Mélissa Gilbert fait partie des acteurs clés ayant contribué à la création de Beneva, la mutuelle issue de la fusion de SSQ Assurance et de La Capitale en juillet 2020. Depuis ce regroupement, elle en est vice-présidente exécutive et leader, Affaires financières, et joue un rôle de premier plan dans l’intégration des deux entreprises.
Mélissa Gilbert siège au comité d’intégration de Beneva, lequel entérine les décisions d’envergure, aux côtés du président et chef de la direction, Jean-François Chalifoux; du président du conseil d’administration, Jean St-Gelais; et du vice-président exécutif et leader, Intégration, Patrick Cyr. Elle a contribué à l’élaboration du plan stratégique et aux positionnements des secteurs d’affaires:assurance collective, assurance de dommages, et assurance individuelle et services financiers. La mise en oeuvre de ce plan a permis à Beneva de dépasser les attentes des actionnaires.
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Pour l’exercice financier 2021, le rendement de l’avoir consolidé s’élève à 12,9 %, ce qui surpasse la cible annuelle. Le résultat net consolidé, quant à lui, atteint 367,9 M$, selon Beneva. Les nouvelles affaires, incluant l’assurance et les services financiers, se chiffrent à 2,5 G$, une augmentation de 21 % par rapport à 2020. Les primes brutes ont atteint 6,6 G$, ce qui représente une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente.
Le secteur de l’assurance individuelle et des services financiers affiche un résultat net de 103,2 M$, en hausse par rapport à 2020, alors qu’il était de 37,7 M$. Les nouvelles affaires en assurance individuelle atteignent 52,7 M$, en hausse de 12,4 %. «Bien que la pandémie continue d’avoir un effet négatif sur la vente de certains produits, le réseau de courtage observe une croissance soutenue. L’amélioration de la tarification des produits temporaires, le positionnement du produit d’assurance vie universelle ainsi que la signature de partenariats avec de nouveaux agents généraux sont à souligner», lit-on dans le rapport annuel.
La structure d’entreprise que Mélissa Gilbert a contribué à définir, permet aussi à Beneva d’envisager un regroupement à la fois avec des entreprises par actions et des mutuelles, de même que l’ajout de futurs actionnaires. Beneva disposait d’un capital excédentaire important au 31 décembre 2021, ce qui lui permet de saisir des occasions.
Le jury du Top des leaders de l’industrie financière a adoré la candidature de Mélissa Gilbert et il la considère comme une leader inspirante. Il la nomme Personnalité financière de l’année 2022 et gagnante de la catégorie Leaders/cadres de l’industrie financière. «Elle a joué un rôle de premier plan dans l’intégration de SSQ et La Capitale et dans les synergies qui en ont découlé, ainsi que dans la conclusion du partenariat avec le Groupe Alithya. Elle est une leader dans une classe à part, qui contribue à faire une différence pour l’entreprise, les employés et l’ensemble des parties prenantes. Bravo pour les initiatives en développement durable.»
Mélissa Gilbert a ainsi piloté la conclusion d’un partenariat stratégique de 10 ans avec le Groupe Alithya pour la gestion d’une portion des projets technologiques de Beneva. «Ma contribution a beaucoup consisté à convaincre les parties prenantes du fait que ça pourrait fonctionner et être bénéfique», explique-t-elle.
Ce partenariat a impliqué la vente à Alithya de la participation minoritaire de La Capitale dans R3D Conseil, en échange d’une participation dans son capital-actions.
Pour 2021, ce partenariat a contribué pour environ 20 % de la capacité en technologies de l’information de Beneva, évalue Mélissa Gilbert. «C’est un grand partenaire qui apporte de la stabilité et pallie les besoins immenses que l’on a en matière technologique en raison de l’intégration, vis-à-vis d’une main-d’oeuvre qui est très demandée», signale-t-elle.
