Pour éviter une érosion de son portefeuille, Jacques Maurice privilégie une approche conservatrice en tout temps.
«Il faut une politique de placement qui, le plus possible, inclut des titres présentant peu de risques, explique le conseiller principal en gestion de patrimoine au Groupe Jacques Maurice. Nous privilégions les secteurs qui sont moins affectés par les soubresauts de l’économie, comme les banques, les chemins de fer, les pipelines, les entreprises d’alimentation.»
Ces entreprises ont une chose en commun : elles paient des dividendes variant de 3 % à 5 %, qui ont en plus l’avantage d’être imposés à un taux moindre que les intérêts de placement.
«Les investisseurs trouvent un réconfort dans ces titres, ajoute-t-il. Même s’ils ont perdu un peu cette année, ayant enregistré une baisse de 2 % à 3 %, ce n’est rien de majeur comparativement à d’autres secteurs, comme les technologies.»
Faut-il revoir la composition de son portefeuille à l’approche de la retraite ? «Cela dépend vraiment de sa tolérance au risque, soutient Jacques Maurice. La politique de placement n’a pas forcément besoin de changer si le portefeuille est composé de titres sûrs. Ce qui doit être revu à long terme, ce sont les pourcentages entre les titres à revenu et les actions.»
Sécuriser son revenu
Pour se mettre à l’abri des soubresauts de la Bourse, Philippe Pratte, président de Pratte Gestion de portefeuilles, conseille à ses clients à la retraite de détenir l’équivalent de deux ans de revenus au minimum dans un compte à intérêt élevé ou présentant peu de volatilité.
«Cela évite d’avoir à vendre des positions dans un vrai marché baissier, explique-t-il. Le revenu est ainsi sécurisé, le temps que la situation se rétablisse. Aux rencontres annuelles, on planifie avec le client son besoin de liquidités et on renfloue le compte à intérêt élevé au fur et à mesure. Si un client est frileux, on peut prévoir jusqu’à trois ans de revenus.»
Le reste du portefeuille peut être investi en suivant la politique de placement du client. «La retraite n’oblige pas nécessairement à adopter une stratégie plus conservatrice», soutient-il. Tout dépend de sa tolérance au risque et de la qualité des titres détenus.
Le secret réside donc dans une bonne planification de ses besoins et, surtout, de ses dépenses discrétionnaires. «Décaisser 100 000 $ pour un voyage autour du monde qui n’a pas été prévu risque de coûter cher dans un marché baissier, explique Philippe Pratte. Lorsqu’on rencontre le client, on discute de ses projets et on lui rappelle de nous contacter s’il a une idée en tête.»
Un revenu garanti
Pour les retraités qui ont peur de manquer d’argent face à la volatilité ou un éventuel effondrement du marché, certains outils financiers comme la rente viagère sont à considérer. Celle-ci assure d’avoir les revenus nécessaires jusqu’à sa mort, d’autant plus que l’espérance de vie allonge.
«De plus, avec l’âge, on peut avoir moins d’intérêt à suivre l’évolution de son portefeuille, dit André Buteau, planificateur financier et assureur vie agréé chez Financière Liberté 55. Il est toutefois recommandé d’acheter une rente viagère lorsque les taux d’intérêt en vigueur sont élevés.»
La fluctuation récente des marchés ne suscite pas trop d’inquiétudes chez les investisseurs, selon Philippe Pratte. «Le téléphone ne s’est pas encore mis à sonner. Les clients réagissent généralement après trois mois de résultats négatifs. Le rattrapage que l’on a connu à la fin de novembre a permis d’éviter un deuxième mois dans le rouge.»
C’est vrai en tout temps et encore plus quand on est à la retraite ou que celle-ci approche : il faut faire preuve de discipline dans la gestion de ses avoirs. «Il faut s’assurer de faire durer son portefeuille le plus longtemps possible, explique André Buteau. C’est important de prendre le temps de discuter avec le client de l’utilité d’avoir une diversification régionale et sectorielle de ses titres. Et surtout de rester dans le marché. Le pire scénario, c’est d’en sortir quand il est à la baisse et d’y revenir quand il est à la hausse.»