Forte de rendements enviables, l’entreprise familiale a vu son actif géré croître au fil des ans, avant de s’accélérer récemment. Celui-ci a augmenté de 55 % au cours des cinq dernières années.
Au 30 septembre 2016, les rendements annualisés composés du portefeuille d’actions canadiennes valeur ont été de 11,7 % sur 1 an, de 12 % sur 5 ans, de 6,8 % sur 10 ans et de 13,2 % pour la période débutant le 30 juin 1995. Ces rendements sont exempts d’honoraires de gestion et découlent d’un composite basé sur un échantillon de 175 comptes à gestion discrétionnaire, dont la valeur cumulative s’établit à 209 M$ sur un actif de 650 M$ au 30 septembre 2016.
Ce portefeuille surclasse l’indice S&P/TSX sur diverses périodes de 4 ans ou plus, ajoutant de 1,5 à 5 points de pourcentage au rendement annualisé de cet indice, selon la période.
«Ils affichent des rendements exceptionnels et, malgré tout, sont longtemps passés sous le radar. La valeur ajoutée par rapport à l’indice a été exceptionnelle durant une période de 21 ans. Ils viennent de percer du côté de la clientèle institutionnelle, ce qui est méritant», a indiqué le jury qui a primé la firme dans la catégorie Sociétés de gestion indépendante du Top 25 de l’industrie financière du Québec.
Allard, Allard & Associés gère des portefeuilles de placement au bénéfice d’investisseurs privés, soit une clientèle composée aux deux tiers d’entrepreneurs actifs ou à la retraite, ainsi que de professionnels, d’artistes et de sportifs. Son approche de gestion est purement de type valeur, avec un biais favorable pour les titres à dividendes.
«Il n’y a pas de compromis là-dessus. Ça n’a jamais changé depuis le jour un et malgré les tempêtes et le lot de crises auxquelles nous avons fait face en plus de 20 ans, ça ne changera pas. Nous allons continuer à croire dans la qualité des bilans et celle des propriétaires, et c’est là-dessus que nous mettons notre argent», indique Louis Allard.
Une affaire de passion
Si rien n’a changé en matière de stratégie au cours des années, Louis Allard convient que le modèle s’est raffiné. Aujourd’hui, huit des douze employés de la firme participent à la sélection des titres et à la conception des portefeuilles.
Malgré cette croissance, Allard, Allard & Associés se définit toujours comme une entreprise familiale, car quatre membres de la famille y sont actifs. Son histoire remonte à 1993, alors que Jean-Pierre Allard, âgé de 50 ans et comptable agréé de formation, venait de prendre sa retraite.
«Il était associé fiscaliste chez KPMG, mais sa vraie passion, c’était le placement, raconte Louis Allard. Il gérait son portefeuille depuis plusieurs années et son plan, à la retraite, c’était de continuer à le faire pour le restant de ses jours. Les mois ont passé et, constatant qu’il réussissait bien avec la gestion de son portefeuille, un ami lui a demandé de gérer le sien.»
Un autre a fait de même et au fil des recommandations, deux ans plus tard, Jean-Pierre Allard gérait le portefeuille d’une quinzaine de clients. «C’était en 1997, et un jour que nous lunchions ensemble, mon père m’a dit : « C’est bien beau, mais ça commence à empiéter sur mes départs de golf »», raconte, sourire en coin, Louis Allard, qui est ingénieur industriel de formation.
«J’avais alors 28 ans, mon MBA en finance en poche et une belle carrière de consultant en marche. Je lui ai répondu : « Je pense que tu as vraiment quelque chose d’intéressant entre les mains. Si ça te tentes, je serais prêt à risquer tout et voir si on peut bâtir quelque chose ensemble »», relate Louis Allard.
Louis Allard a été rejoint en 2002 par sa soeur Caroline. Détentrice du titre d’analyste financier agréé (CFA), elle est vice-présidente et gestionnaire de portefeuille. Leur frère François, un comptable de formation, s’est joint à eux deux ans plus tard.
Se donner des défis
Allard, Allard & Associés compte quelques petites fondations privées dans sa clientèle, mais c’est en 2016 qu’elle a obtenu son premier mandat institutionnel.
Sélectionnée au sein de la première cohorte du Programme des gestionnaires en émergence du Québec (PGEQ), lancé par Finance Montréal, la firme a reçu l’un des dix mandats de gestion.
«Nous avions tranquillement commencé à faire signe aux consultants afin de signaler notre présence, alors pour nous, le PGEQ est arrivé comme sur un plateau d’argent», affirme Louis Allard.
Selon lui, le secteur institutionnel est très étanche et difficile à percer. «Par contre, notre philosophie de gestion rejoint les standards de ce secteur. Il est question d’investissement à long terme, alors ajouter de la valeur dans ce contexte, ça fait plus de 20 ans que nous le faisons pour des clients privés.»
Percer le marché institutionnel «représente sans doute le défi des deux prochaines années». Mais il s’agit d’un défi que l’on veut bien se donner, relativise Louis Allard.