En 2016, ce type de FNB représentait 62 % de la création nette de FNB canadiens, une proportion stable en moyenne depuis cinq ans, selon les données d’Investor Economics. Cette vaste offre multiplie les possibilités pour un conseiller et renforce l’importance d’avoir une bonne stratégie.
Avant toute chose, celui-ci devrait déterminer la répartition en titres à revenu fixe et en actions. Cela dépendra notamment de la tolérance au risque du client et de l’importance du patrimoine accumulé.
«Il faut avoir des conversations franches avec les clients afin de déterminer un taux de décaissement à la retraite qui est réaliste et une répartition d’actif qui permet d’y parvenir. Parfois, la meilleure solution sera de réduire les dépenses du ménage», explique Peter Guay, gestionnaire de portefeuille chez PWL Capital. Ce dernier structure ses portefeuilles en utilisant principalement des FNB qu’il répartit entre trois paniers distincts. Chacun a un rendement espéré et des catégories d’actif qui lui sont propres.
Un panier à revenu élevé
«Le premier panier comprend des titres obligataires de bonne qualité mondialement diversifiés et couverts en dollars canadiens. Celui-ci va permettre de stabiliser le rendement du portefeuille. Le deuxième panier contiendra davantage de titres à revenu élevé et sera une composante plus importante du portefeuille du retraité. Finalement, le dernier panier sera constitué d’actions canadiennes et internationales», indique le gestionnaire.
Dans ce deuxième panier, on retrouve des actions privilégiées à taux révisable, des placements immobiliers mondiaux (REITs), des actions de services publics comme le FNB de BMO ZUT, des obligations américaines à haut rendement et des obligations de pays émergents. Dans le cas des obligations à haut rendement, Peter Guay aime bien le FNB de BMO ZHY et celui de iShares XHY.
«Ces FNB vont permettre à l’investisseur de profiter de la faible corrélation de ces catégories d’actif entre elles et de distributions de revenus relativement stables. Celles-ci devraient osciller entre 5 % et 7 % par année», précise Peter Guay. Le gestionnaire accroît l’efficacité fiscale de ces différentes catégories en mettant, par exemple, les actions privilégiées dans des comptes imposables afin de profiter de la déduction fiscale. Par contre, les obligations à revenu élevé seront investies dans des comptes enregistrés.
«Tous mes clients vont détenir du panier 2, mais selon l’horizon de placement et le taux de décaissement du retraité, on ajustera le pourcentage. Si on décaisse 3 % ou 4 % du portefeuille par année, la pondération du panier 2 serait de 15 %, celle du panier 1 pourrait alors être de 40 %, et le panier 3, de 45 %. Avec un taux de décaissement de 5 % et plus, un retraité pourrait toutefois détenir entre 20 % et 25 % du panier 2», ajoute-t-il.
Un tel pourcentage pourrait gruger le capital à long terme du retraité, mais doit faire partie d’une planification de retraite qui tient la route. «Peu importe les mouvements des marchés, il faut avoir la discipline de s’en tenir au plan financier, aux pondérations choisies et rééquilibrer le portefeuille lorsque c’est nécessaire», rappelle Peter Guay.
«Plusieurs institutions financières vont vendre des fonds communs d’actions axés sur le revenu en se vantant de générer de l’alpha (excédent de performance par rapport aux indices) sous le couvert d’une black box. Il n’y a pas de magie. Quand on creuse un peu, on constate que les catégories d’actif utilisées ressemblent beaucoup à celles qu’on retrouve dans mon panier 2. Par contre, les frais ne sont pas les mêmes», constate le gestionnaire de PWL.
Ajouter des actions privilégiées
Peter Guay aime bien les actions privilégiées et il en a mis 40 % dans son panier à revenu élevé. «D’un point de vue de gestion du risque et dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, cette catégorie d’actif est attrayante et devrait mieux performer que les obligations à rendement élevé», croit-il. Ce dernier utilise principalement le FNB de BMO ZPR.