Dans le cadre de la fusion, Beneva a réalisé des investissements dans ses systèmes technologiques. «On a pratiquement tout changé, évoque Mélissa Gilbert. On a pris le meilleur des deux mondes, mais parfois, on n’a choisi ni l’un ni l’autre des systèmes existants et on a implanté un nouveau logiciel.»En 2022, les systèmes comptables, de placement, d’approvisionnement et d’actuariat ont ainsi tous été mis à niveau, indique l’assureur. Mélissa Gilbert et ses équipes ont aussi créé un régime d’achat d’actions offert à tous les employés permanents.
Parcours inspirant
Mélissa Gilbert est administratrice de sociétés certifiée et Fellow comptable professionnelle agréée. Elle a grandi à Montréal, a obtenu son baccalauréat en comptabilité à HEC Montréal, et a fait son entrée chez Ernst & Young à titre d’auditrice en 1999. Elle a travaillé d’abord dans la métropole, puis a été transférée à Québec. En 2004, elle s’est tournée vers le secteur privé, avant de revenir chez Ernst & Young en 2007, cette fois au bureau de Calgary. C’est là que sont nées ses jumelles, et cet heureux événement l’a ramenée au Québec, après trois ans en Alberta.
«Calgary a été un tremplin pour la suite de ma carrière», affirme Mélissa Gilbert. Elle n’y a pas travaillé à titre d’auditrice, mais plutôt au sein des secteurs acquisition et fusion d’entreprises, ainsi que dans l’équipe de redressement d’entreprises. «Ç’a été très formateur, et cela m’a offert une expérience différente de celle des gens de mon âge, ce qui a fait que j’ai pu avoir mon premier poste de CFO [chief financial officer, ou directrice des finances] à 31 ans», explique-t-elle.
En août 2010, Mélissa Gilbert s’est ainsi jointe à R3D Conseil à titre de vice-présidente exécutive et chef des services financiers, et a eu l’occasion d’y procéder à des acquisitions et à des transformations afin d’aller chercher de la profitabilité. «La transformation d’organisations, c’est le thème qui revient beaucoup dans ma carrière. S’il n’y a pas de grands projets ou la volonté de bâtir quelque chose de plus grand ou d’aller plus loin, ce ne sont pas des entreprises qui me rejoignent. Il faut que ça bouge.»
En 2014, elle a rejoint Norda Stelo comme vice-présidente, finances et technologies de l’information, une firme de génie-conseil plongée au coeur d’une grande transformation. Mélissa Gilbert est arrivée-là comme membre de la nouvelle équipe de direction de la firme jusqu’alors connue sous l’appellation Roche Groupe-Conseil, et qui avait fait l’objet de discussions dans le cadre de la commission Charbonneau portant sur le financement illégal des partis politiques. «La firme devait se transformer, changer sa gouvernance, mettre des contrôles en place et montrer patte blanche, ce qui m’a beaucoup animée», raconte-t-elle.
Mélissa Gilbert a ensuite accepté le poste de directrice des finances dans une autre organisation en 2017, avant de recevoir, l’année suivante, un coup de fil de Jean St-Gelais, alors président et chef de la direction de La Capitale.
«Nous nous sommes rencontrés et ça a vraiment cliqué, relate Mélissa Gilbert. Il voulait apporter une grande transformation à La Capitale, et c’est ce que je recherchais comme défi.»
Elle y est entrée en décembre 2018 comme vice-présidente exécutive aux affaires financières, à l’actuariat corporatif et à la gestion des risques. Moins de quatre mois plus tard, elle sondait l’intérêt de Jean St-Gelais de retenter le regroupement SSQ-La Capitale. «Ça me semblait trop évident que ces deux sociétés devaient travailler ensemble», dit-elle.
En janvier 2020, le regroupement des deux mutuelles était officiellement annoncé. Pour Mélissa Gilbert, plusieurs facteurs ont favorisé la fusion, dont son timing. Comme Jean St-Gelais et Jean-François Chalifoux étaient en poste depuis quelques années, ils avaient eu le temps de réaliser beaucoup de choses de part et d’autre. Cela apportait une plus grande ouverture de leur part.
