Phénomène rare, le conseil financier coule dans le sang de la famille Bertrand. Fille d’Aimé Bertrand, conseiller depuis 1970, Natalie Bertrand travaille auprès de son père depuis 35 ans. Elle a pris le contrôle de la société en 2009 et prépare maintenant le chemin pour sa propre fille, Stéphanie, âgée de 19 ans. Encore aux études en entrepreneuriat, Stéphanie travaille pour l’instant à la réception et «est appelée à suivre les pas de sa mère», dit Natalie Bertrand.
Ce n’est toutefois qu’en 2012 que la conseillère en épargne collective et en sécurité financière a acquis sa propre clientèle, dont l’âge moyen est de 30 ans. De ce nombre, environ 25 % sont des enfants et des références des clients du père. «Ça fait tellement longtemps que je suis là, dit Natalie Bertrand, qu’on s’attend, mon père et moi, à ce que je recueille une grande partie de ses clients.»
Cette clientèle jeune, paradoxalement, est fort conservatrice. «Plusieurs de mes clients plus âgés sont plus audacieux. Les jeunes ne veulent pas perdre et choisissent des portefeuilles équilibrés. Il faut dire qu’avec la volatilité actuelle, ce n’est pas un mauvais choix.»
Natalie Bertrand prévoit une correction boursière. «Si ce n’est pas Trump qui précipite une chute, c’est difficile de dire ce qui le fera.» Chose certaine, ses portefeuilles sont conçus pour résister à une débandade, son choix de fonds, où l’indice de volatilité est toujours de faible à modéré, indiquant un souci marqué dans ce sens.
1. GWL Fonds équilibré 75/75
Manufacturier : Beutel Goodman
Distributeur : La Great-West, compagnie d’assurance-vie
Offre initiale du fonds : octobre 2009
Actif sous gestion (ASG) : 246,5 M$ (31 mai 2018)
Ratio de frais de gestion (RFG) : 2,84 %
Rendement annualisé depuis la création : 6,8 %
Voici un fonds distinct équilibré, mais dont le poids prépondérant penche à plus de 70 % du côté des actions qui, elles-mêmes, sont concentrées à 76,7 % au Canada, et à 21 % aux États-Unis.
Cette prépondérance canadienne pourrait s’avérer une faiblesse dans la conjoncture actuelle, reconnaît Natalie Bertrand, surtout à un moment où les titres nord-américains semblent surévalués comparativement à d’autres régions géographiques.
Jusqu’ici, ce fonds de style valeur, qui privilégie avant tout de «protéger le client contre les pertes de capital», présente une feuille de route impeccable, sans aucune année de rendement négatif depuis sa création. «Son pire rendement sur une période de cinq ans est de 5,7 %, note la conseillère. On n’est pas gêné de conseiller un fonds comme celui-là.»
Ce fonds distinct attire les clients plus jeunes. À ces clients, Natalie Bertrand propose la formule avec garanties de 75 % à l’échéance et de 100 % au décès.
2. GWL Fonds immobilier 75/75
Manufacturier : La Great-West, compagnie d’assurance-vie
Offre initiale du fonds : avril 1989
ASG : 4,5 G$ (31 mai 2018)
RFG : 3,05 %
Rendement annualisé depuis la création : 5,7 %
C’est le fonds vedette de Natalie Bertrand, et force est de reconnaître que sa capacité de résistance aux intempéries boursières est exceptionnelle. La conseillère ne craint pas de lui réserver 20 % de ses portefeuilles.
«C’est un excellent outil pour enlever du risque. Après la crise financière, il a été le sauveur de bien des gens.» Et pour cause : sur les 24 années s’étendant de janvier 1994 à mai 2018, le fonds n’a connu aucun cycle de cinq années négatives. Pour l’année 2008, il a fléchi de -3,6 %, alors que la Bourse canadienne plongeait de -33 %. De plus, en 2011 et en 2015, les deux plus récentes années de chute boursière, il a affiché des revenus de 13,3 % et de 1,6 % respectivement.
Un tel fonds confirme l’idée qu’un fonds immobilier offre l’avantage d’être faiblement corrélé aux marchés boursiers.
Présent uniquement au Canada, le fonds investit directement dans des immeubles de première qualité. Il comporte toutefois une faiblesse notable : sa structure le rend pauvre en liquidités, de telle sorte que les gestionnaires, au moment de la crise financière, ont fermé le fonds pour empêcher les retraits des clients ; mais il a rouvert depuis. «On s’assure d’expliquer aux clients qu’un gel de leur argent pourrait arriver à nouveau.»
3. Fonds de revenu fixe sans contraintes
Manufacturier : Placements Mackenzie
Distributeur : La Great-West, compagnie d’assurance-vie
Offre initiale du fonds : octobre 2015
ASG : 58,7 M$ (31 mai 2018)
RFG : 2,29 %
Rendement annualisé depuis la création : 4,4 %
Ce fonds est très jeune, mais répond à un besoin pressant d’offrir des instruments de revenu fixe capables de donner un rendement qui n’est pas anémique. Natalie Bertrand croit avoir trouvé avec celui-ci réponse à son besoin. «On est limité dans le choix de titres à revenu fixe, dit-elle. On cherche des idées qui peuvent fonctionner et donner un wow au client. On compte aller chercher avec celui-ci une valeur ajoutée plus forte.»
Le fonds a très bien répondu à cette attente à la fin de sa première année grâce à un rendement, en 2016, de 12,7 %. L’année suivante, avec 3 %, a été plus décevante, «mais même avec 3 %, je ne suis pas gênée d’offrir ce fonds», commente-t-elle.
Le mandat très ouvert du fonds est susceptible de donner ce wow, car il permet au gestionnaire d’investir partout dans le monde, tant dans des titres gouvernementaux que dans des titres d’entreprises. «C’est l’attrait pour nous, à cause des faibles occasions qu’on trouve au Canada.» Pourtant, contre toute attente, le fonds est très concentré en Amérique du Nord, dans une proportion de 93,6 %, dont 47,4 % au Canada. Toutefois, la proportion très élevée d’encaisse, à 24,7 %, laisse croire à Natalie Bertrand «que le gestionnaire cherche des occasions ailleurs dans le monde, et quand les taux vont monter, il va être en très bonne position pour en profiter.»