«Mon père était un passionné des services financiers. Il avait la mission de rendre ses lettres de noblesse à un métier longtemps perçu comme le royaume des vendeurs de balayeuses», lance Gino-Sébastian Savard, président de MICA Cabinets de services financiers. Chez lui, la passion du métier coule de source. Les réflexions sur les mérites du conseil humain fusent en abondance. Et le sens de la famille est à l’avant-plan. «On marche dans les pas de notre père», aime répéter Gino-Sébastian Savard, qui a fait évoluer l’entreprise fondée par son père, Denis Savard, en 1986.
Au cours de l’entrevue avec Finance et Investissement, Gino-Sébastian Savard utilise constamment le «nous» à la place du «je». Il est clair que les décisions sont prises en collaboration avec son frère cadet Martin, associé et vice-président exécutif, ainsi qu’avec les autres associés.
Gino-Sébastian Savard est un «leader naturel», souligne son frère Martin. «Il est le visage public de MICA. Il est un excellent vulgarisateur des enjeux qui touchent l’industrie», souligne-t-il.
Les deux frères s’échangent les commentaires élogieux. «Martin est un gestionnaire extraordinaire. On discute des axes de développement de l’entreprise et des chemins à prendre afin d’être toujours là dans 100 ans», dit l’homme de 49 ans.
Forte croissance
Selon le jury du Top 25, «Gino-Sébastian Savard est un entrepreneur de première classe. Très engagé dans sa communauté et dans l’industrie, il prend soin de son entourage et son entreprise croît de façon exemplaire.»
Avec son frère, leurs associés et leurs équipes, Gino-Sébastian Savard a également réussi le transfert intergénérationnel de cette firme de courtage.
Et pourtant, rien n’était gagné d’avance. Lorsque les frères Savard rachètent MICA, au printemps 2008, l’actif sous gestion s’établit à 800 M$. Mais en un an, la crise financière le fait fondre à environ 560 M$.
Près de 12 ans plus tard, l’actif sous gestion a explosé à 4 G$, dépassant le rythme de croissance de l’actif en fonds communs au Québec. Les primes d’assurance en vigueur excèdent 75 M$. Et les 190 conseillers liés à ce cabinet multidisciplinaire affichent un actif sous administration moyen de 21 M$.
Cette progression résulterait en grande partie de la culture familiale propre à MICA. «On veut être la deuxième famille des conseillers, que nous appelons aussi nos clients», dit Gino-Sébastian Savard. D’ailleurs, la firme affiche année après année un Indice FI supérieur à celui de la moyenne québécoise dans le sondage mené auprès de ses conseillers dans le cadre du Top des cabinets multidisciplinaires de Finance et Investissement.
La famille de MICA est rigoureuse et prend les moyens de stimuler les talents de chacun. «On veut aider les conseillers à se dépasser et à déployer leurs ailes. Les conseillers de MICA sont empathiques et comprennent les problèmes et besoins de leurs clients. Et ils passent à l’action.»
Elle a toutefois connu des épisodes difficiles. Rencontrés un à un par les frères Savard après le rachat de 2008, la plupart des 575 conseillers initiaux ont été remerciés. On ne voulait garder que les meilleurs et les plus motivés : il en est resté 75.
«Nos conseillers sont des entrepreneurs, non pas des artisans. Ils fournissent un service essentiel. Et on cherche des conseillers qui en sont convaincus. Lorsque nous interviewons des conseillers qui aimeraient faire partie de MICA, nous leur demandons ce qui les motive. Par exemple, on peut leur demander ce qui arriverait dans un monde dont les conseillers seraient absents», précise Gino-Sébastian Savard.
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Les 92 employés de MICA visent à appuyer leurs talents d’entrepreneurs. «Nous voulons que les conseillers aient le moins de distractions et de soucis possible. Selon nous, ce ratio de près d’un employé pour deux conseillers est unique dans l’industrie.»
De fait, la croissance a été spectaculaire. MICA a fait partie des 500 entreprises en plus forte croissance au Canada entre 2013 et 2018, selon le classement Growth 500 du magazine Canadian Business.
La progression des revenus de MICA s’est établie à 7 % au cours de la dernière année, et à 67 % sur cinq ans. De façon plus spécifique, ses ventes nettes en fonds communs de placement ont crû de 5 % sur un an et de 26 % sur trois ans. En assurance, la progression des primes brutes a atteint 9 % sur un an et 15 % sur trois ans.
La griffe des frères Savard
Quelles actions caractérisent le mieux l’apport des dirigeants de la deuxième génération à la barre de MICA ? «Au début des années 2010, on s’est questionné à fond. On a alors constaté que notre offre aux clients très fortunés était déficiente. On a aussi constaté que les jeunes, particulièrement les jeunes familles, ne recevaient pas toujours une pleine attention des conseillers», dit Gino-Sébastian Savard. Cela a mené à deux grandes initiatives stratégiques.
En 2017, la direction a lancé MICA Signature, un service de gestion privée de type family office.
Plus récemment, l’entreprise a participé au lancement d’Emma, une plateforme web de vente d’assurance vie sous la supervision de conseillers en sécurité financière. «Notre implication financière dans Emma est importante. C’est un beau risque. Deux jeunes conseillers talentueux sont aux commandes de ce site qui rejoindra les jeunes familles partout au Canada», commente Gino-Sébastian Savard.
En août dernier, sa fille aînée, Ann-Rebecca, a été nommée conseillère aux ventes et à l’investissement. «Mon père était fier que ses enfants s’intéressent à son entreprise. Je ressens aujourd’hui cette même fierté», dit ce père de trois enfants.
Très impliqué au sein de l’industrie, Gino-Sébastian Savard est premier vice-président au conseil de la Chambre de la sécurité financière et gouverneur au Conseil des fonds d’investissement du Québec. De plus, il intervient régulièrement dans les médias sur les grands enjeux touchant l’industrie du conseil.