Ðenis Ricard, président et chef de la direction d’iA Groupe financier, est satisfait des résultats obtenus en 2022, en dépit d’un environnement difficile. Il en attribue le mérite à la résilience du modèle d’affaires d’iA, qui mise sur la complémentarité de ses activités d’assurance individuelle, de gestion de patrimoine individuelle et de services aux concessionnaires automobiles.
«Nous sommes dans la queue de la pandémie, mais nous avons vécu de bonnes perturbations dans un environnement où les taux d’intérêt ont fluctué beaucoup et les marchés boursiers ont connu des difficultés», évoque Denis Ricard.
Selon lui, la performance des réseaux de distribution «a permis de générer une solide croissance des ventes dans le secteur de l’assurance individuelle ainsi que des entrées nettes de fonds du côté des particuliers».
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Pour les trois premiers trimestres de 2022, l’assureur affiche un résultat net attribué aux actionnaires ordinaires de 588 M$, en baisse de 5 % par rapport à la même période de 2021. Les secteurs de l’assurance individuelle et de la gestion de patrimoine individuelle ont enregistré un résultat net de 280 M$et de 136 M$respectivement, soit de 10 % et de 22% de moins que pour les neuf premiers mois de 2021.
Au 30 septembre 2022, le ratio de solvabilité s’établissait à 130 %, comparativement à un ratio de 131% un an plus tôt. Le ratio est ainsi toujours resté au-dessus de la fourchette cible de l’entreprise (de 110% à 116 %).
C’est dans ce contexte que le jury du Top des leaders de l’industrie financière a nommé Denis Ricard gagnant de la catégorie Assureurs de personnes pour une deuxième année consécutive. «Il continue de faire d’iA un assureur incontournable sur le marché canadien. Il favorise une belle culture organisationnelle. Ses efforts en matière de diversité et d’intégration des facteurs ESG (entreprise carboneutre, place aux femmes, cibles claires, etc.) sont notables», a dit le jury à propos du dirigeant.
iA privilégie la flexibilité d’un modèle hybride combinant le télétravail et la présence au bureau lorsque cela est possible. Cette orientation touche la majorité de ses plus de 8 000 employés. L’assureur laisse ainsi aux équipes le choix de décider à quel moment leurs membres se réunissent en présentiel, estimant qu’ils sont en mesure de déterminer à quel endroit ils sont le plus productifs.
Selon le dirigeant, cette souplesse génère des occasions d’être plus efficaces dans les opérations et dans les communications. Par exemple, elle permet à iA de perpétuer plus facilement sa culture, parce que «l’information circule rapidement à tous les échelons». De plus, les espaces de bureaux seront repensés. Cette réflexion devrait favoriser la croissance durable de l’assureur.
En 2019, iA s’était engagée à devenir une entreprise carboneutre dès 2020, et elle y est parvenue, notamment en compensant ses émissions de gaz à effet de serre (GES) résiduelles par l’achat de crédits carbone. Elle s’est ensuite engagée à réduire ses émissions de GES de 20 % par employé d’ici 2025, et ce, par rapport à l’année de référence 2019, durant laquelle l’entreprise avait émis un total de 11 781 tonnes de GES. En 2021, sa production de GES s’est chiffrée à 13 767 tonnes, dont la majorité était attribuable à la consommat ion énergét ique de ses immeubles.
Cette transformation est aussi soutenue par l’optimisation des activités par la technologie. À la suite de sa nomination à la tête de l’assureur, le 1er septembre 2018, Denis Ricard a présenté au CA un «très ambitieux plan d’investissement de 500 M$ en technologie pour la période de 2021 à 2025», évoque-t-il.iA projette que ses initiatives numériques contribueront à au moins un dixième de la croissance du bénéfice par action tiré des activités de base de l’entreprise.
Au moment où la pandémie de COVID-19 est survenue, l’entreprise en avait déjà investi 100 M$. La situation a accéléré la transformation numérique.
