«N’oubliez jamais d’où vous venez et pourquoi vous faites une différence.» Cette recommandation, que plusieurs partenaires d’Assomption Vie ont faite à Sébastien Dupuis lorsqu’il a effectué une tournée canadienne à la suite de sa nomination à titre de président-directeur général, en 2019, il l’a faite sienne.
La mutuelle dont le siège social est à Moncton, au Nouveau-Brunswick, vise à se démarquer par son service à la clientèle et sa gamme de produits distinctifs d’assurance individuelle, d’assurance collective, de placements et retraite (dont ses fonds à date cible) ainsi que de prêts hypothécaires.
Après avoir abandonné son réseau de représentants en 2008, Assomption Vie a noué d’excellentes relations avec les agents généraux. «On a tissé beaucoup de liens sur le plan régional et national, et on a accentué ces relations au cours des deux dernières années, en cherchant constamment à simplifier les processus et à offrir à ces partenaires une solution complète», indique Sébastien Dupuis.
C’est cette motivation qui a mené Assomption Vie à lancer Vesta en 2020, une plateforme de vente de placements qui permet notamment aux représentants de remplir leurs propositions en ligne, en plus d’offrir des fonctionnalités de recherche de clients.
Assomption Vie est aussi une pionnière. «On est très fier d’avoir été le premier assureur au Canada à introduire une plateforme électronique, en 2003», confirme Sébastien Dupuis. Il signale du même souffle que l’instauration de la signature électronique s’est faite chez eux à compter de 2016.
À ce moment, certains conseillers manquaient d’intérêt pour cette plateforme. «Ils n’étaient pas intéressés à apprendre. Il a fallu changer notre approche, faire de la formation et [faire] signer de nouveaux utilisateurs», relate-t-il.
L’assureur de Moncton a acquis, en 2017, Tech Knowledge Solutions (TKS), une firme de services et de solutions technologiques. «Sans cette acquisition, les énormes défis qu’il a fallu relever dans les derniers mois auraient été bien différents», convient Sébastien Dupuis, puisque TKS a contribué au développement de Vesta.
Ainsi, lorsque la COVID-19 a changé la donne, les grandes entreprises du secteur ont dû mettre les bouchées doubles en matière de développement technologique. Assomption Vie, pour sa part, bien qu’elle ne dispose pas des mêmes capacités financières que ses concurrents, du fait notamment de sa structure mutualiste, se trouvait néanmoins «déjà en avant de bien des gens» grâce à son agilité technologique, constate Sébastien Dupuis.
En conséquence, les efforts de la mutuelle ont porté principalement sur l’amélioration de certaines fonctionnalités de la plateforme, ainsi que sur la formation auprès des utilisateurs. Pendant ce temps, «la concurrence a souvent dû introduire de nouvelles façons de faire».
Malgré les défis importants qui ont marqué l’année, Assomption Vie a conclu 2020 avec le troisième meilleur résultat financier de son histoire amorcée en 1903.
La mutuelle a déclaré un actif sous gestion de 2,1 G$, soit une augmentation de 8,8 % par rapport à 2019. Le résultat de l’exercice attribuable aux titulaires de police est de 7,7 M$, en hausse de 3 % par rapport à 2019. Son ratio de solvabilité se situait à 166 % à la fin de 2020, comparativement à 152% en 2019. Son ratio cible de surveillance s’établit à 100 %.
Ce ratio de 166 % confère à l’assureur un coussin de 86,9 M$pour faire face à des imprévus, tout en respectant alors les exigences en matière de fonds propres minimums, selon le rapport annuel 2020 de l’assureur. Assomption Vie a d’ailleurs conservé pour une 21e année consécutive sa cote A-Excellent émise par l’agence A.M. Best.
