Les bénéfices totaux de l’ensemble des assureurs oeuvrant au Québec ont diminué de 9,2 % en 2017, une baisse de 1,2 G$ en un an, à 12,2 G$, selon les données compilées par l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans son Rapport annuel sur les institutions financières.
Les facteurs expliquant cette diminution ne peuvent «être identifiés facilement», mais l’AMF soutient que la réforme fiscale américaine «a certainement eu un impact important sur les résultats des assureurs faisant affaire aux États-Unis».
Lorsqu’on analyse le bénéfice avant impôt en pourcentage des revenus par secteur d’activité des 92 assureurs exerçant au Québec, celui-ci atteint 6,6 % en 2017. Pour parvenir à ce résultat, l’AMF calcule la différence entre le total des revenus, 100,8 G$, et les indemnités et les dépenses, 94,1 G$ en 2017.
Nous constatons d’ailleurs que depuis les cinq dernières années, les bénéfices consolidés ont fondu dans tous les champs d’activité des sociétés d’assurance. De 2013 à 2017, le bénéfice avant impôt en pourcentage des revenus est passé de 15,5 % à 6,6 %. Donc, malgré des revenus en hausse, les indemnités et les dépenses ont augmenté plus rapidement, amenuisant les bénéfices en cinq ans.
Plus précisément, le bénéfice avant impôt en pourcentage des revenus pour les rentes individuelles en 2013 était de 40,3 %, alors qu’il était de 10,6 % l’année dernière. Le champ d’activité assurance vie individuelle a, quant à lui, vu ses bénéfices avant impôt fondre de 32,2 points de pourcentage en cinq ans, et a atteint 7,2 % en 2017.
Des gagnants et des perdants
Industrielle Alliance (iA Groupe financier) consolide sa position à la tête des assureurs au Québec en fonction des parts de marché selon les primes directes souscrites, avec 17,3 % du marché. Desjardins Sécurité financière, la Financière Sun Life et Great-West Lifeco suivent iA Groupe financier avec respectivement 16,5, 13,7 et 13,2 % des parts de marché. Le quatuor d’assureurs représente plus de 60 % du marché des primes directes souscrites au Québec.
En huit ans, soit de 2010 à 2017, iA Groupe financier a réussi à accroître sa part de marché de 4,1 points de pourcentage. Il s’agit de la progression la plus importante de l’ensemble des assureurs faisant des affaires au Québec. Durant la même période, la part de marché de la Sun Life a augmenté et a diminué de manière importante chaque année, passant de 11,6 % en 2010 à un sommet de 15,6 % en 2014, pour finalement terminer l’année 2017 à 13,7 %, et ainsi obtenir 2,1 points de pourcentage de plus en huit ans.
De l’autre côté du spectre, la Financière Manuvie continue d’éprouver des difficultés à maintenir sa place dans le marché québécois. Durant la période analysée, l’assureur canadien a vu sa part de marché fondre de 3,8 points de pourcentage, ce qui en fait la plus importante perte parmi les assureurs de personnes faisant affaire au Québec. En fait, l’année 2010, que Manuvie avait terminée avec 13 % de parts de marché, peut être considérée comme une aberration statistique, puisque généralement la société se situe entre 8 et 10 % en matière de primes directes souscrites dans la province.
Le marché de l’assurance au Québec est généralement difficile à percer pour des sociétés de moindre envergure. Malgré tout, ces assureurs, généralement régionaux et dans des marchés de niches, arrivent à maintenir leur position.
Par exemple, l’assureur maskoutain, Humania Assurance parvient, année après année, à obtenir 0,7 % des parts de marché. La société poursuit actuellement son plan d’expansion canadienne au sein duquel 35 % de ses ventes ont été faites du Québec en 2017, d’après ses résultats annuels.
De son côté, UV Mutuelle garde sa place parmi les grands assureurs d’ici, avec 0,8 % de parts de marché, et ce, malgré des baisses dans la plupart de ses secteurs d’activité en 2017.
Croissance importante
En un an, la croissance des revenus sur les primes souscrites des principaux assureurs faisant affaire au Québec a été de 8 % en moyenne.
Le principal secteur de croissance l’an passé pour ces derniers a été les rentes, et particulièrement les rentes collectives.
Certains assureurs, dont Canada-Vie et RBC Assurances, s’y sont investis cette année, augmentant considérablement leurs ventes dans ce champ d’activité (lire «Popularité grandissante des rentes collectives» en page 12).
En fait, l’ensemble des secteurs d’activité du groupe d’assureurs a connu des augmentations. En assurance vie individuelle, les assureurs ont vu leurs primes directes souscrites augmenter en moyenne de 7,1 % en un an. Great-West (13,9 %), BMO Assurance (11,3 %) et SSQ Groupe financier (10,9 %) ont été les plus performants dans ce secteur l’année dernière, en fonction de l’augmentation de leurs primes entre 2016 et 2017.
De plus, les deux plus grands acteurs en matière d’actif de fonds distincts au Québec restent Sun life et Manuvie, avec respectivement 89 G$ et 102,8 G$ d’actifs. Sur les 327,2 G$ d’actif en fonds distincts cumulés, les deux sociétés canadiennes en détiennent plus de 58 %.
À ce chapitre, les principaux assureurs faisant affaire au Québec ont augmenté leur actif en fonds distincts de 7,8 % en un an.