Le conseiller Aimé Bertrand, 75 ans, veille sur une clientèle qui est, en majeure partie, à la retraite et décaisse ses épargnes. Vétéran du monde de l’assurance, ce conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective lié aux Services d’investissement Quadrus privilégie les fonds distincts, mais pas exclusivement, comme en rend compte la sélection de fonds dont il nous entretient ici.
La clientèle d’Aimé Bertrand est réceptive aux garanties offertes par les fonds distincts, surtout les plus âgés qui font très souvent appel à la garantie de 100 % du capital. C’est un plancher qui offre sécurité et stabilité dans les temps difficiles. «En 2008, quand tout brassait dans les marchés, on a reçu seulement deux appels paniqués de la part de nos 3 000 clients. Pendant ce temps, bien des collègues m’appelaient et ne savaient plus où donner de la tête.»
Ses clients auront bien besoin de sécurité avant longtemps, juge le conseiller, qui voit venir des temps difficiles dans les marchés financiers, surtout aux États-Unis. Selon lui, le Canada est épargné en partie grâce à une gestion plus conservatrice et une remontée déjà amorcée des cours pétroliers. Il n’entrevoit pas une chute subite des cours des actions américaines, mais plutôt une lente et pénible descente qui risque de miner les portefeuilles de bon nombre.
«Depuis le sommet [de l’indice Dow Jones] de 26 000 atteint par la Bourse américaine, dit-il, nous insistons auprès de nos clients pour qu’ils sortent des actifs américains. Nous les orientons vers l’Europe, qui est passée par le désert au cours des dernières années et où le potentiel boursier est maintenant plus élevé.»
1. Fonds de revenu prudent (gsp)
Manufacturier : La Great-West, compagnie d’assurance-vie
Offre initiale du fonds : octobre 2009
Actif sous gestion (ASG) (31 mars 2018) : 37,8 M$
Ratio des frais de gestion (RFG) : de 2,6 % à 2,8 %, selon la garantie
Rendement annualisé depuis 15 ans : 3,2 %
Voici un fonds qu’on ne choisit pas pour la performance, mais bien pour la sécurité. Formé majoritairement de titres obligataires de Great-West et de titres hypothécaires, il vise par-dessus tout à procurer un flux constant de revenus.
Son rendement depuis la création le situe sensiblement en-deçà de son indice de référence (Indice équilibré canadien – axé sur le revenu fixe, Fundata). Par contre, son niveau de volatilité est très faible, et son écart-type sur trois ans, de seulement 3 %, selon Fundata.
L’intérêt majeur du fonds tient par-dessus tout au type de produit garanti de Great-West dans lequel il s’inscrit : la garantie de revenu viager (GRV). Il s’agit d’une famille étendue de fonds «avec lesquels je peux garantir à mes clients un revenu à vie», explique Aimé Bertrand.
Ce type de produit, très populaire avant la crise financière, a depuis perdu en faveur. Il revient ici avec des atours nouveaux. La GRV est une option qui peut être ajoutée en tant que police d’assurance à un fonds distinct, ou retirée. Tant qu’elle est active, elle garantit à son titulaire un revenu fixe (de 3 % pour une personne de 50 ans, jusqu’à 5 % à 75 ans), quel que soit l’état du portefeuille sous-jacent. Si les sommes sont épuisées, le revenu continue d’être versé au client jusqu’à son décès. Si l’actif augmente, le taux de revenu peut être augmenté à intervalles de trois ans où la nouvelle base de revenus peut être cristallisée.
Aimé Bertrand recourt régulièrement à ce fonds de Great-West au lieu d’un fonds commun obligataire courant. Toutefois, juge-t-il, puisqu’il n’est pas certain que le fonds pourrait bien traverser la hausse des taux d’intérêt en cours, le conseiller envisage de déplacer plusieurs clients vers le fonds immobilier de la famille GRV.
2. Portefeuille fidelity
équilibre mondial
Manufacturier : Fidelity
Création : avril 2007
ASG (26 avril 2018) : 3 G$
RFG (série A) : 2,45 %
Rendement annualisé depuis sa création : 4,31 %
Aimé Bertrand n’est pas pieds et mains liés aux fonds distincts. La preuve : ce fonds, et le suivant. Celui-ci de Fidelity est un fonds de fonds mondial de composition équilibrée neutre correspondant à 60 % d’actions et à 40 % d’obligations. Il vise à la fois la croissance du capital et le revenu, «qui peut aller jusqu’à 6 %», note le conseiller.
La partie actions de ce portefeuille trouve son compte au Canada, aux États-Unis et en Europe, jusqu’aux marchés émergents en recourant autant à des fonds (par exemple, le fonds Fidelity Marchés émergents, série O) qu’à des fiducies (par exemple, la Fiducie de placement Fidelity Actions internationales). Côté obligations, le même mélange de fonds et de fiducies prévaut, mais le gestionnaire est prêt à recourir à des fonds négociés en Bourse (FNB), comme le iShares TIPS Bond ETF, à hauteur de 1,5 % du portefeuille.
La volatilité affichée est de faible à moyenne, avec un écart-type annualisé de 7,07, et il suit de très près son indice de référence (ratio R2 de 0,94). Un point fort du fonds, selon Aimé Bertrand, tient au duo de gestionnaires, Geoffrey Stein et David Wolf, «qui donnent un feedback constant sur leur activité», dit-il.
3. Fonds de ressources canadiennes (série quadrus)
Manufacturier : Placements Mackenzie
Création : août 2002
ASG (31 décembre 2017) : 750 M$ RFG : 2,66 %
Rendement annualisé depuis 15 ans : 4,52 %
La sélection de ce fonds est parfaitement inattendue de la part d’un conseiller qui affirme viser avant tout la stabilité et la sécurité. «Les rendements de ce fonds peuvent être extrêmes», reconnaît Aimé Bertrand.
Et comment ! Après avoir plongé de 56,3 % en 2008, le fonds a rebondi de 66,9 % l’année suivante. Des chutes de 16,5 % et 22,8 % en 2014 et 2015 ont été rattrapées en 2016 avec un bond de 51,6 %. Pas pour les esprits nerveux. Toutefois, «pour mes clients qui sont plus à l’aise, je ne crains pas d’assigner à ce fonds une part de leur portefeuille – pas plus que 15 %.» Une allocation quand même importante. «Pour un client fortuné, il s’agit de la part à haut rendement de son portefeuille», affirme le conseiller.
Le fonds investit surtout au Canada (à hauteur de 55 %) et aux États-Unis (31 %), essentiellement dans des sociétés de pétrole et gaz (49 %) et de mines et métaux (24 %), le reste est éparpillé dans divers secteurs, notamment de papier et produits forestiers (6,6 %), d’équipement et de services énergétiques (5,7 %).
Cette sélection inattendue comporte une part de «market timing». Parce qu’il est gestionnaire d’une société d’exploitation diamantaire, Aimé Bertrand est syntonisé au secteur des ressources. Après avoir été négligé et abandonné pendant 15 ans, «je crois que ce secteur est prêt à rebondir, dit-il, un nouvel engouement est en train de se mettre en place». Si c’est le cas, ses clients pourraient en profiter.