Quand Édith Beaucage parle des fonds négociés en Bourse (FNB), on sent la passion dans sa voix. Elle n’hésite d’ailleurs pas à utiliser le terme de «premières amours» quand elle raconte le moment où elle a découvert ces produits, à la fin des années 1990.
«Je travaillais alors auprès d’une famille qui faisait de la gestion privée, donc j’échangeais des titres. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser aux FNB. Au fil du temps, je suis devenue gestionnaire de portefeuille, et il n’y avait aucun doute dans mon esprit que j’utiliserais ce genre de produits dans ma pratique», explique la portefeuilliste chez Beaucage Bruneau Groupe Conseil, une équipe membre de Desjardins Gestion de patrimoine Valeurs mobilières.
De riches expériences
Économiste de formation, Édith Beaucage s’est lancée dans la gestion de portefeuille en 1997, après avoir été invitée à postuler par télécopieur. La jeune femme, alors diplômée en sciences économiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) depuis deux ans, a occupé plusieurs emplois, à Montréal et Québec.
«À partir de là, ça a déboulé», se souvient Édith Beaucage. Elle a occupé plusieurs postes dans différentes sphères de l’industrie. Du financement d’entreprise à la négociation au parquet de la Bourse, la gestionnaire a échangé des titres dérivés et a même aidé un courtier en épargne collective à devenir une entreprise de plein exercice.
«Moi, j’ai connu les tickets verts, bleus et roses quand on négociait. J’ai même connu la criée ! dit-elle en riant. Le domaine financier a évolué à la vitesse grand V depuis les années 1990. Maintenant, tout est automatisé, mais ces expériences m’ont permis de bien comprendre le fonctionnement du secteur.»
Toujours avide d’en apprendre davantage sur ce domaine qui la fascine, Édith Beaucage a commencé de nouvelles études en 2004, ce qui lui a permis d’obtenir un MBA à l’UQAM en 2006 et un autre MBA à l’Université Paris-Dauphine en 2005.
«Je suis restée environ un mois en France, mais on travaillait à distance de concert avec les Européens. Ils sont venus, nous y sommes allés, et on travaillait en concordance pour être en mesure de produire des travaux», raconte la gestionnaire de portefeuille.
Loin de s’arrêter à l’Europe, Édith Beaucage a également passé deux semaines en Chine dans le cadre de ses études de MBA à l’UQAM. Ses voyages lui ont permis de beaucoup apprendre. «Quand on n’a pas encore 30 ans et qu’on est capable de comprendre toute la mécanique d’affaires du monde entier, pour une économiste comme moi, c’est extraordinaire !»
Une vision globale
Après son retour d’Orient, Édith Beaucage a eu le premier de ses trois enfants. Pendant cette période, la jeune mère a dû ralentir un peu le rythme, ce qui lui a permis de peaufiner sa méthode de gestion de portefeuille.
Désireuse de ne pas oublier ses racines d’économiste, Édith Beaucage applique une approche descendante. Elle part de la macroéconomie pour se diriger vers les catégories, puis les sous-catégories d’actifs. De cette façon, elle peut cibler des régions du monde qu’elle a eu la chance de découvrir pendant ses études, par exemple, puis regarder quels secteurs l’intéressent le plus dans ces régions.
«Je pars de la macroéconomie, mais je gère mes portefeuilles de façon structurée par catégories d’actifs. Je fais une analyse des tendances en fonction des différents facteurs macroéconomiques, et par la suite, je peux créer un arbre décisionnel et sélectionner les régions et secteurs favorables aux tendances que j’ai décelées», précise-t-elle.
Cette approche lui permet d’avoir une vision globale de la situation économique et de prendre des décisions en fonction des événements qui pourraient toucher le paysage de l’investissement.
Une préférence pour les FNB
Les FNB s’intègrent parfaitement dans sa méthode. Selon elle, ce sont même les produits les mieux adaptés pour son approche de gestion. D’ailleurs, ses portefeuilles comptent au moins 60 % de FNB.
