À la fin du mois de décembre, Ipsol Capital a annoncé à sa clientèle que la firme allait fermer ses portes en février.
Joint par Finance et Investissement, le chef des placements, Jacques Lussier, a expliqué que les 500 à 600 M$ en actif sous gestion (ASG) d’Ipsol seront placés à la convenance de ses clients existants.
« Il est possible que l’on vende nos actifs intellectuels, modèles et outils de gestion de porte-feuille », précise-t-il.
Selon le cofondateur d’Ipsol, la pression exercée par des géants d’actif proposant des stratégies d’investissement similaires à celle d’Ipsol était carrément devenue intenable.
« Le marché de l’approche multifacteurs est devenu de plus en plus concurrentiel avec l’entrée en scène, en 2015, de nombreux arrivants, des géants de la gestion d’actif comme Russell et DFA. Les produits sont devenus difficiles à différencier. Il faut être un grand spécialiste pour en apprécier les nuances », déclare Jacques Lussier.
Lorsqu’Ipsol Capital a ouvert ses portes, en 2014, l’approche multifacteurs était peu répandue. Les quelques grandes firmes qui en faisaient usage affichaient alors des frais de gestion d’environ 40 points de base.
Aujourd’hui, les frais de gestion relatifs à des stratégies similaires sont passés sous les 20 points de base. Dans le cas de stratégies multifacteurs de type indiciel, précise Jacques Lussier, les frais ont déjà baissé sous la barre très symbolique des 10 points de base.
« Dans ces conditions, il est devenu très difficile de rentabiliser une petite firme de gestion de portefeuille comme la nôtre », constate-t-il.
En 2014, Ipsol pouvait rationnellement envisager d’atteindre la rentabilité avec 500 ou 600M$ en ASG. Aujourd’hui, explique Jacques Lussier, il faut plus de 1G$ en ASG, étant donné que des frais de gestion de 10 points de base génèrent des revenus de 1 M$. « Il faut payer des salaires à six, sept ou huit personnes, développer des systèmes informatiques, faire de la vente… », rappelle le chef des placements.
Ipsol Capital était pris dans un engrenage. Il lui fallait croître très rapidement afin d’affronter une concurrence de plus en plus féroce dans un créneau, l’approche multifacteurs, qui devenait une commodité.
Dans un article publié en décembre 2017, Finance et Investissement signalait qu’avec Ipsol Capital, « Jacques Lussier mène sa troisième carrière ». Aujourd’hui, il en prépare une quatrième. Dans un créneau peu touché par la guerre des frais de gestion ?