La turbulence des marchés financiers en 2018 et leur rendement à la baisse risquent de susciter des questions de la part des clients lorsque ceux-ci recevront leurs relevés de rendements et de frais conformément à la phase deux du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2). Ce sera alors une autre occasion pour les conseillers de démontrer leur valeur.
Ainsi, les clients consulteront sous peu leurs nouveaux relevés du MRCC 2 et les marchés n’ont pas apporté leur lot de bonnes nouvelles pour les réconforter.
La fin de l’année 2018 a été difficile pour le S&P 500. Au dernier trimestre de 2018, l’indice américain a connu son pire rendement trimestriel depuis 2008, soit -14,35 %, notait Clément Gignac, vice-président principal et économiste en chef pour iA Groupe financier, dans un récent podcast. Au mois de décembre seulement, le S&P 500 a chuté de 9,2 %, ce qui représente le pire rendement pour un mois de décembre depuis les années 1930.
Cela dit, cette sous-performance est étonnante lorsqu’on considère que la croissance des bénéfices des sociétés du S&P 500 s’est élevée à 25 % en 2018. D’ailleurs, bien que bon nombre d’investisseurs craignent une récession en raison de l’aplatissement de la courbe de rendement des obligations, Clément Gignac rappelle qu’il est arrivé, notamment en 1966 et en 1998, que la courbe s’aplatisse ou s’inverse sans être suivie d’une récession. De plus, la courbe doit demeurer inversée durant plusieurs mois afin qu’on puisse raisonnablement anticiper une récession, souligne l’économiste.
Il estime d’ailleurs entre 20 et 25 % les risques d’une récession, et ce, pas avant 2021. Les facteurs économiques fondamentaux, comme l’inflation et le taux de chômage, restent selon lui somme toute encourageants et pointent davantage vers une prolongation du cycle économique. En fait, «un cycle économique ne meurt pas de vieillesse», résume Clément Gignac.
Paul Smith, président et chef de la direction de l’Institut CFA, allait dans le même sens lors de son passage à Montréal plus tôt en 2018. Rappelant que le cycle économique s’étendait en effet sur une période plus longue qu’à l’habitude, il avait ajouté que l’intensité de la crise de 2008 empêchait le développement de l’optimisme démesuré nécessaire au déclenchement d’une nouvelle crise d’importance.
«Nous sommes dus pour une nouvelle crise. Nous avons eu un incroyable marché haussier et les gens commencent à oublier, avait-il indiqué. Je crois toutefois que les blessures de 2008 sont tellement profondes que nous ne vivrons pas de nouvelle crise avant cinq à dix ans.»
Il avait d’ailleurs ajouté que la réglementation et l’attention qu’on porte à la gestion du risque sont bien supérieures de nos jours à ce qu’elles étaient avant la crise de 2008.
Récession ou pas, les marchés devraient connaître leur lot de volatilité en 2019 et donc amener des occasions. Jean Duguay, premier vice-président et gestionnaire principal chez Gestion de placements Éterna (lire «Des occasions à l’horizon» en page 20 du présent numéro), privilégie les liquidités dans ses portefeuilles afin d’accroître sa pondération dans le marché canadien.
Pertinent, le conseil financier
Dans l’actuel contexte incertain, les conseillers ont l’occasion de démontrer leur valeur ajoutée. Ils devront le faire en soulignant que leur travail va bien au-delà de ce que montrent le rapport sur les frais et celui sur les rendements de MRCC 2.
Un bon conseiller aura non seulement mis en place un plan d’épargne régulier et construit une planification financière solide pour ses clients, mais il s’assurera également que ces derniers gardent le cap sur leurs objectifs dans les bons moments comme dans les moins bons. Un conseiller doit agir comme coach comportemental, pour éviter que les clients ne cèdent à la panique, et rassurer les clients qui veulent souvent savoir s’ils auront assez d’argent pour leur retraite ou pour atteindre d’autres objectifs.
Pour les conseillers, c’est le moment ou jamais de jouer leur rôle de guide auprès de leurs clients, de les éduquer sur les marchés, sur leur portefeuille et sur les stratégies qu’ils utilisent pour les bâtir, en plus de garder l’oeil ouvert sur les occasions que peut parfois amener une vague de volatilité. Par ailleurs, pourquoi ne pas voir la volatilité comme l’occasion idéale pour prendre les devants et communiquer avec les clients susceptibles d’être plus craintifs ?
Il est essentiel d’être en contact avec sa clientèle la plus nerveuse dans les moments difficiles, ne serait-ce que pour lui rappeler de garder ses objectifs à long terme en tête puisque, comme le souligne Clément Gignac, le plus grand risque auquel ils font face est le risque de longévité : «C’est un risque plus important que le prochain tweet de monsieur Trump. Les gens ont tendance à jeter la serviette et à acheter un certificat de placement garanti (CPG). […] Je n’ai pas de boule de cristal pour dire exactement quels seront les rendements en 2019, mais je crois qu’ils seront positifs.»
Quoi qu’il en soit, nous vous souhaitons une bonne année 2019.
L’équipe de Finance et Investissement