Pourtant, rien ne la prédestinait à s’orienter dans le secteur de la planification financière, sinon qu’elle a étudié en technique comptable dans le cadre d’un programme de sport-études. « Le choix s’est fait naturellement. Je n’ai pas eu de pressions familiales, puisque personne dans ma famille n’évoluait dans ce secteur. En fait, j’ai toujours eu la ‘‘bosse des affaires’’ et si je devais pratiquer un autre métier, sans doute que j’aurais créé ma propre entreprise », explique la native de Waterloo, dans la région de l’Estrie.
Ce programme de sport-études lui a surtout permis d’évoluer pour l’équipe collégiale de hockey des Titans de Limoilou, située dans la région de Québec. Marie-Ève Couture a suivi les traces de ses deux frères en rejoignant, à l’âge de neuf ans, une ligue organisée. « À la fin du collégial, j’ai ensuite eu une offre pour aller jouer au niveau universitaire. Mais j’avais un peu fait le tour en jouant six jours par semaine avec les entraînements hors glace et sur glace. D’autant que les filles, on ne peut pas espérer gagner des millions en jouant au hockey », lance-t-elle en riant.
Marie-Ève Couture a plutôt choisi de poursuivre ses études. « Normalement, on arrête là et on devient technicien-comptable, mais je suis allée faire trois ans à l’Université à Sherbrooke », dit-elle. Elle y a obtenu son baccalauréat en administration des affaires en 2010, avant de mettre le cap sur l’Europe pour y passer quelques mois.
« Je me cherchais un peu à cette époque », explique Marie-Ève Couture. Elle fut d’ailleurs surprise, à son retour d’Europe, de trouver un message de Paul Rioux sur son répondeur. Lors de son parcours scolaire, elle avait effectué quelques stages, notamment auprès du Cirque du Soleil, puis de la firme comptable de Paul Rioux.
Elle est allée y passer une entrevue et y travaille maintenant depuis neuf ans. « Cet appel de monsieur Rioux est un moment marquant dans ma carrière, évoque-t-elle. Je travaille hyper fort, mais il m’a fait confiance. Il m’a rapidement fourni un bon noyau de clientèle et aujourd’hui, je récolte les fruits de tout ça ».
Tout en développant sa clientèle, Marie-Ève Couture n’a pas hésité à s’inscrire à HEC Montréal dès son entrée en poste, afin d’effectuer la formation requise pour obtenir son titre de Pl.Fin.
La manne des professionnels de la santé
Fondée il y a plus de 20 ans, la firme comptable Paul Rioux CPA s’adresse à un créneau très pointu, c’est-à-dire les médecins. « Monsieur Rioux a travaillé rapidement en prévision de l’incorporation des médecins. Bien avant que le décret permettant aux médecins de se constituer en société ne soit adopté en 2007, il faisait du démarchage en parlant de salaires et de dividendes », raconte Marie-Ève Couture.
Aujourd’hui, la firme offre notamment des services de planification financière et fiscale, d’incorporation, et de comptabilité personnelle et corporative, principalement aux médecins résidents, en pratique et incorporés. Une tendance qui gagne en popularité auprès des grandes institutions financières.
La Banque Scotia a lancé en mars dernier le programme bancaire Pro Santé+ Banque Scotia, élaboré en collaboration avec sa filiale Gestion financière MD, une firme de services financiers se consacrant exclusivement aux besoins des médecins. Le programme propose à la clientèle des médecins une gamme de services bancaires à chacune des étapes de leur carrière.
En mars dernier également, CIBC lançait une offre de services bancaires destinée aux médecins et conçue pour couvrir leurs besoins personnels et d’entreprise, incluant des solutions de produits personnalisées. Puis en juin, BMO a emboîté le pas en lançant à son tour un programme de services bancaires conçu pour répondre aux besoins propres au démarrage de la pratique et à l’élargissement des activités, notamment par l’entremise d’options de financement sur mesure, ainsi que de conseils en planification et gestion patrimoniale.
Tous les joueurs de l’industrie cherchent à se démarquer, analyse Marie-Ève Couture. « Ils constatent combien il peut être intéressant de se spécialiser comme notre firme le fait depuis 20 ans. Même s’ils ratissent un peu plus large que nous dans leur définition de professionnels de la santé, ils s’adressent à des clients de qualité qui sont rentables. Pour nous, qui sommes indépendants, cette multiplication des programmes permet de répondre encore plus précisément aux besoins de nos clients ».
Le secteur connaît ainsi une croissance fulgurante et la firme comptable le constate bien. « Au cours des quatre dernières années, nous avons dû embaucher cinq techniciens-comptables pour soutenir le travail des conseillers », signale Marie-Ève Couture. Auparavant, la firme, qui outre Paul Rioux qui est CPA et Pl.Fin., compte trois comptables et deux planificateurs financiers, incluant Marie-Ève Couture, n’avait aucun technicien-comptable permanent à son service. L’évolution des réformes fiscales touchant les professionnels incorporés expliquent en partie cette évolution.
Marie-Ève Couture aimerait par ailleurs bonifier son offre de services, qui repose principalement sur l’élaboration de stratégies de planification financière, en proposant à ses clients de la planification de la retraite. Elle évalue également la possibilité de s’impliquer auprès de l’Institut québécois de planification financière (IQPF). De quoi meubler les dix prochaines années.