En parallèle, l’organisation tente d’attirer plus de femmes dans la profession, tout en préparant la relève. Entrevue avec Odrée Ducharme, présidente du conseil d’administration de cette association, la dixième plus grande du genre au monde.
L’idée d’attirer plus de femmes comme analystes financières agréées (CFA) a toujours motivé Odrée Ducharme. « Valoriser les femmes dans la profession, et leur rôle dans les équipes d’investissement, c’est vraiment important pour moi. » C’est d’ailleurs l’une des raisons qui l’ont poussée à s’impliquer au sein du conseil d’administration de CFA Montréal, il y a sept ans. Depuis octobre 2021, elle y occupe le poste de présidente, en plus de ses fonctions de première directrice, Stratégie et exécution, Fonds d’investissement et gestion externe à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).
En effet, encore aujourd’hui, le monde de la finance peine à attirer une relève féminine. Et les analystes financiers ne font pas exception à la règle, alors que seulement 17 % des membres de CFA Montréal sont des femmes. « S’il y a beaucoup d’étudiantes dans les facultés d’administration, la majorité d’entre elles choisissent plutôt la comptabilité, le marketing ou les ressources humaines, observe la présidente. Selon nous, ce n’est pas faute d’intérêt, mais plutôt parce qu’elles ne connaissent pas les différentes perspectives qu’offre le domaine de l’investissement. »
En effet, au-delà du rôle de conseiller en gestion de portefeuilles, les fonctions des analystes financiers sont vraiment variées et peuvent convenir à différents types de personnalités. Dans les dernières années, CFA Montréal a donc redoublé d’efforts pour démystifier cette profession aux yeux des plus jeunes, en multipliant sa présence sur les campus universitaires, en plus d’offrir des bourses, dont certaines destinées spécifiquement aux étudiantes. Odrée Ducharme est également présidente d’honneur du concours Bourstad 2023, qui permet de rejoindre les étudiants du secondaire et du collégial. L’association offre quatre bourses dans le cadre de ce concours, dont deux pour les filles, ajoute-t-elle.
Des efforts qui commencent à porter leurs fruits, alors que 26 % des candidats à la profession sont maintenant des femmes. Une proportion qui a augmenté au cours des dernières années et, espère Odrée Ducharme, continuera de grimper dans celles qui viennent. « Les études sont claires : les équipes diversifiées créent plus de valeur pour les investisseurs. C’est donc une priorité pour nous », insiste-t-elle.
L’association, qui regroupe 3200 membres et compte 2000 candidats à la profession, a d’ailleurs été l’une des premières à signer le Code sur la diversité, l’équité et l’inclusion du CFA Institute, en mars 2022. En s’engageant à incarner et à promouvoir ces valeurs, la présidente espère que l’association pourra aussi avoir une influence positive sur cette question.
Le défi de l’agilité
Le contexte actuel comporte son lot de défis pour les CFA, ajoute Odrée Ducharme. « Il faut se montrer plus agiles dans nos décisions d’investissement, alors que les marchés sont très volatils. Nous devons aussi être constamment à l’affut des innovations, nous former et nous adapter à ces changements. » C’est le cas des technologies, comme l’intelligence artificielle, qui bousculent la façon d’exercer ce métier. Ainsi, l’association entend aider les professionnels à parfaire leurs connaissances pour comprendre les fintechs et leur utilité dans la gestion de portefeuilles, entre autres.
Odrée Ducharme donne également en exemple le certificat en investissement ESG du CFA Institute, qui porte sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Offert mondialement depuis 2022, il s’agit d’une réponse « au fossé qui existe entre la demande pour des produits d’investissements durables et les professionnels formés à ces critères », souligne-t-elle. En moins de neuf mois, 245 personnes s’y sont inscrites. « Montréal cherche à se définir comme un pilier de la finance durable dans le monde. À CFA Montréal, on pense qu’on peut aider la ville dans son positionnement », fait-elle valoir.
« Le monde de l’investissement a beaucoup évolué dans les dernières années. Nous vivons dans un contexte de changements, mais il s’agit d’une évolution très positive pour l’industrie et ultimement pour l’ensemble de la société. Il est donc primordial que nous soyons à l’avant-plan de ces innovations qui s’opèrent et de permettre à nos membres de continuer constamment à suivre ces mouvements, à se parfaire », résume Odrée Ducharme.