Dans un billet publié par le Harvard Business Review, Julien Laloyaux et Frank Laroi soulignent que les recherches sur le sujet ont, jusqu’ici, amené des résultats contradictoires sur la question des aptitudes au multitâche des femmes et des hommes.
« Une des raisons qui explique que les résultats des différentes recherches sur le sujet ne soient pas constants est peut-être que, jusqu’ici, la vaste majorité des études ont examiné les différences en utilisant des tâches artificielles en laboratoire qui ne correspondent pas aux défis posés par les tâches quotidiennes, écrivent les deux chercheurs. De plus, il est possible que les chercheurs ne définissent pas le multitâche de la même manière. »
Julien Laloyaux et Frank Laroi ont donc décidé de mettre sur pied un protocole de recherche qui correspondait davantage aux réalités de la vie de tous les jours en se basant sur le modèle de Paul Burgess, professeur à l’University College London (UCL). Ce dernier définit deux types d’aptitudes au multitâche : « Le multitâches concurrent, durant lequel on fait deux activités ou plus en même temps (comme parler au téléphone et conduire en même temps) et le multitâche en série, durant lequel on passe rapidement d’une tâche à l’autre (préparer sa prochaine réunion et répondre à un courriel tout en étant interrompu par un collègue). »
Selon ce modèle, c’est le deuxième type de multitâches, soit « en série », que la majorité des gens fait le plus souvent et c’est celui que les deux chercheurs ont décidé d’étudier. Dans le cadre de leurs recherches, Julien Laloyaux et Frank Laroi ont demandé à un échantillon de 150 participants, 66 femmes et 82 hommes de préparer une salle pour une réunion. Ils devaient placer des objets comme des chaises et des crayons au bon endroit tout en étant interrompus par des distractions et en devant se rappeler de tâches à compléter dans le futur.
Les participants ont été évalués sur la façon dont ils ont complété la tâche, la distance totale parcourue dans l’environnement physique dans lequel ils se trouvaient, l’oubli de tâches secondaires et la façon dont ils ont géré, ou non, les interruptions.
« Nous n’avons pas trouvé de différence dans les aptitudes des hommes et des femmes à faire du multitâches, notent les deux chercheurs. Nous croyons qu’il est juste de dire que la preuve que les femmes sont meilleures pour faire du multitâche en série est, jusqu’ici, plutôt faible.»
Julien Laloyaux et Frank Laroi concluent leur billet en soulignant qu’il faudra mener plus de recherches afin de déterminer si le biais en faveur des femmes dans le multitâches est attribuable à d’autres facteurs ou si, par exemple, les femmes sont simplement meilleures au multitâches concurrent.