«Les actions privilégiées sont des titres hybrides qui constituent une option intéressante pour les clients qui veulent générer du revenu», renchérit Pat Chiefalo, chef de produits chez iShares Canada, la filiale canadienne de BlackRock, à Toronto. «Notre fonds d’actions privilégiées iShares S&P/TSX (CPD) comprend essentiellement des actions canadiennes à taux révisable», précise-t-il. Si on souhaite une solution plus active qu’indicielle, le FNB de Dynamique (DXP) peut se révéler attrayant, croit-il.
L’option des dividendes croissants
Par ailleurs, les dividendes ordinaires sont aussi à considérer lorsqu’on veut générer des revenus. «Nous aimons bien les FNB d’actions qui sélectionnent des sociétés dont les dividendes croissent au fil du temps (dividend growers)», explique Pat Chiefalo. Ce dernier cite en exemple le CDZ : iShares S&P/TSX Canadian Aristocrats Index. «La méthodologie d’investissement permet de sélectionner des titres dans l’indice qui ont des bilans solides, de bons flux de trésorerie et une croissance du chiffre d’affaires qui permet de générer ces revenus de dividendes.»
«Dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, ce type de FNB procure un coussin de protection pour l’investisseur. Même si les taux d’intérêt sont encore historiquement bas, nous avons amorcé un virage à la hausse et nous croyons que cela se poursuivra dans le temps. Pour ceux qui veulent encore plus de diversification, le CUD est un FNB d’actions américaines dont les dividendes devraient croître avec les ans. Il est couvert pour le risque de change», ajoute-t-il.
Des FNB gérés activement
Les clients qui ont un profil d’investisseur plus prudent voudront réduire la volatilité de leurs rendements. La portion à revenu fixe de leur portefeuille sera souvent plus importante. De ce côté, les FNB qui vont générer du revenu sont nombreux.
Il faudra déterminer le risque de crédit que l’on est prêt à assumer. Optera-t-on pour des placements à court, moyen ou long terme, bref, quelle duration choisir ? Lorsque les rendements obligataires sont bas, générer du revenu en minimisant le risque sera également une tâche très complexe. «Notre stratège de revenu fixe au Canada, Aubrey Basdeo, propose des solutions de placement qui visent à générer du revenu tout en maximisant le rendement total, et ce, sans prendre des risques inconsidérés. Afin de simplifier la tâche du conseiller et de l’investisseur, le gestionnaire va lui-même choisir les répartitions dans les différentes catégories d’actif», souligne Pat Chiefalo.
L’équipe d’Aubrey Basdeo gère depuis 2015 trois FNB. Le XSC, le XSI et le XSE résultent d’un processus d’optimisation qui permet de construire des portefeuilles diversifiés de titres à revenu fixe. On souhaite ainsi battre l’indice obligataire universel FTSE TMX Canada. L’objectif est de générer entre 50 et 150 points de base au-dessus de l’indice, tout dépendant de la stratégie choisie.
«Nous considérons ces fonds comme de la gestion active puisque la répartition d’actif peut faire l’objet d’ajustements tactiques selon les vues du marché de notre stratège», explique Pat Chiefalo. Les changements doivent toutefois respecter certaines contraintes comme la duration, l’exposition au risque de crédit et aux taux d’intérêt. Ces portefeuilles sont rééquilibrés régulièrement et vont donner accès à des titres canadiens et mondiaux, couverts en dollars canadiens.
Par ailleurs, les investisseurs qui sont préoccupés par des hausses à court terme des taux pourraient opter pour un FNB de titres à revenu fixe à taux variable. Placements Mackenzie a lancé l’an dernier quatre FNB actifs dont le MFT, qui est moins sensible aux variations de taux puisqu’il incorpore des prêts bancaires de premier rang (senior loans). Cette solution de placement intègre également des obligations à taux variable et des obligations de sociétés à rendement élevé. «On ajoute alors une composante crédit dans le portefeuille et c’est pourquoi l’analyse de crédit effectuée par notre équipe des placements à revenu fixe va beaucoup compter», affirme Michael Cooke, vice-président principal et responsable des FNB à Placements Mackenzie. Ce genre de stratégie est plus difficile à mettre en place avec de la gestion passive, croit-il.