Une étude de Morningstar a révélé que 24 fonds indiciels durables sur 26 ont surpassé leurs pairs à la suite du krach boursier de mars dernier. De tels résultats contribuent à dissiper le mythe selon lequel les investisseurs ESG sacrifient les rendements, d’après les experts du secteur.
«Il n’y a aucun préjudice à investir dans une optique ESG», commente Ian Tam, directeur de la recherche sur les investissements de Morningstar au Canada.
Davantage de recherches seraient toutefois nécessaires pour expliquer pourquoi les fonds ESG ont surperformé, estime Melanie Adams, vice-présidente et directrice de la gouvernance d’entreprise et de l’investissement responsable chez RBC Gestion mondiale d’actifs. Elle est toutefois d’avis que cela tient peut-être au fait qu’ils sont souvent fortement axés sur les valeurs technologiques (dont beaucoup ont enregistré une forte croissance pendant cette période) et peu sur le pétrole et le gaz – un secteur qui a connu des difficultés lorsque la pandémie a frappé.
Kevin Prins, responsable de la distribution des fonds négociés en Bourse (FNB) et des comptes gérés chez BMO Gestion mondiale d’actifs, signale pour sa part l’importance tout particulièrement associée au «G» d’ESG en période de turbulences des marchés.
«Le facteur de gouvernance est un bon indicateur qui signale quelles sont les entreprises susceptibles de résister à la tempête», souligne-t-il.
Dustyn Lanz, chef de la direction de l’Association pour l’investissement responsable (AIR), ajoute que les critiques qui espéraient que la crise de la COVID-19 allait en quelque sorte permettre de confirmer leur suspicion quant à la sous-performance des fonds ESG en seraient quittes pour une mauvaise surprise.
«En réalité, la crise a confirmé ce que les universitaires et les investisseurs responsables avancent depuis des années : que l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans vos décisions d’investissement peut aider à mettre en évidence des risques et des occasions qui ne sont pas toujours visibles avec les seuls paramètres financiers traditionnels», précise-t-il.
Selon lui, les mesures ESG permettent aux investisseurs d’évaluer les entreprises et leurs équipes de direction «de manière plus holistique».
La popularité des fonds ESG semble se confirmer. Selon Morningstar, au cours du premier trimestre de 2020, les flux d’entrée dans les fonds durables ont dépassé les flux d’entrée pour toute l’année 2019.
«C’est une grande avancée pour le marché de la vente au détail, estime Dustyn Lanz. Nous le voyons par l’augmentation des flux de fonds vers les produits ESG, comme le montrent les données de Morningstar, et cela laisse entendre que le marché de détail est sur le point d’exploser.»
Il croit que cette situation pourrait marquer un «changement de paradigme» dans le domaine de l’investissement, et que l’évolution technologique y aurait contribué en attirant l’attention des investisseurs du monde entier sur les risques de l’ESG.
«Nous sommes à l’ère des médias sociaux, dit-il. Quand une usine s’effondre, quand les gens manifestent dans les rues, quand il y a un feu de forêt, quand le plastique s’échoue sur les rivages, les gens le voient.»
La diversification géographique de votre portefeuille d’investissement était un concept innovateur il y a une génération, alors que c’est maintenant pratique courante, illustre Dustyn Lanz. L’intégration des facteurs ESG finira par devenir un argument de base pour les conseillers qui espèrent attirer et conserver des clients, prédit-il.
«Les clients sont vraiment intéressés par les facteurs ESG, constate Melanie Adams. Mais tous les conseillers ne sont pas toujours prêts à parler aux clients [d’ESG].»
Si vous ne vous êtes pas préparé à aborder les questions d’ESG avec les clients, c’est peut-être le bon moment pour le faire.
«Vous devez en fait avoir un processus [ESG] réfléchi, conclut Kevin Prins. C’est un changement fondamental pour toute l’industrie.»
Traduction d’un article d’Investment Executive