L’année 2022 n’a pas été de tout repos pour l’industrie financière. La hausse des taux d’intérêt, l’inflation galopante et les impacts de la crise en Ukraine l’ont mise à l’épreuve.
Malgré les vents contraires, avec ses équipes et ses partenaires, Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, a aidé la coopérative à accélérer sa transformation.
Les résultats financiers au 30 septembre 2022 témoignent des défis qu’a affrontés l’institution au cours de la dernière année. Pour la période de neuf mois se terminant à cette date, le Mouvement Desjardins a enregistré des excédents avant ristournes de 1,47 G$, par rapport à 2,55 G$ pour la période correspondante de 2021. Les revenus totaux bruts se sont élevés à 11,6 G$, comparativement à 13,9 G$ en 2021. La dotation à la provision pour pertes sur créances est quant à elle passée de 53 M$ en 2021 à 197 M$ en 2022.
Lire également : Finaliste catégorie institutions financières à portée nationale
«Malgré tout, nous avons connu une période de forte croissance dans plusieurs secteurs, ce qui nous a permis pour la première fois de franchir le cap des 400 G$ d’actif au deuxième trimestre de 2022», note le chef de la direction. Près de 82 000 membres se sont ajoutés à la coopérative en un an, soit la plus forte progression des 20 dernières années. Le financement aux entreprises a notamment augmenté durant cette période. Desjardins a également profité du boom immobilier et des nombreux projets de rénovation de propriétés de ses membres. Enfin, l’entreprise a procédé à plusieurs acquisitions, dont celle des réseaux de distribution en assurance, en épargne collective et en valeurs mobilières d’IDC Worldsource et Worldsource en novembre dernier, une transaction de 750 M$.
Compte tenu de la résilience, de l’adaptabilité et de la proactivité dont a fait preuve l’institution, le jury du Top des leaders de l’industrie financière du Québec nomme Guy Cormier lauréat de la catégorie Institutions financières à portée nationale.
«Il dirige une organisation d’importance systémique au Québec qui connaît de bons résultats. Ses efforts sur le plan des facteurs ESG sont impressionnants et son implication personnelle s’avère exceptionnelle, notamment auprès des jeunes et de l’environnement», souligne le jury.
Guy Cormier a fait ses premiers pas dans l’industrie financière chez Desjardins en 1992. En 30 ans, il a vécu de multiples changements au sein de l’organisation. Il en devient président et chef de la direction en avril 2016. Durant ces années, la plus importante coopérative financière du pays a connu une croissance considérable, à tel point qu’elle regroupe aujourd’hui quelque 7,5 millions de membres et plus de 58 000 employés.
L’année 2022 a testé les capacités d’adaptation au changement de l’institution, qui avaient déjà été mises à l’épreuve durant la pandémie, signale Guy Cormier. En 2020, Desjardins avait dû ainsi en quelques semaines mettre 85 % de ses employés en télétravail et trouver des solutions inédites pour accompagner ses membres qui avaient perdu leur emploi ou fermé leur entreprise en raison de la crise sanitaire.
De nombreux facteurs ont pesé sur les résultats de Desjardins en 2022, notamment l’augmentation des sinistres dans le secteur de l’assurance de dommages, qui a nui aux excédents.
Le retour des automobiles sur les routes après la pandémie, l’augmentation du prix des pièces de rechange et plusieurs événements météorologiques, dont l’ouragan Fiona aux Îles-de-la-Madeleine, ont contribué à faire grimper le coût des réclamations en 2022, indique Guy Cormier.
La baisse des excédents est due également à des investissements dans des projets prévus dans les orientations stratégiques, ainsi qu’à l’augmentation des frais liés au personnel.
Ces résultats ne font pas renoncer Guy Cormier à ses projets de croissance. Desjardins continuera à investir dans son développement, insiste-t-il.
Il injectera notamment 2 G$ par an au cours des quatre à cinq prochaines années pour accélérer sa transformation numérique. La coopérative a créé notamment une enveloppe de 45 M$ pour investir dans des entreprises qui l’aideront à progresser en ce sens.
La raison d’être de cette mutation repose sur la proximité avec les gens.
«Le but de la transformation n’est pas de générer plus de revenus pour les actionnaires ou de devenir la plus grande banque dans le monde, mais de faire que les gens nous trouvent pertinents et aient envie de faire affaire avec nous», affirme le dirigeant.
Élu à la présidence à 46 ans, Guy Cormier est devenu le plus jeune dirigeant de l’histoire du Mouvement Desjardins. Cette facette teinte sa présidence, marquée par le soutien à la jeunesse, un aspect qui a retenu l’attention du jury.
«Dans mon rôle, je trouve important de faire plus de place aux jeunes, de leur donner une voix, de les aider à réaliser leurs ambitions, parce qu’ils contribueront à régler les défis qu’on aura à relever dans les 30 à 40 prochaines années», dit-il.
Depuis quelques mois, Guy Cormier participe à la tournée des régions, organisée conjointement avec le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec. Au sein du Mouvement Desjardins, il a créé un comité consultatif jeunesse composé de membres de 18 à 35 ans. Il est également l’instigateur du programme Tous engagés pour la jeunesse, doté d’une enveloppe annuelle de 50 M$. Depuis 2020, il est parrain et mentor auprès de l’organisme Academos pour guider les jeunes dans leur choix de carrière.
«Alors que plus de 2 200 entreprises québécoises sont sur le point de fermer leurs portes par manque de relève, nous n’avons pas les moyens de perdre un seul jeune qui décroche du système ou qui ne réussit pas à son plein potentiel», martèle le président.
L’avenir de la planète préoccupe également Guy Cormier. Il juge essentiel de prioriser le développement durable et la croissance responsable dans les décisions d’investissement.
«Au cours des 40 dernières années, la croissance s’est faite sans qu’on se préoccupe de la planète. Il y a des dommages collatéraux importants. On ne peut pas continuer à développer nos économies de la même façon», soutient-il.
L’intégration des facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans l’analyse des résultats des entreprises s’impose comme une approche incontournable pour les banques, estime Guy Cormier.
Le Mouvement Desjardins s’est fixé comme objectif d’être carboneutre en 2040. Il prêche par l’exemple en formant ses fournisseurs et ses employés au développement durable. Depuis deux ans, il a mis en place des mesures pour aider les clients à adopter de bonnes pratiques en matière d’ESG.
«On pose des questions très précises à ce chapitre aux entreprises qui nous demandent de les financer. On mesure leurs politiques ESG et on les analyse au même titre que les ratios financiers. On passe notre tour si on ne sent pas que l’entreprise s’est donné des cibles mesurables en la matière.»
Pour Guy Cormier, 2022 est une «année de revirements», où le Mouvement Desjardins a choisi de prendre une position d’accompagnement. «On a ciblé les membres qui avaient des difficultés à rembourser leurs hypothèques ou leurs cartes de crédit, par exemple, et on a mis en place des solutions pour les aider.»
L’année 2023 s’annonce incertaine, mais Guy Cormier voit le verre à moitié plein. Les hausses des taux d’intérêt ne seront pas aussi importantes qu’en 2022, prévoit-il. De là à dire que le pire est derrière nous ? «On est plus conscients de ce qui pourrait se passer. On attaque 2023 avec une posture de bienveillance», affirme le dirigeant.
Guy Cormier prévoit un Mouvement Desjardins bien capitalisé pour gérer ses risques de manière rigoureuse. «Le Mouvement continuera à s’adapter rapidement aux besoins de ses membres et à développer sa présence sur les canaux numériques, et il poursuivra son expansion partout au Canada afin de diversifier ses risques et ses sources de revenus.»