La consolidation du marché a aussi pesé, d’après Mélissa Gilbert. Les défis d’investissements, autant technologiques qu’en matière de conformité, étaient importants, «et tout le monde s’est dit qu’en étant plus gros, cela changerait les choses. D’autant que les deux organisations étaient ambitieuses et que, pour percer le marché canadien, par exemple, il fallait avoir une certaine taille».
Ensuite, il y avait une volonté de voir ce regroupement s’effectuer d’égal à égal. «Compte tenu que les deux entreprises avaient une belle maturité, une belle grandeur et une bonne solidité financière, si l’un avait acheté l’autre, ça n’aurait pas fonctionné», selon elle.
Un autre élément des plus significatifs a été la confiance. «C’est très intangible, mais dès le départ, toutes les parties ont signalé leurs préoccupations et ont été en mode solutions.» L’un des signes de cette confiance, estime Mélissa Gilbert, est le fait que les deux mutuelles aient décidé de faire appel à la même firme d’avocats et à la même firme comptable pour travailler au regroupement. «Cela ne se fait à peu près jamais, et a sans doute évité bien des chicanes, en plus d’aider grandement à accélérer le processus.»
Trois mois après l’annonce du regroupement, le Québec était frappé par l’urgence sanitaire causée par la COVID-19.
Le regroupement étant conditionnel à plusieurs autorisations, dont celles de l’Autorité des marchés financiers et du ministère des Finances, la situation est devenue préoccupante en raison des délais que cela pouvait occasionner. «Nos deux mutuelles devaient aussi obtenir l’aval de leurs mutualistes, mais tout a fini par se régler, avec seulement un petit décalage.»
L’Assemblée nationale du Québec, qui avait recommencé à siéger, a adopté les deux projets de loi d’intérêt privé autorisant la fusion de SSQ Assurance et de La Capitale Assurances pour le 1er juillet.
«Je suis très fière de la transaction et de ce que l’on est en train de bâtir. Il y a la gouvernance, mais aussi tous les gens avec qui on travaille. C’est incroyable le niveau de collaboration, d’écoute, d’entraide et d’engagement de la part des employés.»
Le plan pour 2023 consiste à consolider ce qui a été bâti, en tenant compte de l’implantation de la nouvelle norme comptable IFRS17 (entrée en vigueur le 1er janvier 2023).
«C’était majeur, car non seulement il fallait changer tous les logiciels comptables et d’actuariat ainsi que les bases de données afin que, dès le 1er janvier, il y ait une seule compagnie, Beneva, avec le même logiciel pour tout le monde selon leurs métiers, mais aussi rendre le tout compatible avec IFRS 17. On a tout défini et là ça se concrétise. Il faut le faire vivre pendant une pleine année afin de voir les impacts, alors ça va être un gros morceau de 2023», explique Mélissa Gilbert.
L’autre gros morceau sur lequel prévoit plancher Mélissa Gilbert en 2023 concerne les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Historiquement, comme mutuelles, tant La Capitale que SSQ y ont été sensibles, selon elle.
Les facteurs ESG font partie intégrante de la gestion des affaires chez Beneva. SSQ Assurance a été, en 2008, la première compagnie d’assurance canadienne à devenir membre signataire des principes d’investissement responsable de l’ONU.
L’entreprise applique une politique d’investissement responsable. Ainsi, l’empreinte carbone des portefeuilles des fonds généraux, incluant les obligations et les actions, est de 40 % inférieure à celle de l’indice de référence au 31 décembre 2021, selon une mesure effectuée.
Beaucoup d’actions sont ainsi accomplies un peu partout dans l’organisation, mais pas de façon concertée. «Notre volonté est d’avoir une image complète et de définir l’ambition qu’on veut se donner .»