepter ce risque. Ils évitent ainsi les coûts sous-jacents à la couverture. De plus, l’exposition aux devises augmente peu et parfois, réduit même la volatilité des rendements de ces titres, ajoute le spécialiste.

Toutefois, un investisseur qui approche de la retraite et dont le coût de la vie est en dollars canadiens sera moins tolérant à des variations significatives du taux de change. «Plutôt que d’essayer de prévoir le mouvement des devises, mieux vaut dans un tel cas analyser l’exposition du portefeuille», nuance Dan Hallett, analyste de fonds chez High View Financial Group. Certains vont couper la poire en deux en couvrant la moitié du risque de change du portefeuille.

Quant aux obligations américaines et internationales, les experts sont assez unanimes : on couvre le risque de change puisque l’objectif stratégique des obligations est, par nature, de gérer le risque du portefeuille.

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