«La capacité des employés à être résilients, à s’adapter et à vouloir aider», est l’un des principaux facteurs qui ont permis à Assomption Vie «de traverser la crise sans précédent de la COVID-19 et de continuer à offrir tous ses produits et services sans interruption», estime Sébastien Dupuis. Cet engagement de la part de tout le personnel l’a d’ailleurs touché.
Seulement 24 heures ont ainsi été nécessaires pour que l’ensemble des 300 employés que compte l’entreprise, en incluant ses filiales, puissent travailler de la maison de façon efficace, une fois l’état d’urgence déclaré.
S’il évoque quelques ajustements par la suite, Sébastien Dupuis ne tarit pas d’éloges pour tous ces employés qui se sont rapidement convertis au télétravail.
Les programmes destinés à veiller au bien-être et à la bonne santé physique et mentale de ses employés permettent d’ailleurs à Assomption Vie de figurer parmi les meilleurs employeurs du Canada atlantique, selon les éditeurs du palmarès des 100 meilleurs employeurs au Canada.
«Nos programmes couvrent, par exemple, des consultations avec des professionnels en santé mentale et nous offrons une flexibilité dans les heures et modes de travail, en plus de six journées de congé personnelles. Ces mesures sont devenues encore plus cruciales depuis le début de la pandémie», illustre Réjean Boudreau, vice-président et chef du développement organisationnel et expérience client.
Aujourd’hui, environ 25 % des employés sont retournés au bureau. «Le prochain défi sera de trouver comment réintégrer adéquatement nos employés et adapter nos processus, car certains employés ne reviendront pas travailler sur place», explique Sébastien Dupuis.
Le dirigeant est toutefois conscient que ce sont les processus et la structure de la mutuelle acadienne de 117 ans qui ont permis ce rapide déploiement. Il estime ainsi que, malgré le fait qu’Assomption Vie soit «un petit acteur», ses fondations et les composantes de sa structure se comparent à celles des gros acteurs. «On ne fait pas beaucoup de bruit, mais on avance dans la bonne direction.»
À cet égard, Assomption Vie bénéficie du dynamisme de Placements Louisbourg, sa filiale de gestion d’actifs et de planification financière. «On développe certains fonds avec eux, ce qui bonifie notre offre de services sans qu’on ait à les créer à l’interne», illustre le dirigeant.
C’est le cas de la SériesSmart, un produit exclusif à Assomption Vie dont la sélection des fonds et la mise en oeuvre de la stratégie ont été confiées aux gestionnaires de Placements Louisbourg.
Sébastien Dupuis évalue à 2 G$la valeur des actifs sous administration de cette filiale.
Un autre défi de la mutuelle consistera à faire évoluer les choses sur le plan technologique à la même rapidité que l’industrie. Elle est en voie d’y parvenir. «Nous avons une bonne équipe avec notre filiale technologique TKS qui nous permet d’être agiles», estime Sébastien Dupuis.
Assomption Vie a ainsi développé au cours des derniers mois une feuille de route technologique audacieuse, prévoyant des déploiements sur une base régulière jusqu’à la fin de 2025. Aucun détail n’a toutefois été fourni pour illustrer la nature de ces déploiements à venir.
Croître au Québec
Après avoir consenti des efforts au cours des dernières années pour développer le marché ontarien, qui représente aujourd’hui le plus grand marché de croissance de la mutuelle pour chacune de ses lignes d’affaires, selon Sébastien Dupuis, Assomption Vie s’est tournée vers le Québec.
En janvier 2021, Youssef Lahlou a été nommé directeur principal, développement des affaires et chef de la région du Québec, Assurance individuelle et placements. «On a rapidement créé de nouveaux partenariats et on continue d’en créer. On a l’espoir d’aller chercher une bonne part de marché au Québec», ajoute Sébastien Dupuis, sans dévoiler son objectif.
