En tout, 227 personnes ont répondu à l’enquête menée en février et mars 2015 par la firme torontoise Credo Consulting, en partenariat avec le Groupe Finance de TC Media. De ce nombre, 123 conseillers ont mentionné utiliser les FNB dans leur pratique, par rapport à 104 qui ne le faisaient pas.
Ainsi, chez les répondants qui utilisent déjà des FNB, ces derniers engendrent en moyenne 16 % de leurs revenus annuels. Toutefois, 5 % de ces répondants seulement tirent une part significative de leurs revenus (40 %) de l’utilisation des FNB dans leur pratique.
Les conseillers estiment que le pourcentage de leur actif sous administration en FNB est passé de 9 à 18 % au cours des deux dernières années. Et cette progression devrait se poursuivre, car ils prévoient que ce chiffre s’élèvera à 26 % dans deux ans.
De plus, les conseillers anticipent que le nombre de leurs clients possédant des FNB dans leur portefeuille devrait s’accroître. Celui-ci est passé de 17 à 27 % au cours des deux dernières années et atteindra 39 % dans deux ans, d’après les répondants qui utilisent des FNB.
Diversification à peu de frais
L’intérêt envers les FNB est en nette croissance, et les conseillers cherchent de nouvelles façons d’en augmenter l’utilisation, confirme Élisabeth Préfontaine, directrice Québec, iShares, chez BlackRock Canada.
«Le fait que les FNB soient négociés en Bourse, justement, en comparaison du marché hors cote, contribue pour beaucoup à cet intérêt, remarque Élisabeth Préfontaine. Dans le marché hors cote, deux conseillers de deux firmes différentes qui voudraient vendre ou acheter au même moment la même obligation individuelle sur le marché secondaire pourraient avoir une expérience de prix complètement différente.»
La sensibilité croissante des clients et des conseillers aux frais de gestion des produits financiers constitue un autre facteur significatif, selon elle.
Dans un article d’Ian Foucher et Kyle Gray publié en décembre 2014, la Banque du Canada cite au nombre des avantages des FNB «la diversification peu coûteuse des portefeuilles et la liquidité d’un produit négocié sur une place boursière».
Selon les répondants au sondage, les faibles frais de gestion des FNB représentent le principal attrait de ces produits pour leurs clients.
«Il y a un besoin de créer des solutions moins coûteuses dans le marché canadien, et c’est ce que permettent les FNB. Lorsqu’on regarde nos portefeuilles de FNB chez BMO, même avec tous les frais de gestion, taxes comprises, aucun ne dépasse 2 % de frais de gestion», mentionne Alain Desbiens, vice-président, ventes FNB BMO, Québec et Atlantique, BMO Gestion mondiale d’actifs.
Le potentiel de diversification des FNB et la capacité «d’obtenir à peu de frais une exposition à des catégories d’actif qui n’étaient auparavant accessibles qu’aux investisseurs institutionnels» sont un autre avantage des FNB pour les investisseurs, selon la Banque du Canada.
Parmi les répondants qui utilisent les FNB, 70 % le font pour obtenir des expositions bien précises (niche), et 60 %, pour avoir accès aux marchés émergents.
«Le même FNB peut être acheté par la Caisse de dépôt et placement du Québec, par un gestionnaire de portefeuille ou par un investisseur individuel. C’est assez rare qu’un produit puisse être adopté à tous les paliers de l’intervention financière», souligne Alain Desbiens.
Incidence fiscale
D’après le sondage, 51 % des conseillers interrogés utilisent régulièrement des FNB qui se négocient à l’extérieur du Canada. D’ailleurs, en juillet 2014, les avoirs d’investisseurs canadiens sur les plateformes boursières américaines s’élevaient à 16 G$, alors que l’actif sous gestion sur des plateformes boursières canadiennes se chiffrait à 72 G$, selon le texte de la Banque du Canada.
Or, d’après Alain Desbiens, de plus en plus d’investisseurs privilégient des FNB inscrits au Canada, non couverts ou couverts, mais libellés en dollars américains pour des considérations fiscales.
