le marché des obligations vertes est en pleine expansion. L’année passée, les émissions d’obligations de ce type à l’échelle mondiale ont totalisé 156,9 G$ US et les experts prévoient qu’elles atteindront les 200 G$ US en 2018, selon un rapport de l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM).

Roger Beauchemin, président et chef de la direction d’Addenda Capital, souligne que les obligations vertes ont déjà franchi le cap des 2 G$ au Canada pendant les cinq premiers mois de 2018.

«Deux milliards de dollars, c’est plus que toute l’année dernière, souligne-t-il. Et le Canada, ça représente quoi ? Deux pour cent de la capitalisation mondiale du côté des actions ?»

Pour le président d’Addenda Capital, ces obligations offrent de nombreux avantages. Le point le plus important étant qu’elles offrent des bénéfices sociaux en plus d’un rendement financier. «Ça donne un pourquoi au placement. Ce n’est pas juste un rendement financier pour le client. Ça lui donne en plus le sentiment d’avoir participé à changer les choses.»

Pour le conseiller, cela lui permet de montrer à son client la raison du placement. «Quand un conseiller dit au client, voici ce que je fais, c’est une chose ; mais quand on lui explique pourquoi on fait les choses, ça devient bien plus accrocheur», estime Roger Beauchemin.

Davantage de travail ?

Émettre une obligation représente plus de travail pour les émetteurs, tient à préciser Roger Beauchemin. Ils ne doivent pas seulement payer les intérêts, mais également démontrer que le produit des obligations a bel et bien mené à certains projets.

Pour le conseiller, c’est aussi un travail d’analyse différent. Bien qu’un émetteur affirme que son obligation est verte, souvent il faut s’en assurer. En ce qui concerne les standards de qualité, si ce qui semble primer sont les Green Bond Principles, beaucoup de conseillers ont leurs propres critères. Ainsi, Addenda Capital a sa propre analyse et classe chaque obligation selon un code de couleurs.

«Beaucoup de facteurs entrent en jeu, explique Roger Beauchemin. On regarde le gain énergétique, si la baisse d’émission de gaz à effet de serre est notable et si la reddition de compte est très importante.»

Pour le moment, la majorité des émetteurs sont du secteur public, mais il est possible que des sociétés décident, par exemple, de lancer un projet pour réduire leur empreinte carbone. À ce moment-là, «il faudra non seulement faire attention à la teneur verte de l’émission, mais également à la qualité du crédit de l’entreprise, prévient Roger Beauchemin. Le travail de validation est double lorsqu’il s’agit d’obligations du gouvernement.»

Des risques équivalents

Roger Beauchemin estime que les risques concernant les obligations vertes sont plus ou moins équivalents à ceux des autres obligations. La plupart des émetteurs sont déjà connus, donc les investisseurs sont informés de leur cote de crédit.

S’il y a moins de liquidités sur le marché des obligations vertes, Roger Beauchemin souligne que, pour le moment, il est «plus facile de vendre ce genre d’obligations que d’en acheter». Le contexte du marché est favorable dans les dernières années, avoue-t-il, mais il estime que les risques ne seraient probablement pas plus élevés que pour les autres obligations dans un contexte de récession.

Sur le plan de la volatilité, cela dépend où se trouve l’émission sur la courbe. Plus l’émission est longue, plus elle risque d’être volatile. «Bien que ça dépende de ce qui se manifeste dans le marché en relation avec les changements de taux d’intérêt», déclare le président d’Addenda Capital.