Après avoir passé une décennie chez Fiera Capital, Jean-Philippe Lemay a été nommé président et chef de l’exploitation globale de la firme de gestion de placement. Pour lui qui aime relever les défis, 2020 en a représenté tout un.
Nommé à son nouveau poste au début du confinement, en mars 2020, il a orchestré une restructuration et, avec ses équipes, fait progresser la firme.
Pour la période de neuf mois qui s’est terminée le 30 septembre 2020, les revenus totaux se sont élevés à 499,3 M$, soit une hausse de 10,3% par rapport à la même période l’an dernier. Pour les trois premiers trimestres de 2020, le résultat net s’est établi à 2,7 M$, par rapport à une perte nette de 15,9 M$ pour la même période de 2019. Au 30 septembre 2020, l’actif sous gestion (ASG) était de 177,7 G$, soit une augmentation de 7,9 % par rapport à la même date l’an dernier.
En raison notamment de ces résultats, le jury du Top des leaders de l’industrie financière nomme Jean-Philippe Lemay gagnant dans la catégorie Sociétés de gestion indépendante. «En devenant président et chef de l’exploitation globale de Fiera Capital, il a gagné la confiance du fondateur de Fiera, Jean-Guy Desjardins, ce qui est une réalisation en soi. Il dirige un fleuron de catégorie mondiale qui réussit sur le plan de sa croissance», a souligné le jury.
En regardant le parcours du lauréat, on comprend pourquoi on lui a fait confiance. Actuaire de formation et titulaire d’une maîtrise en mathématiques financières de l’Université Stanford, Jean-Philippe Lemay s’est rapidement tourné vers la gestion d’actifs. Il fait son entrée chez Fiera comme gestionnaire de portefeuille en 2010. «Ce qui m’attirait, c’était de voir évoluer les choses, d’être créatif et d’apporter de nouvelles solutions pour régler les problèmes de nos clients», explique-t-il.
«Jean-Philippe est capable de faire la jonction entre la théorie et la pratique. C’est un bon présentateur. Il est en mesure de bien expliquer des concepts complexes», souligne Claude Turcot, ancien collègue de Jean-Philippe Lemay chez Investissements Standard Life.
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En 2015, il commence un doctorat en finance sur le campus anglais de la EDHEC Business School. Jean-Guy Desjardins le nomme chef des placements de la division canadienne en décembre 2015. «Ça a été mes premiers faits d’armes en termes de leadership dans l’organisation», témoigne-t-il.
En juin 2017, on lui offre la présidence de la division canadienne. Il relève le défi avec brio. Durant sa présidence, de juin 2017 à juin 2020, l’ASG de cette division passe de 76,6 G$ à 99,4 G$. Une autre prouesse remarquée par Jean-Guy Desjardins. «Ça fait plusieurs années que Jean-Guy me soutient dans mes projets dans l’organisation. Nous avons donc développé une bonne relation de travail et de confiance mutuelle», note-t-il.
À ses compétences professionnelles, Jean-Philippe Lemay conjugue de belles qualités humaines, souligne Claude Turcot. Il se souvient que lorsque Jean-Philippe Lemay est parti chez Fiera Capital, ils travaillaient sur un produit avant-gardiste qu’ils devaient présenter le 31 décembre. Et même si Jean-Philippe Lemay ne devait pas revenir dans la firme puisqu’il s’en allait chez un concurrent, il a aidé ses ex-collègues pour la présentation. «Jean-Philippe est un sérieux qui a le sourire facile», dit Claude Turcot.
La direction de Fiera Capital a songé à reporter la nomination de Jean-Philippe Lemay, car celle-ci survenait en même temps que le début du confinement. Finalement, la firme a misé sur la transparence et une direction claire, deux éléments qui ont servi à Jean-Philippe Lemay pendant la crise. Ce dernier veut rallier ses équipes autour de quelques buts: générer une croissance organique, offrir des produits performants et optimiser leurs processus, leurs systèmes et leurs données corporatives.
En juin, Fiera passe d’un modèle d’exploitation axé sur la localisation géographique à une approche mondiale, selon laquelle ses activités d’affaires s’organisent en trois groupes: Marchés publics, Marchés privés et Gestion privée. L’entreprise «prévoit générer des synergies de coûts en réduisant les chevauchements et en augmentant son efficacité opérationnelle», selon un communiqué.
Jean-Philippe Lemay note qu’il était complexe de rallier les gens autour d’une vision commune. Un défi pour lui qui était connu à l’interne, mais moins auprès des partenaires internationaux de la firme. «Il a fallu que je fasse plusieurs heures de rencontres virtuelles», explique celui qui dirige une firme de 830 employés, dont 210 professionnels de l’investissement.
L’innovation, un point clé
L’innovation et la technologie l’ont aussi aidé à traverser la crise. Les ressources déployées ces dernières années en technologies et en cybersécurité ont permis de passer rapidement à un modèle à distance et sécurisé.
Jean-Philippe Lemay cite l’exemple de la plateforme de placement privé de la firme pour montrer comment Fiera mise sur l’amélioration continue. «Nous avons été des précurseurs en mettant des efforts dans ce réseau-là. Nous améliorons sans cesse notre plateforme et aujourd’hui, plus de 85-90% de nos stratégies battent leur indice de référence!»
En matière d’investissement responsable, la firme est également un pionnier dans nombre d’initiatives. Elle a été l’une des premières firmes au Canada à avoir signé les principes pour l’investissement responsable (PRI) des Nations Unies. Du côté des placements, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont toujours pris en compte.
Selon Jean-Philippe Lemay, Fiera n’a pas le choix d’être «à l’avant-garde» en investissement responsable, puisqu’elle sert de nombreux clients en Europe, où l’application de critères ESG est encore plus avancée qu’en Amérique du Nord.
Jean-Philippe Lemay a plusieurs objectifs pour les prochaines années. Il compte miser principalement sur la croissance interne. «Nous voulons maintenant maximiser le potentiel commercial de l’ensemble de nos stratégies, augmenter notre pénétration dans le marché institutionnel, le marché des intermédiaires financiers et la gestion privée dans différentes régions du monde», dit-il.
Il veut aussi améliorer la plateforme de placement. «Certaines stratégies ont eu beaucoup de succès et n’acceptent plus de nouveaux actifs. Mais nous avons encore des demandes de la part de clients. Nous développerons donc des stratégies qui peuvent être complémentaires dans certaines catégories d’actifs», précise-t-il.
Par exemple, Fiera entend améliorer son offre en placements privés, comme avec l’ajout récent d’une équipe expérimentée en dette privée aux États-Unis, et créer des partenariats commerciaux de distribution en Asie et en Europe.
Il veut aussi améliorer les résultats financiers afin d’avoir un «bon équilibre entre le niveau de dividende, le niveau de dette et le niveau de profitabilité, et que tout ça se tienne pour l’avenir».