L’industrie des services financiers a beaucoup évolué dans les dernières années et continuera à le faire de manière probablement encore plus rapide, estime Claude Paquin, président, Québec, IG Gestion de patrimoine. Pourtant, il n’hésiterait pas à embrasser de nouveau la profession.
«Notre industrie est très conservatrice et parfois lente à réagir, mais présentement on vit des choses extrêmement stimulantes. Je crois fermement qu’on va voir plus de changements dans l’industrie au cours des trois prochaines années qu’on en a vécu dans les 30 dernières», dit-il, en évoquant notamment l’adoption massive de nouvelles technologies.
Il est d’ailleurs formel : les occasions ne manquent pas. «J’entends souvent dire qu’il n’y a plus d’avenir pour les jeunes dans la profession, mais je suis en total désaccord avec ça.»
Des situations qu’il observe en marge de la pandémie actuelle illustrent bien son propos, estime Claude Paquin. Il a, par exemple, constaté qu’un certain nombre d’investisseurs, habituellement autonomes, avaient rejoint un conseiller. «Ces gens n’ont pas de conseillers et font les choses par eux-mêmes, mais pour la première fois, plusieurs nous ont appelés parce qu’ils étaient dépassés par les évènements. Ce qui se passait dans les marchés boursiers était de l’inconnu, car c’était stimulé par une crise sanitaire, ce qui est différent des crises économiques qu’on a connues par le passé.»
Il a également constaté qu’en raison du nombre important de programmes gouvernementaux récemment lancés, plusieurs personnes, souvent des entrepreneurs, ont senti le besoin de bénéficier du soutien d’un conseiller pour les aider à faire le tri et à déterminer quelles informations étaient pertinentes pour eux. Au cours des dernières semaines, IG Gestion de patrimoine a d’ailleurs développé à l’intention des propriétaires d’entreprise des webinaires et des ressources en relation avec le contexte particulier actuel.
Malgré le confinement, ou peut-être justement pour cette raison, le besoin d’être en interaction avec des êtres humains demeure très présent. Les gens ont fondamentalement besoin de parler avec quelqu’un, dit Claude Paquin.
Cette observation conforte son idée selon laquelle la recrudescence des robots-conseillers, des plateformes technologiques et des fintechs ne doit pas être vue comme un obstacle au développement de la profession. «Il s’agit d’outils qui vont aider le conseiller à mieux faire son travail, mais le besoin d’interagir avec un être humain est tout aussi important aujourd’hui qu’il l’était hier».
Une bonne attitude et du travail
«Devenez un expert» est le conseil que lance d’emblée Claude Paquin aux jeunes qui ont l’ambition d’entrer dans la profession. «Développez une expertise, par exemple en fiscalité. Ça va amener énormément de valeur aux yeux de votre clientèle et ça va vous donner confiance», indique-t-il.
Depuis une dizaine d’années déjà, IG Gestion de patrimoine a développé des liens avec le réseau universitaire au Québec et a implanté un programme de stages. Aujourd’hui, le programme est arrivé à maturité et les différents bureaux de son réseau à travers le Québec accueillent au total entre 25 et 30 stagiaires annuellement. «C’est devenu notre pépinière», lance Claude Paquin.
Ces stagiaires sont jumelés à des conseillers seniors dans le cadre de programmes de mentorat et de coaching. Le parcours de ces jeunes peut même prendre la forme d’une transition de la clientèle lorsque le conseiller senior prévoit prendre sa retraite.
Un parcours qui s’adresse aussi bien aux hommes qu’aux femmes, précise Claude Paquin, selon qui de 40 à 44 % des nouveaux conseillers sont des femmes. «Être une femme dans la profession est loin d’être problématique, au contraire, surtout dans un modèle entrepreneurial. Les jeunes femmes qui veulent avoir une famille trouveront cette flexibilité dans un environnement comme le nôtre, c’est tout un avantage et c’est de plus en plus reconnu.»
Selon Claude Paquin, les pratiques ont évolué et l’encadrement de même que le soutien offerts aux jeunes sont beaucoup plus adaptés à la situation des femmes qui désirent fonder une famille qu’il y a peut-être 15 ou 20 ans.
À l’instar du supposé conservatisme de la profession, un autre cliché semble avoir la vie dure. «J’entends parfois dire : moi, j’aimerais y aller parce qu’il y a beaucoup d’argent à faire, indique Claude Paquin. Mais si vous le faites pour l’argent, que c’est là votre principale motivation, vous allez être déçu.» Celui qui a été nommé Fellow de l’Institut québécois de planification financière lance plutôt ce message aux jeunes : «Faites vos devoirs, assurez-vous de vouloir bien servir les gens, bref, de vous mettre dans une position où vous voudrez être réellement au service de votre clientèle.»