«Beaucoup de conseillers approchent l’investissement avec un miroir ; ils achètent ce qui a bien performé dans les dernières années, mais tard dans le cycle d’un fonds, souvent juste avant que ça crève, dit Daniel Charron, conseiller chez Investia, à Brossard. Pour ma part, je cherche un processus qui offre des résultats constants, qui se répètent. C’est certain que ça demande plus de travail, plus de suivi.»
Le conseiller se définit comme un investisseur de style croissance, «mais protégé», ajoute-t-il. Il vise à rendre ses portefeuilles résistants en situation de baisse de marché, tout en tâchant de capter au moins de 80 % à 90 % des hausses.
Pour l’instant, l’horizon des marchés demeure dégagé selon le conseiller, qui ne prévoit pas une récession avant 2020-2021. Certes, la guerre tarifaire engagée par le président Trump pourrait susciter de l’inflation, poussant les banques centrales à hausser les taux d’intérêt et menant à des soubresauts économiques. «Cela dit, il reste à voir jusqu’où Trump va aller», précise Daniel Charron.
Or, on a beau critiquer le président américain, ajoute-t-il, son effet s’est avéré plus positif que négatif jusqu’ici sur les marchés : «Ceux qui ont évité le marché américain depuis l’élection de Donald Trump s’en mordent les doigts aujourd’hui.»
PORTEFEUILLE MONDIAL – SÉRIE F
Manufacturier : EdgePoint Wealth Management
Création : novembre 2008
Actif sous gestion (ASG) (30 septembre 2018) : 11 G$
Ratio de frais de gestion (RFG) : 1,05 %
Rendement annualisé depuis la création : 18,76 %
«EdgePoint est très différent des autres manufacturiers», dit Daniel Charron en rappelant qu’EdgePoint n’a que quatre fonds. De plus, ce fonds mondial «a été lancé en pleine crise financière», souligne le conseiller. Affichant un rendement annuel composé de 18,76 % depuis son lancement, le fonds n’a enregistré un rendement annuel négatif qu’une seule fois, soit en 2011 avec une perte de 1,5 %.
«Nous nous retrouvons ici avec des processus d’investissement qui ramènent l’âge d’or de Trimark (dont le fondateur d’EdgePoint, Tye Bousada, est issu) : analyse rigoureuse et approfondie des entreprises, toujours garder les fondamentaux à l’oeil, éviter les secteurs spéculatifs», ajoute Daniel Charron.
La surperformance est constante et soutenue, fait ressortir le conseiller. En effet, un rendement de 18,76 % sur dix ans tient du prodige, ce qui veut dire que certaines années ont été exceptionnelles, par exemple 2013 avec un rendement de 46,2 %.
«C’est un fonds « buy and hold » qu’on peut garder facilement pendant 15 ou 20 ans, dit-il. Il fait partie de mes fonds de base, mais dans la partie croissance.»
STRATÉGIQUE REVENU – SÉRIE F
Manufacturier : Placements IA Clarington
Création : août 2011
ASG : (31 août 2018) : 1,5 G$
RFG : 1,01 %
Rendement annualisé depuis la création : 8,1 %
«C’est mon joueur de défense,» lance d’emblée Daniel Charron, qui affectionne tout particulièrement le gestionnaire, Dan Bastasic. «Rares sont les gestionnaires qui ont développé une expertise d’analyse à la fois dans les actions et dans les obligations. Selon les circonstances, il sait aller chercher les actions d’une entreprise, ou ses obligations.»
Comme son nom l’indique, ce fonds d’IA Clarington, dont la teneur en obligations se chiffre présentement à environ 30 %, pouvant atteindre 50 %, et dont la portion canadienne s’élève à 62 %, cherche à procurer un revenu courant, mais sans cibler une part fixe de la valeur liquidative.
Ce n’est toutefois pas le revenu qui attire ici Daniel Charron, mais bien la valeur défensive. «Le fait que le gestionnaire joue des deux côtés du bilan», dit-il. Toutefois, ce joueur défensif a toutes les qualités d’un attaquant, notamment avec un rendement remarquable de 8,1 % depuis la création du fonds et «une surperformance de près de trois points de pourcentage au-dessus de ses pairs», fait ressortir le conseiller.
CATÉGORIE INNOVATIONS MONDIALES
Manufacturier : Placements Fidelity
Création : novembre 2017
ASG (31 août 2018) : 1,7 G$
RFG : 1,2 %
Rendement annualisé depuis la création : n. d.
Lancé en novembre 2017, ce fonds est très jeune. C’est le gestionnaire Mark Schmehl qui justifie sa présence dans cette sélection. Fidèle investisseur dans le fonds Situations spéciales que gère Mark Schmehl, Daniel Charron fait à ce dernier une confiance immense, prêt à le suivre dans cette nouvelle aventure.
«Mark Schmehl, c’est un talent pur, du calibre d’un Wayne Gretzky au hockey. Il a un processus bien à lui, mais il possède en plus un talent particulier.»
Dans le fonds Situations spéciales, Mark Schmehl a fourni un rendement annualisé de plus de 15 %, environ sept à huit points de pourcentage au-dessus de ses pairs. C’est une performance que Daniel Charron espère voir Mark Schmehl reproduire, mais cette fois «dans un terrain de jeu plus grand encore».
La mission du fonds est mondiale, avec un biais particulier : le gestionnaire cherche les entreprises qui réussissent à intégrer les nouvelles technologies pour se doter d’un avantage concurrentiel. «Rien de plus banal qu’une chaîne de pizzerias (dans laquelle le fonds investit), explique le conseiller, mais si elle remplace ses livreurs par des voitures autonomes, elle vient de baisser ses coûts de façon importante.»
Fait à noter, la cote de risque de ce fonds est «élevée», mais elle n’inquiète pas Daniel Charron, qui juge qu’elle tient au fait que le gestionnaire effectue aussi des placements privés dans des sociétés, à hauteur d’environ 8 % du portefeuille.
«C’est là que l’argent facile se fait, note le conseiller, et c’est une part de croissance que les gestionnaires de portefeuilles courants ont plus de difficulté à atteindre.»
Quand même, il réserve ce fonds pour la portion périphérique des portefeuilles de ses clients, pour les plus audacieux qui veulent aller chercher un supplément de rendement.