Après de cinq ans après avoir reçu l’approbation des autorités de réglementation, les fonds négociés en ­Bourse (FNB) alternatifs liquides ont accumulé plus de 10 milliards de dollars (G$) d’actifs sous gestion (ASG). Cette nouvelle catégorie d’actif, qui n’est plus l’apanage seulement des fonds de couverture, s’avère populaire.

Le ­Règlement ­81-102 sur les fonds d’investissement est entré en vigueur en janvier 2019, permettant aux émetteurs de vendre aux investisseurs individuels des fonds ayant des stratégies d’investissement alternatives. Cela signifie que les stratégies de fonds spéculatifs – telles que les stratégies ­acheteur-vendeur (­long-short), de neutralité ­vis-à-vis du marché (market neutral) et à effet de levier jusqu’à 300 % de la valeur liquidative d’un fonds – peuvent être converties au nouveau format et être accessibles aux investisseurs de détail.

Selon ­Fundata, il existe 167 ­FNB alternatifs liquides provenant de 17 manufacturiers au ­Canada. Le plus important au 30 juin était le ­FNB ­Desjardins ­Alt ­long-court marchés boursiers neutres, avec un ­ASG de 534 millions de dollars (M$).

Les titres à revenu fixe ne sont plus aussi rentables qu’avant

Vu la complexité des marchés à revenu fixe à l’heure actuelle, la production de rendement de revenu et la gestion du risque nécessitent une gestion active comme celle qu’offrent les FNB de titres à revenu fixe de Placements Franklin Templeton.

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La catégorie des ­FNB alternatifs liquides comprend également des stratégies non traditionnelles, telles que les cryptoactifs. Lors de l’« hiver du bitcoin » de 2018, quand la nouvelle réglementation a été finalisée, peu de gens auraient imaginé que les fonds crypto accumuleraient des milliards auprès des investisseurs particuliers quelques années plus tard, rappelle ­Claire ­Van ­Wyk-Allen, directrice générale canadienne de l’Alternative Investment Management ­Association (AIMA).

Or, lorsque les ­FNB de cryptos ont reçu l’approbation réglementaire en 2021, des milliards ont afflué dans les fonds de ­Purpose ­Investments et de ­CI ­Gestion mondiale d’actifs, entre autres. À la fin de cette ­année-là, 5,8 G$ avaient été investis dans 27 ­FNB de cryptomonnaies, indique ­Tiffany ­Zhang, ­vice-présidente recherche et stratégie des ­FNB à la ­Financière ­Banque ­Nationale. Dans ses trois versions de devises, le ­FNB ­Bitcoin ­Purpose totalisait plus de 1 G$ d’actifs au 30 juin, même après qu’un nouvel hiver crypto eût décimé la valeur nette du fonds l’année dernière.

Tiffany ­Zhang fait en outre observer que l’année 2021 a aussi été marquée par la première cuvée de ­FNB « à faible effet de levier », qui utilisent un effet de levier sur les liquidités allant entre 25 et 33 %. Cette catégorie représentait plus de 2 G$ d’actifs sous gestion répartis entre 28 produits au 30 juin, ­précise-t-elle.

Le leader de cette catégorie est la société ­Hamilton ­Capital ­Partners ­Inc., basée à ­Toronto. Rob Wessel, associé directeur des ­FNB ­Hamilton, précise que ces produits n’utilisent pas de stratégies alternatives traditionnelles, mais qu’ils ont atterri dans la catégorie des liquides alternatifs, car aucune autre catégorie ne leur convenait.

« ­La catégorie des alternatifs liquides, quelle que soit la manière dont elle a été envisagée à l’origine, est devenue la structure privilégiée pour l’innovation », ­juge-t-il.

Le ­FNB ­Hamilton ­Enhanced ­Canadian ­Bank exerce un effet de levier de 25 % sur le ­FNB Hamilton Canadian Bank Equal-Weight ­Index. Selon ­Rob ­Wessel, cet effet de levier permet d’aligner la volatilité du fonds sur celle d’une banque canadienne individuelle, tout en offrant 1,25 fois les dividendes et les rendements – si les actions des banques augmentent.

« L’effet de levier est modeste et porte sur des titres ­sous-jacents à faible bêta, ­poursuit-il. Nous n’utilisons pas un effet de levier de 25 % sur le secteur technologique, par exemple. »

La raison de l’utilisation de l’effet de levier sur le ­FNB Hamilton ­Enhanced U.S. Covered ­Call et sur le ­FNB Hamilton ­Enhanced ­Multi-Sector ­Covered ­Call, qui investissent dans des fonds sous-jacents utilisant des options d’achat couvertes, est différente. Les options d’achat couvertes offrent un rendement supplémentaire mais limitent la hausse, de sorte que l’effet de levier vise à compenser ces rendements.

Les trois fonds améliorés représentaient 1,2 G$ d’ASG au 30 juin.

Rob ­Wessell affirme que ces produits ont été lancés dans des « circonstances favorables », mais il ne craint pas que les investisseurs recherchent un rendement plus facile ailleurs maintenant que les taux d’intérêt ont augmenté de façon spectaculaire. Le ­FNB amélioré pour les banques canadiennes affichait un taux de distribution de plus de 7 % au moment d’aller sous presse, tandis que les produits américains et multisectoriels d’options d’achat couvertes affichaient tous deux un taux de distribution de plus de 10 %.

« ­Il ne fait aucun doute qu’à 5,25 %, l’effet de levier modeste demeure votre ami », ­souligne-t-il.

Le ­FNB ­Desjardins ­Alt ­long-court marchés boursiers neutres se classe dans la catégorie plus traditionnelle des fonds alternatifs. Il investit dans des paires d’actions corrélées, en prenant une position longue dans l’une et une position courte dans l’autre. Il est généralement investi dans 30 à 40 paires à la fois, avec une exposition d’environ 1 % à chaque titre, précise ­Philippe ­Martel, gestionnaire de portefeuille chez ­Desjardins ­Gestion internationale d’actifs.

Le fonds est axé sur la préservation du capital et vise une corrélation faible ou nulle avec le marché en général. « Nous avons tendance à mieux performer quand il y a de la volatilité ou des secousses sur le marché », ­commente-t-il.

Il a en outre une évaluation de risque faible et ­Philippe Martel affirme que certains investisseurs l’ont utilisée comme alternative aux liquidités, en particulier avant l’année dernière, lorsque les rendements des produits traditionnels à revenu fixe étaient si bas.

Claire ­Van ­Wyk-Allen est d’avis que la protection contre le risque de baisse pourrait continuer à être une source de croissance pour le secteur des alternatifs liquides, car les investisseurs s’inquiètent du repli des banques et d’une récession prévue de longue date, même si les marchés se sont redressés cette année.

Dans le cadre du règlement ­81-102, les fonds équilibrés sont autorisés à allouer jusqu’à 10 % de leurs portefeuilles à des alternatifs liquides. Cinq ans plus tard, à mesure que les fonds se constituent un historique dans différents environnements de marché, Claire Van Wyk-Allen prévoit que davantage de fonds équilibrés pourraient ajouter une composante d’actifs alternatifs liquides.

« ­La pertinence des alternatifs dans les portefeuilles est démontrée », ­conclut-elle.