«Un vent d’inquiétude souffle chez VMD» titrait Finance et Investissement dans son édition de 2019 du Pointage des courtiers québécois. Eh bien, ce vent semble baisser chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD), même si bon nombre de conseillers sont insatisfaits, montre le sondage mené dans le cadre de son édition 2020.
Comment les conseillers évaluent-ils leur firme ? : Consultez le tableau du Pointage des courtiers québécois
Bien que de nombreux conseillers déplorent l’instabilité de l’équipe de direction de VMD dans la dernière année, une part grandissante de conseillers en placement (CP) de la firme de courtage gardent espoir et se montrent rassurés par la nouvelle direction menée par Marjorie Minet, vice-présidente, Services-conseils en gestion de patrimoine au Mouvement Desjardins.
Une minorité de répondants restent optimistes face aux changements à venir, les qualifiant d’intéressants. «Il y a eu un gros ménage chez VMD et il a été fait pour le mieux», dit un des participants au sondage.
«Je suis très à l’aise avec la nouvelle direction, parce que je connais la personne et ses enjeux. Elle n’est pas là pour son capital politique, comme l’ancienne direction», juge un autre CP de VMD. «On a eu beaucoup de mouvement dans la dernière année, mais j’apprécie la vision de la nouvelle équipe et les possibilités d’avenir», dit un autre.
Ces avis tranchent avec ceux récoltés lors du sondage de 2019. Une forte majorité de sondés exprimaient alors leur mécontentement, principalement par rapport à l’incertitude concernant la rémunération, les récents changements organisationnels et l’avenir de VMD au sein du Mouvement Desjardins.
La nouvelle direction de VMD, en poste depuis octobre au terme d’une restructuration menée l’automne dernier, doit encore gagner la confiance d’une part significative de conseillers, révèle le sondage de 2020.
En effet, en 2020, l’Indice FI de VMD se chiffre à 7,6 sur 10, soit son niveau le plus faible depuis 2015. Il avoisine ainsi son niveau enregistré en 2014, avant l’arrivée de Luc Papineau à la tête de la firme.
«On a perdu toute notre direction. Un de nos collègues est parti à la retraite. Un autre est allé chez le compétiteur. Ça va mal chez Desjardins», témoigne un répondant.
Au critère de la stabilité du leadership, la note de VMD est passée de 8,6 sur 10 en 2019 à 6,0 en 2020. D’autres notes sont en baisse, dont celles pour la culture d’entreprise (8,5 en 2019 contre 7,4 en 2020), la réceptivité aux commentaires et opinions (8,5 en 2019, 7,3 en 2020), et l’efficacité des communications internes (8,7 en 2019, 7,4 en 2020).
Ces communications connaissent des ratés. «On veut savoir où on s’en va», dit un CP. «Ils nous ont caché les changements pendant des mois, depuis le congrès de 2018», déplore un autre.
Quelques CP sondés déplorent le manque de clarté sur la vision à long terme pour VMD. «Il y a beaucoup d’incertitude et un manque de transparence à notre niveau», soutient un conseiller. «Ma perception est qu’ils [les membres de la direction] ne savent pas où ils s’en vont», dit un autre.
En discutant avec elle, on constate que Marjorie Minet a bel et bien une vision pour VMD, comme on peut le lire dans «Objectif : rassembler et bâtir». Selon elle, l’ADN d’entrepreneur des CP de VMD est une force pour le Mouvement Desjardins, tout comme la complémentarité de ses différents réseaux de distribution.
Rebâtir la confiance
Pour raffermir la confiance des CP, VMD devra probablement accroître sa réceptivité aux commentaires exprimés par ses conseillers. «On envoie souvent des courriels à la direction, et une fois sur deux, on n’a pas de réponse. Et ce n’est pas clair», se plaint un conseiller sondé.
Certains conseillers suggèrent de mieux leur communiquer le plan d’affaires de VMD, d’augmenter la rémunération des CP et de les libérer de leurs tâches répétitives afin qu’ils se concentrent sur le développement des affaires.
«Régler les problèmes informatiques, c’est long. Il faudrait y investir temps et argent», propose un autre sondé.
À l’instar d’autres courtiers de plein exercice, VMD connaît des défis sur le plan technologique, notamment en ce qui concerne le logiciel de gestion de la clientèle (front office) et la technologie de soutien administratif (back office, ou arrière-guichet). (Lire «Défis récurrents» en page 10.) Le courtier obtient 7,4 sur 10 à ces deux critères.
«Il y a une certaine lourdeur avec les outils, mais je sais que VMD veut améliorer cette situation», dit un répondant par rapport à l’arrière-guichet. «Il y a eu une implantation d’un nouvel outil qui va nous amener plus loin. Peut-être que ce déploiement, cette nouvelle méthode de travail doit être améliorée en continu», explique Marjorie Minet.
Pour ce qui est du front office, certains répondants notent des «lacunes sur le plan du logiciel de client relationship management (CRM)», ce qui crée des problèmes de suivi. Un sondé restait optimiste, car des changements s’en viennent. «Il y a du travail à faire là-dessus. Il faut qu’on passe une étape à la fois», commente Marjorie Minet.
Par rapport à la moyenne de ses pairs, VMD a une meilleure note pour la technologie utilisée pour la planification financière (8,5 sur 10) et pour son soutien dans l’utilisation des médias sociaux (7,6).
«On a engagé des coachs spécialisés pour notre force de vente et notamment sur le logiciel de planification financière [NaviPlan]. Un nouvel outil, c’est très bien, mais il faut de l’accompagnement pour lui faire prendre tout son sens», explique Marjorie Minet.
L’approche est la même pour les médias sociaux. «Lorsqu’il y a une volonté, des objectifs à atteindre, une stratégie de communication et qu’on appuie avec un programme de coaching, les choses avancent efficacement et rapidement», dit-elle.
VMD devra toutefois travailler sur deux éléments pour lesquels sa note a baissé, soit son soutien à l’exécution de stratégies d’assurance de personnes (7,3 sur 10 en 2019, 5,8 en 2020) et son programme de relève (8,5 en 2019, 6,8 en 2020).
Pour le premier critère d’évaluation, un répondant déplore le «manque de ressources et d’accompagnement». Pour le second, un sondé juge que «la transition est trop courte. On pourrait revoir le modèle sur une période de deux ou trois ans.» Un autre dit qu’«il y a un programme, mais ce n’est pas très bien publié et les règles ne sont pas claires».