Les FNB lui offrent la possibilité d’exposer ses portefeuilles à certains pays et secteurs d’activité, et de répartir les placements de façon à privilégier la gestion du risque du portefeuille.
«Les FNB me permettent de faire de la gestion structurée par catégories d’actifs de façon efficace et à bas coût. Grâce à eux, je suis en mesure de diversifier un portefeuille sans m’exposer à un risque sur une entreprise particulière», dit-elle.
«Mon utilisation des FNB évolue avec l’industrie, poursuit-elle. Au début, on avait un choix très limité de produits. Aujourd’hui, il y en a un vaste éventail.»
Bien qu’elle se réjouisse de cette multiplication de produits, la gestionnaire de portefeuille rappelle que cela demande d’être très sélectif. «Il y a un côté extraordinaire au marché, surtout au Canada, parce que plusieurs émetteurs sont entrés dans le marché. Mais en même temps, il faut être prudent, car chaque produit ne convient pas à tout le monde», prévient-elle.
Avant d’investir dans un FNB, elle l’analyse donc en profondeur pour s’assurer qu’il correspond réellement aux exigences d’un portefeuille donné.
Cependant, les FNB ne sont pas toujours son premier choix. Par exemple, pour les placements à revenu fixe, elle préfère utiliser des titres particuliers. Cela dit, elle se sert quand même des FNB obligataires afin d’investir dans les secteurs moins accessibles. «Par exemple, dans le secteur des obligations internationales, c’est difficile pour moi d’acheter une obligation individuelle à l’étranger. Un FNB va me permettre d’investir dans ces produits.»
Traverser les crises
Selon Édith Beaucage, les FNB ont prouvé qu’ils pouvaient traverser les crises financières, puisqu’ils ont tenu la route en 2008.
À la base, un FNB soutient le marché boursier, explique-t-elle, car son fonctionnement favorise les flux monétaires et les flux transactionnels. Toutefois, c’est la flexibilité qu’ils offrent et leur capacité d’adaptation qui l’ont surtout convaincue d’utiliser les FNB lorsque les marchés vont moins bien.
«Les cycles économiques, ce sont des flux. Pour un gestionnaire de portefeuille, l’idée n’est pas de contrer ces flux ou de passer outre, mais de les suivre avec un certain doigté.»
Évidemment, Édith Beaucage ne peut prévoir ce qui arrivera à court terme sur le marché. Mais grâce à sa stratégie descendante, elle est en mesure de dégager des tendances macroéconomiques. Elle peut ensuite gérer le risque grâce aux FNB et obtenir un certain rendement.
«Le secret, à mon avis, c’est de suivre les tendances que l’on remarque, de respecter sa stratégie de portefeuille à long terme et de l’adapter à la situation, tout en s’assurant d’avoir le moins de volatilité possible. Et pour cela, il faut justement utiliser des outils qui permettent de stabiliser la volatilité au fil du temps, comme les FNB», avance-t-elle.
Un lien étroit
Édith Beaucage a développé une clientèle de familles en affaires ; elle en compte actuellement 90. Bien qu’il s’agisse d’une clientèle homogène qui partage beaucoup de points en commun, chaque famille a des besoins et des objectifs particuliers. Elle considère le portefeuille comme «le sang d’une famille» et prend donc soin de construire un portefeuille personnalisé.
Édith Beaucage tient à être près de ses clients. «Je connais tous mes clients, je suis très maternelle. Et aujourd’hui, c’est ce que les clients recherchent. Ils veulent trouver ce lien personnalisé où l’on répond à leurs besoins spécifiques.»
«Je veux que les gens comprennent ce que je dis et qu’on travaille ensemble. Mon but, c’est de ne pas être de l’autre bord de la table. Je veux être du même côté de la table qu’eux, avec eux», conclut-elle.