La part de marché d’Assomption Vie, exprimée en primes directes souscrites au Québec, a connu une phase ascendante de 2011 à 2015, passant de 0,13 % à 0,23 %. Depuis son sommet atteint en 2015, cette part a décliné pour s’établir à 0,15 % en 2019, selon le Rapport sur les institutions financières de l’Autorité des marchés financiers. De 2015 à 2019, sa part de marché a décliné notamment dans les secteurs des rentes individuelles et de l’assurance maladie collective.
La démarche présente certains défis, concède Sébastien Dupuis. Par exemple, les consommateurs ont tendance à privilégier les entreprises qui ont un siège social ou une qui ont un siège social ou une forte présence au Québec. Selon lui, le fait que la langue de travail chez Assomption Vie soit le français est un avantage. Le siège social de la mutuelle est installé dans la seule province bilingue au Canada et tous ses employés sont bilingues, «alors servir le client dans les deux langues se fait très bien».
Il est également d’avis qu’il «s’agit d’un marché qui a une affinité directe avec ce qu’on a à offrir». De même, plusieurs membres du personnel de la mutuelle sont originaires du Québec, ce qui est d’ailleurs son cas.
Sébastien Dupuis a grandi à Pointe-aux-Trembles, un quartier situé dans l’est de Montréal. Il a été repêché par les Bisons de Granby de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, une équipe pour laquelle il a gardé les buts pendant trois saisons. En 1995, il s’est joint aux Aigles Bleus, l’équipe de hockey universitaire de l’Université de Moncton.
Sébastien Dupuis a toujours accordé une grande importance aux études. Il attribue à son père, qui était professeur de mathématiques, une certaine part de son goût pour les chiffres. Il détient ainsi un baccalauréat en administration des affaires de l’Université de Moncton, ainsi qu’un titre de comptable professionnel agréé (CPA).
Il a d’abord joint les rangs de KPMG (1998-2001), puis a rapidement fait sa place au sein d’Assomption Vie. «J’ai toujours eu un désir profond d’aider, et l’esprit familial, l’esprit d’équipe qui se dégage d’Assomption Vie représentait un jumelage parfait avec ce que j’avais vécu et les valeurs inculquées par mes parents, par exemple le fait d’être ouvert d’esprit et à l’écoute des autres», raconte Sébastien Dupuis.
Il s’est donc intéressé à un poste d’auditeur interne, mais ne l’a pas obtenu. «On m’a toutefois rappelé pour m’offrir un poste d’analyste financier. C’était exactement ce que je recherchais. J’ai accepté et, 20 ans plus tard, j’y suis encore.»Sébastien Dupuis est promu directeur des finances en 2005, puis devient vice-président, chef de la direction financière de l’entreprise en 2015. C’est en janvier 2019 qu’il est nommé président-directeur général d’Assomption Vie.
Aujourd’hui âgé de 46 ans, le gestionnaire estime que son expérience de la pratique d’un sport de haut niveau a fortement nourri sa culture du travail en équipe, et qu’elle colore nécessairement son leadership.
«Un gardien [de buts] voit son équipe évoluer sur la glace et tout le jeu se développer devant lui. Il doit anticiper, puis réagir en conséquence. Cette capacité à m’adapter aux situations a fait de moi l’homme que je suis devenu», illustre-t-il.
Cette aptitude, qui lui a bien servi au cours des derniers mois, risque d’être également bien utile dans les années à venir. Si la pandémie a bouleversé les pratiques dans l’industrie, Sébastien Dupuis s’attend à ce que cette évolution s’accélère encore, que ce soit sur le plan de la réglementation ou sur celui du recours à la technologie. Pour son équipe, le défi consiste «à s’adapter à tous ces changements, puis à continuer à se battre et à innover dans un tel contexte», dit Sébastien Dupuis, qui compte sur une unité consacrée à la cybersécurité.
L’objectif de la mutuelle reste de servir ses clients le mieux possible. «On est résilient, on a de très bons partenaires, on a toujours été à l’écoute de partenariats bénéfiques pour nous aider à mieux remplir notre mission. On peut continuer à faire une différence.»