Voici les réponses d’experts à quelques mythes concernant les fonds négociés en Bourse (FNB).
«Les FNB créent de la volatilité dans les marchés financiers.»
Certains s’inquiètent que la croissance de l’investissement à gestion passive dans les FNB n’influe négativement sur la qualité des titres sous-jacents. Plus précisément, ils craignent que la négociation de FNB ne se substitue et n’enlève de la liquidité à ces titres, augmentant ainsi la volatilité de marché.
Alors que la volatilité est en fait provoquée par une absence de liquidité, une recherche publiée dans le Journal of Portfolio Management et montrant une corrélation positive entre les changements de volume chez les FNB et leurs titres sous-jacents réfute l’allégation selon laquelle les FNB créent de la volatilité, dit Deborah Frame, présidente et chef des placements chez Frame Global Asset Management, à Toronto, une filiale de Quintessence Wealth. En outre, la recherche a montré que la volatilité de marché résulte en général de facteurs macroéconomiques et de la géopolitique, soit ce à quoi le marché a réagi récemment, relate-t-elle.
Robyn Graham, une analyste financière agréée qui compte une dizaine d’années d’expérience en gestion de portefeuille auprès de deux chefs de file de la gestion d’actifs en FNB seulement, dit que la volatilité «a tendance à être plus visible à mesure que l’on entre dans les dernières étapes d’un cycle de marché et que les gens négocient à la moindre nouvelle».
Robyn Graham note également que les FNB, en tant que paniers de titres, n’ont aucune volatilité inhérente. «Ce qui importe, c’est ce qui est dans le panier», soutient-elle, que ce soit des outils alternatifs, des actions de marchés émergents ou des liquidités. De plus, le panier FNB offre une plus grande diversification, ce qui est «par nature un outil de gestion de la volatilité» contribuant à gérer le risque parmi les titres sous-jacents, dit-elle.
Malgré la liquidité offerte par les FNB, un rapport de la Banque du Canada publié en 2014 a établi que le processus de création/rachat de parts des FNB pouvait entraîner un choc de liquidité et une diminution des données sur les prix à la fois pour les FNB et pour les marchés sous-jacents dans certains cas.
«Les FNB font que l’ensemble du marché pense et agit de façon identique, ce qui entraîne des inefficiences et des bulles potentielles.»
Ce mythe est également centré sur l’investissement passif. L’idée est que les investisseurs passifs achetant un indice au complet, les prix du marché deviennent inefficients, avec des corrélations de rendement plus élevées parmi les titres.
Une telle inefficience est potentiellement vraie seulement pendant de courts laps de temps, dit Craig Lazzara, directeur général et directeur mondial, stratégie de placements indiciels chez SPDJI, à New York. Si c’était vrai pour de plus longues périodes, la corrélation moyenne des titres (une mesure des rendements) sur un indice augmenterait et se maintiendrait à un niveau élevé, dit-il. En fait, à la fin de 2017, les corrélations étaient à leur plus bas niveau en 26 ans et ont été sous leurs niveaux médians depuis la mi-2016 malgré la croissance des actifs à gestion passive.
Ce mythe vient probablement aussi d’une erreur quant au montant d’actifs attribuable à la gestion indicielle. Par exemple, alors que le montant total d’actifs qui suit l’indice S&P 500 était d’à peu près 3 500 G$ l’an dernier, ce chiffre ne représente qu’environ 10 % de la valeur totale de tous les titres de l’indice, observe Craig Lazzara. Même en tenant compte de tous les indices de première génération (c’est-à-dire les indices sans approche de bêta stratégique comme le NASDAQ Composite), ce chiffre est environ de 20 % à 25 %, dit-il.
Craig Lazzara souligne à quel point l’investissement à gestion passive rehausse l’efficience de marché. Par exemple, la concurrence sur les marchés des outils alternatifs à la gestion passive, y compris les FNB, entraîne une augmentation de la capacité du gestionnaire de portefeuille moyen à gestion active à générer de l’alpha, alors que les portefeuillistes les moins compétents perdent des actifs, dit-il.
Répondant aux inquiétudes voulant que les gestionnaires à gestion passive ne contribuent pas à l’efficience de marché en matière de détermination des prix, Craig Lazzara dit que la détermination des prix est liée aux transactions boursières, non aux actifs sous gestion (ASG). De plus, l’ASG passif peut facilement monter davantage, sans diminuer de façon significative la part des transactions effectuées par les investisseurs à gestion active, selon lui. Par exemple, en supposant que les ratios annuels de rotation de l’actif à gestion passive et de l’actif à gestion active soient respectivement de 5 % et de 50 %, la part de l’ASG à gestion passive peut monter au-dessus de 83 % avant que la part des transactions des gestionnaires à gestion active ne chute sous les 50 %, selon un rapport de SPDJI.
Selon Robyn Graham, le marché reste le miroir des points de vue d’une multitude d’investisseurs, qui se reflètent dans les transactions. Bien que l’investissement à gestion passive représente une plus grande proportion de transactions par rapport aux années précédentes, les investisseurs créent une dynamique saine en suivant leurs politiques d’investissement respectives, juge-t-elle.
D’après elle, le prochain krach coïncidera probablement avec une faiblesse de l’économie ou avec la géopolitique, comme c’est en général le cas. En outre, «je préférerais être investie en FNB pendant le prochain krach, parce que je sais que la liquidité est là, dit-elle. Nous pouvons déployer notre stratégie de portefeuille d’un point de vue tactique beaucoup plus facilement que si nous tentions de nous débarrasser d’un tas d’actions individuelles, par exemple, parmi lesquelles certaines pourraient n’avoir aucun acheteur ou, pire, constituer des parts d’entreprises qui ne sont plus en activité.»
«Les FNB sont inactifs face aux droits des actionnaires.»
Selon une critique notée dans le rapport de SPDJI, les gestionnaires de fonds indiciels pourraient ne pas être de bons gardiens des actifs des investisseurs s’ils se préoccupent moins de la gouvernance d’entreprise, car ils se concentrent sur le maintien de coûts bas.
Toutefois, Craig Lazzara affirme que les gros manufacturiers de fonds ont accru leurs efforts à titre de gardiens des actifs ces dernières années, en entamant le dialogue avec la direction d’entreprises dans lesquelles ils investissent. En fait, «les gestionnaires de fonds indiciels ont une plus grande motivation à interagir avec la gestion de l’entreprise», dit-il, parce qu’ils ne peuvent pas se départir des actions individuelles tant qu’elles constituent l’indice qu’ils suivent.
Selon Robyn Graham, les manufacturiers de FNB ont généralement défini des politiques sur le vote par procuration – un point important pour les investisseurs étant donné leur intérêt accru pour l’investissement durable. En outre, fait-elle valoir, les investisseurs peuvent choisir des FNB socialement responsables.