«L’an dernier, le FINB BMO S&P 500 [qui réplique l’indice S&P 500 dans sa devise originale] est celui qui a attiré le plus grand nombre de nouveaux capitaux, et nous croyons qu’une grande partie de cette popularité repose sur le fait que les gens ne veulent pas être assujettis au formulaire T1135 sur les revenus étrangers ni aux impôts successoraux américains», dit-il. (Voir «Attributs fiscaux profitables» en page 6)
Dans un compte REER, les impôts retenus à la source par les autorités fiscales étrangères ne sont généralement pas recouvrables. Cependant, dans les comptes non enregistrés, les impôts retenus à la source peuvent être récupérés par les comptables, mentionne Alain Desbiens. «Si votre dividende représente un rendement de 4 %, il s’agit de 60 points de base qui sont recouvrables, ce qui peut améliorer de beaucoup la performance du produit.»
Parmi les répondants qui utilisent les FNB, une vaste majorité (83 %) mentionne le faire par l’intermédiaire d’une plateforme canadienne.
Évolution réglementaire
Selon le sondage, bien que la majorité des conseillers qui emploient des FNB soient rémunérés sur honoraires, plus d’un tiers des répondants utilisent des FNB qui paient des commissions ou des frais de suivi.
La transparence en matière de frais payés par le client, un principe cristallisé par la mise en application progressive de la deuxième phase du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2), explique en partie l’intérêt croissant des conseillers pour les FNB.
Élisabeth Préfontaine constate que l’actif lié aux FNB des comptes à honoraires des courtiers de plein exercice augmente plus rapidement que celui des conseillers qui touchent uniquement des commissions.
Selon elle, cela s’explique par le fait que les conseillers qui adoptent une pratique transparente en ce qui concerne leurs frais et leur rémunération parlent nécessairement du coût des produits qu’ils utilisent.
Selon une récente étude menée par BlackRock, «environ 39 % des conseillers indiquent que le changement dans la réglementation constitue le risque le plus important à leur pratique d’affaires», cite Élisabeth Préfontaine.
Il reste que 63 % des conseillers utilisateurs de FNB interrogés estiment que les FNB sont un élément clé dans la transition vers une pratique à honoraires. Cependant, 28 % d’entre eux sont en désaccord avec cette affirmation et 8 % sont indécis.
Éducation financière
La raison la plus fréquemment évoquée par les répondants (34 %) pour le fait qu’ils n’utilisent pas les FNB est l’absence du permis adéquat, ce qui montre que ces représentants ont besoin d’information sur les nouveautés en la matière (lire «Un nouveau monde s’ouvre à l’épargne collective», en page 4).
Parmi les répondants au sondage, 18 % justifient cette absence du permis requis pour vendre des FNB par le fait qu’ils ne comprennent pas bien le produit, et ne se sentent donc pas en mesure de le recommander à leurs clients.
«Il y a toujours de la place pour plus d’éducation», mentionne Élisabeth Préfontaine.
Les FNB ne sont pas tous égaux, et le choix d’un FNB ne se limite pas à considérer les frais de gestion, illustre-t-elle.
«De nombreux critères entrent dans la sélection d’un FNB, et nous aidons nos conseillers à effectuer une revue diligente et adéquate lorsqu’ils font la sélection des FNB pour leurs clients», ajoute Élisabeth Préfontaine.
Alain Desbiens croit lui aussi que les manufacturiers doivent prendre les devants en ce qui a trait à l’éducation financière se rapportant aux FNB.
C’est en utilisant les outils en ligne que la majorité des répondants (50 %) s’informent sur les FNB. La lecture de publications (37 %) et les rencontres avec les manufacturiers (35 %) sont les autres méthodes privilégiées.
Au nombre des sources d’informations pertinentes sur le sujet, Alain Desbiens évoque pour sa part le site de l’Association canadienne des Fonds négociés en Bourse, dont la mission consiste à sensibiliser le public aux FNB et à mieux renseigner les investisseurs sur leur utilisation (cetfa.ca).
Il déplore que ce site soit si peu connu, même des gens de l’industrie. En fait, 20 % seulement des conseillers sondés disent consulter ce site.
Interrogés sur les outils utilisés pour éduquer leurs clients au sujet des FNB, 67 % des répondants privilégient les rencontres en personne. De plus, 54 % d’entre eux utilisent également la documentation des manufacturiers.