Sur le plan des systèmes de bureau d’accueil (front office), on a offert des outils pour permettre aux distributeurs d’être plus productifs. Par exemple, on les a aidés à mieux prospecter et servir la clientèle, dans un processus sans papier d’un bout à l’autre, où le client n’a même jamais besoin d’être présent physiquement, indique Denis Ricard. «Il y a encore des améliorations à faire, mais en assurance individuelle, une portion quand même importante de nos ventes se font sans papier. C’est ce à quoi les gens s’attendent maintenant.»
Denis Ricard ne croit pas à un modèle de vente directe aux clients. «Peut-être qu’une petite partie de la population va être intéressée à acheter de l’assurance directement, mais notre modèle d’affaires repose sur la distribution par des êtres humains. Nous travaillons avec des distributeurs, des intermédiaires qui donnent une valeur ajoutée en conseillant et sécurisant les clients.»
Sur le plan de l’arrière-guichet, l’objectif consiste notamment à générer des synergies. Denis Ricard cite le chantier destiné à moderniser les systèmes qui soutiennent l’assurance individuelle. «Ils datent des années 1970. Il faut les mettre au goût du jour et tout numériser, d’autant que ça devient de plus en plus difficile de trouver des programmeurs capables de programmer ces langages», illustre-t-il.
Il ne cache pas sa vision axée sur la transformation. «C’est une question de viabilité à long terme. iA est une compagnie dans le domaine de la protection qui utilise la technologie, mais jusqu’à un certain point, nous voulons devenir une compagnie technologique dans le domaine de la protection.»
Par ailleurs, la mise en place de la nouvelle norme comptable IFRS 17 (entrée en vigueur le 1er janvier 2023) a marqué l’an 2022.
«La mise en oeuvre d’IFRS 17 représente un défi de taille pour le secteur de l’assurance, car elle modifie fondamentalement les méthodes comptables et actuarielles ainsi que les pratiques de présentation de l’information financière. En outre, la norme aura d’importantes répercussions sur les systèmes et processus sous-jacents et affectera indirectement les impôts, les produits et les placements», résume PWC Canada dans une note adressée aux assureurs.
La firme ajoute que la norme «aura d’importantes répercussions sur les systèmes de technologies de l’information, la gestion stratégique, les processus d’affaires et les compétences demandées aux employés».
Selon Denis Ricard, l’IFRS 17 et les changements réglementaires qui y sont associés ont complètement changé la donne chez iA. «Ils ont fait ressortir des éléments de prudence additionnelle dans notre bilan qui n’étaient pas reconnus auparavant par les autorités de réglementation et cela nous a mis dans une position qui est unique. En conséquence, alors que nous avions annoncé 600 M$ de capital excédentaire, sous un régime d’IFRS 17, nous en obtenons environ 1,4 G$ de plus, ce qui porte notre capital excédentaire à 2 G$.»
La stratégie de déploiement de capital sera «le gros thème pour 2023». Une attention additionnelle sera donc accordée pour évaluer le potentiel d’acquisition, investir dans la technologie afin de soutenir la croissance organique, et peut-être «effectuer un peu plus de rachat d’actions».
Le dirigeant a quelques cibles d’acquisition en vue.
Le dirigeant affirme être prêt «à solidifier, à renforcer toutes les business dans lesquelles on est actuellement engagé». Il ne cible aucune préférence, puisque «chacune de ces business nous ramène un rendement pour l’actionnaire qui est au-delà de nos indications au marché. Nous visons entre 13% et 15% de rendement du capital, mais chacune d’elles nous donne plus que ça», dit-il.
La plus grosse acquisition effectuée par iA fut l’entreprise américaine IAS Parent Holdings pour un prix de 720 M$ US en 2021. «Nous avons toutes les munitions et les outils pour continuer de performer et générer de bons résultats, lance Denis Ricard. Depuis 2000, iA a généré une croissance du bénéfice par action de 9 % à 10% par année et c’est l’objectif qui continue d’être visé à long terme.»