Un homme et une femme assis sur un sofa à côté d'un conseiller financier qui leur montre un papier.
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Après le traumatisme financier de 2022, ­Joël ­Drouin trouve ardu de faire retrouver à ses clients une perspective à plus long terme sur l’investissement. La sélection de produits qu’il met de l’avant, très inhabituelle pour cette chronique, témoigne de son effort de trouver un terrain mitoyen pour ses clients entre l’épargne à court terme et une perspective à plus long terme sur leurs finances.

Planificateur financier, représentant en épargne collective et conseiller en sécurité financière, ­Joël Drouin est un de ces heureux hommes qui partagent un même métier avec leur épouse. Sa conjointe, Chantal Robert, fait trois ou quatre jours au bureau, à ­Laval, lui, trois ou quatre jours à la maison, mais tous deux sont maintenant des inconditionnels du télétravail, vers lequel la pandémie les a poussés.

« ­On ne reviendrait pas en arrière », ­affirme-t-il. Par contre, il soulève un gros bémol : « ­Ce qu’on gagne en temps sur les déplacements, on le passe en conformité et en paperasse. Le “connaître son produit” demande beaucoup de temps. C’est très lourd. Si on devait retourner sur la route, je ne sais pas si on y arriverait. »

Joël ­Drouin trouve la période actuelle difficile. « ­La baisse des revenus fixes l’an dernier a beaucoup changé le regard des gens. Ils ont perdu des deux côtés : actions et obligations. Il faut les sécuriser sur le court terme, mais en même temps leur donner une vision à long terme pour assurer la pérennité de leur portefeuille. »

L’occasion est propice pour refaire le plein obligataire dans les portefeuilles, mais les clients ont les yeux rivés sur des produits à court terme, tout particulièrement des certificats de placement garantis (CPG) d’un an qui donnent un rendement étonnant de 5,57 %. C’est en tenant compte de ce défi que le conseiller a composé la sélection de produits, dont deux d’entre eux sont inattendus.

BILLETS À CAPITAL PROTÉGÉ PARTICIPATION EN DEUX ÉTAPES, ACTIONS MONDIALES

Manufacturier : ­Desjardins

Durée4 ans

Rendement lié aux résultats d’un portefeuille de référence de 20 titres

Souscription minimale1 000 $

Frais de négociation anticipée :
de 2,5 % à 1,25 % en cas de vente jusqu’au jour 240

Nous avons affaire ici à un produit relativement complexe dont le rendement se répartit en fonction de deux seuils et dont le capital à échéance est garanti. Au premier seuil, l’investisseur participe à hauteur de 165 % aux rendements d’un portefeuille composé de 20 titres internationaux. Le rendement maximal à échéance de ce premier seuil est de 49,5 %.

Si les résultats du portefeuille de référence permettent de franchir ce seuil, alors l’investisseur passe au second seuil, dont le taux de participation passe alors à 5 %. Par exemple, si le portefeuille de référence obtient un rendement de 42,8 %, l’investisseur obtient alors un rendement de 49,5 % (42,83 % x 165 %). S’active alors le second seuil à 5 %, appliqué au rendement dépassant 30 %, pour un léger rendement additionnel de 0,64 %. Au total, le client se retrouve avec un rendement total pour cinq ans de 50,14 %, soit un rendement annuel composé de 10,69 %.

« ­Ce n’est pas pour tous les clients, avertit ­Joël ­Drouin, particulièrement pour celui qui veut son argent dans deux ou trois ans. Le rendement peut être intéressant, mais toutes les décisions sont entre les mains de la banque. »

Les billets de ce type abondent, certains étant beaucoup plus simples que ­celui-ci de ­Desjardins. Leur grand avantage, explique le conseiller, tient à leur garantie de capital. « ­Il y a une clientèle de gens qui sont acheteurs dès qu’on met le mot “garanti” sur un produit. » ­Et de tels acheteurs, en cette période de grande volatilité, sont très nombreux.

RENTE VIAGÈRE

Client : homme, 65 ans

Naissance : 1er janvier 1958

Montant de la prime : 500 000 $

Garantie20 ans

Les rentes viagères ont fait un retour en force, la principale raison étant évidemment la flambée des taux d’intérêt.

Une rente viagère n’est pas à proprement parler un investissement, reconnaît ­Joël ­Drouin, « puisque le capital devient propriété d’un assureur », mais il s’agit quand même d’un « placement » destiné à produire un revenu annuel stable et assuré.

Les termes décrits en titre peuvent assurer à un retraité de 65 ans un revenu annuel qui oscille autour de 35 000 $ jusqu’à la fin de ses jours. « ­On parle d’un rendement qui varie entre 3,5 % et 5 % à long terme sur 20 ans, note ­Joël ­Drouin. Par contre, si le client meurt à 95 ans, son taux vient de monter entre 7 % et 8 %. La rente est un bon produit pour protéger le client du risque de longévité et lui procurer la paix d’esprit. »

Le conseiller convient qu’il ne mettrait jamais la totalité du capital d’un client dans une rente viagère, dont l’objectif est plutôt de sécuriser le revenu de base. « ­Pour un client qui n’a pas de fonds de
pension, on lui en crée un », ­ajoute-t-il. Et l’occasion de souscrire une rente viagère peut être la vente de la résidence principale, qui apporte un afflux soudain de capital.

ÉQUILIBRE MONDIAL

Manufacturier : ­Fidelity ­Investments

Offre initiale du fonds : avril 2007

Actif sous gestion (ASG) (20 avril 2023) : 12,4 G$

Ratio de frais de gestion (RFG)1,10 %, série F

Rendement annualisé depuis la création : 5,30 %

Réf. : Portefeuille ­Fidelity Équilibre mondial

Fonds de fonds équilibré mondial neutre, il vise à préserver un point d’équilibre de 60 % d’actions et 40 % de titres à revenu fixe en investissant uniquement dans les économies développées.

« C’est mon fonds de base, affirme d’entrée de jeu ­Joël Drouin. Pour mes plus petits portefeuilles, c’est souvent le seul fonds. » ­Il reconnaît que la performance n’est pas spectaculaire, quoique le fonds sur une période de dix ans, entre les deux crises de 2012 à 2022, a produit un rendement de 9,38 %. Essuyant une perte de 11,05 % en 2022, un tel fonds « n’aurait pas dû souffrir autant, ­dit-il, mais il offre la stabilité que je recherche ».

Son mot de la fin est éloquent : « ­On constate avec le temps que les gens détestent plus perdre que gagner moins. Si on donne un rendement de 1,5 %, les gens vont préférer ça à perdre subitement 3 %. »