Le bonheur est fortement valorisé dans l’environnement de travail actuel. Cependant, les employeurs ne devraient pas chercher à apporter le bonheur à tout prix aux employés, car c’est un « sentiment éphémère », indique Amy Shepley, présidente de la société Birkman, dans un entretien avec Canadian HR Reporter.
Le sentiment de bonheur est par définition temporaire, dit la spécialiste Il serait donc illusoire de déployer une énergie considérable pour maintenir un état permanent de bonheur des employés dans l’entreprise. « Si nous ne voulons qu’être heureux, nous serons souvent déçus, car le bonheur est un sentiment éphémère », dit-elle.
Selon la spécialiste en santé organisationnelle, les leaders devraient plutôt se concentrer sur la raison d’être et la connexion, deux éléments qui ne dépendent pas seulement des employés, mais sur lesquels les employeurs peuvent agir.
Valoriser la singularité
Amy Shepley estime que pour favoriser le bonheur des équipes au travail, il faut valoriser les employés pour ce qu’ils sont et pour leur caractère unique. « Tout être humain a besoin de se sentir compris, c’est un besoin fondamental », dit-elle.
Elle cite des travaux du chercheur Gillian Mandich montrant que les employés heureux sont plus productifs, plus innovants et plus réceptifs, car les êtres humains qui se comprennent vraiment réalisent mieux « comment ils peuvent contribuer de manière unique à l’organisation, à l’équipe ou à leur rôle ».
Le bonheur est une émotion positive associée au bien-être et à la satisfaction, qui a un effet positif sur la santé mentale, notamment en réduisant le risque de dépression et d’anxiété, en améliorant l’estime de soi et en favorisant la résilience.
« Ce n’est pas parce qu’un travailleur est triste qu’il a automatiquement des problèmes de santé mentale », explique Amy Shepley. Les difficultés éprouvées au travail sont plutôt engendrées par un manque d’objectifs professionnels, ce qui se répercute sur la vie personnelle, l’estime de soi, le bonheur et le sentiment de satisfaction.
Ouvrir le dialogue
Les organisations qui reconnaissent le caractère unique des employés et qui le valorisent sont mieux outillées pour créer un milieu de travail où les individus n’hésitent pas à être authentiques et à se montrer tels qu’ils sont. Cela a un impact positif sur la santé mentale qui rejaillit sur toute l’organisation.
Le rôle des leaders ne s’arrête pas là. Les employés ont rarement tendance à partager ouvertement leurs préoccupations. Il revient donc aux employeurs de les sonder sur leur état de bonheur au travail, par exemple en les questionnant sur les tâches qui les motivent vraiment, les aspects de leur travail qui les enthousiasment le plus ou sur ce qui pourrait les aider à s’accomplir davantage dans leurs tâches quotidiennes. « Il y a une différence entre le fait d’être bon dans une tâche ou un travail particulier et le fait de s’épanouir, d’apprécier ce travail et d’avoir le sentiment d’y contribuer », précise Amy Shepley.
Selon l’experte, on peut aider les employés à mieux comprendre leurs sentiments en ouvrant des conversations à ce sujet. Ces dialogues peuvent notamment les aider à distinguer un sentiment fugace qu’ils éprouvent et ce qu’ils sont profondément. « Plus les personnes peuvent mettre de l’espace entre les deux, moins le sentiment de tristesse les affecte parce qu’ils savent qu’il est temporaire », conclut la spécialiste.