Les FNB synthétiques sont semblables aux FNB physiques, mais leur actif sous-jacent diffère.
Les FNB physiques ont recours à des titres individuels ou à des actifs physiques tels que des produits de base, tandis que les FNB synthétiques utilisent des produits dérivés pour reproduire l’exposition à un indice de référence. Par exemple, un FNB physique qui suit le rendement de l’indice S&P 500 aura pour actif sous-jacent des actions de sociétés dans les mêmes proportions que l’indice.
De son côté, la version synthétique de ce fonds pourrait faire appel à un swap sur le rendement total (SRT) pour exposer les investisseurs au même indice. S’il utilise un SRT, le fournisseur du fonds conclura le swap avec une contrepartie – la plupart du temps une institution financière – pour reproduire les rendements totaux de l’indice S&P 500.
Au Canada, l’actif en FNB synthétiques s’élevait à 3,2 G$ CA en juin 2014, soit 4 % de l’actif total en FNB canadiens. De plus, à la même date, sur les quelque 16 G$ d’actif détenus par des investisseurs canadiens sous forme de FNB cotés à une Bourse américaine, la Banque du Canada comptait pour 500 M$ CA de FNB synthétiques.
Toutes proportions gardées, les FNB synthétiques sont beaucoup plus développés en Europe qu’aux États-Unis. Ils représentent quelque 33 % du marché européen des FNB, mais seulement 4 % de celui des États-Unis.
Stéphane Chrétien, professeur titulaire au Département de finance, assurance et immobilier de l’Université Laval et spécialiste des marchés boursiers, croit que la taille du marché canadien explique en grande partie cette différence.
«Pour créer un FNB synthétique, il faut un swap de rendement et un contrepartiste parmi les sept grandes banques. Ce n’est pas comme s’il y avait beaucoup de choix», souligne-t-il.
Même si au Canada, les FNB synthétiques n’ont pas comme en Europe un impact majeur sur l’ensemble des FNB, ils ont quand même un apport positif dans l’industrie, tient à souligner Vincent Cliche, conseiller en placement à la Financière Banque Nationale.
«Par exemple, puisque les frais de gestion des FBN synthétiques sont plus bas, ils exercent une pression sur les autres fonds, y compris les fonds communs», dit-il.
Les FNB synthétiques procurent aussi un avantage fiscal pour les clients qui détiennent ces produits dans des comptes non enregistrés, ajoute le conseiller.
Ainsi, à placement égal, le rendement net d’un placement dans un FNB synthétique sera plus élevé que celui d’un fonds qui détient directement les titres du portefeuille de référence.
Selon Vincent Cliche, cet avantage tient à trois facteurs : la «requalification» des différents types de revenus en gain en capital ; le réinvestissement automatique des distributions et la composition des rendements ; et le report d’impôt et la possibilité de déclencher un gain au moment opportun pour le client. (Lire «Attributs fiscaux profitables» en page 6)
Tous les types de FNB comportent un risque de liquidité, la liquidité d’un FNB étant liée à celle de son actif sous-jacent. «Lorsqu’un nombre croissant d’investisseurs en quête de rendement optent en masse pour des FNB qui utilisent des actifs moins liquides, la probabilité qu’un mouvement de vente massive soit amplifié augmente», lit-on dans l’étude de la Banque du Canada.
Toutefois, les FNB synthétiques – qui utilisent des produits dérivés – peuvent comporter notamment un risque de contrepartie et un risque lié aux sûretés.
Les FNB synthétiques sont exposés à un risque de contrepartie, car ils misent principalement sur des contreparties de swaps pour procurer l’exposition aux actifs sous-jacents, au moyen d’un SRT par exemple.
Un FNB touché par le défaut d’une contrepartie a trois options, expliquent les analystes de la Banque du Canada.
D’abord, il peut trouver un swap de remplacement. Ensuite, il peut aussi liquider les sûretés et utiliser les fonds restants pour acquérir physiquement les titres de l’indice sous-jacent. Enfin, il peut liquider les sûretés et remettre le reste des fonds aux investisseurs, ce qui signifie la fermeture du FNB. Pour les clients, ce risque est exacerbé s’il y a concentration du risque de contrepartie. Autrement dit, s’il n’y a qu’une seule contrepartie de swap.
«La plupart des FNB utilisant des swaps au Canada recourent à une seule contrepartie pour générer leurs expositions synthétiques, de sorte que le risque de contrepartie est concentré sur une seule entité», insistent Ian Foucher et Kyle Gray.
Compte tenu de cette concentration, le défaut d’une contrepartie de swap «entraînerait la résiliation simultanée des swaps utilisés par de multiples FNB synthétiques», écrivent les deux analystes.
Selon Bruno Rémillard, professeur en ingénierie financière à HEC Montréal, le risque accru au Canada tient surtout au manque de profondeur du marché canadien.
Par ailleurs, la valeur d’un FNB synthétique correspond principalement à la valeur des sûretés et peu à celle du swap. Une baisse de la valeur des sûretés, causée par l’évolution des taux d’intérêt ou par une vente rapide et massive des sûretés, pourrait donc diminuer la valeur du FNB.