Un nouveau réseau de mentorat, le Women’s Global Mentoring Program, a vu le jour en début d’année à l’initiative de La Gouvernance au féminin et de Women in Tech, afin d’accompagner les cadres supérieures et les professionnelles qui veulent progresser en carrière.
Lorsque Anik Lapointe a été nommée directrice générale du bureau de la Financière Banque Nationale à New York, en janvier 2017, un de ses premiers appels a été pour Phyllis Yaffe, ancienne consule du Canada dans la métropole américaine. « J’avais besoin de savoir certaines choses sur la culture d’affaires aux États-Unis. Phyllis est ma mentore depuis des années. C’était naturel de me tourner vers elle pour lui demander conseil, car j’ai confiance en elle et je la respecte », déclare celle qui travaille depuis près de 30 dans l’industrie financière québécoise.
Anik Lapointe a eu plusieurs mentors au cours de sa carrière. Elle a aussi mentoré des collègues, souvent de manière informelle. Quand Caroline Codsi, fondatrice de La Gouvernance au féminin, l’a approchée pour être mentor dans le cadre d’un nouveau programme de mentorat pour les professionnelles, elle n’a pas hésité.
« J’aime mentorer des personnes plus jeunes, car elles arrivent avec un point de vue différent sur certains enjeux. Je trouve cela rafraîchissant. Cela m’aide aussi à gérer et à encadrer mes employés différemment », déclare Anik Lapointe.
La directrice générale est jumelée avec une professionnelle de la Société Générale. « Je l’aide à canaliser ses objectifs, à mieux se connaître et à réfléchir à ses choix de carrière. Mon rôle n’est pas de lui souffler les réponses. Elle doit prendre ses propres décisions. Je suis là pour l’aider à cheminer et à éviter certaines erreurs. »
Un cadeau à se faire
Dominique Vézina considère le mentorat comme un outil de développement personnel. « C’est un cadeau que l’on se fait, un temps d’arrêt pour penser à soi et se fixer des objectifs de développement », estime la vice-présidente, Gestion des risques, Marchés boursiers et Analyse transactionnelle à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).
Mentor à l’Association des femmes en finance du Québec et pour des cadres à l’interne, elle a aussi été accompagnée par des dirigeants de la Caisse. Ces expériences ont été décisives pour l’aider à gravir les échelons, dit-elle. « Cela m’a donné l’occasion de parler de mes forces avec quelqu’un d’autre que mon responsable direct, de dire où je voulais aller et ce que je visais sur le plan professionnel. »
Un de ses mentors a parlé d’elle en haut lieu, ce qui lui a ouvert des portes. « Je me voyais aller plus haut, mais j’avais besoin que quelqu’un d’autre le voie aussi et m’aide à passer le cap. »
Dominique Vézina est jumelée avec Karl Blackburn, président du Conseil du patronat du Québec dans le cadre du programme de mentorat pour cadres supérieurs de La Gouvernance au féminin. « Karl m’amène à avoir des angles d’attaque que je ne voyais pas sur mon radar et il me fait bénéficier de son très vaste réseau », indique-t-elle.
Devenir plus visibles
Le mentorat est un excellent moyen d’amener les femmes à développer leur influence et à accroître leur visibilité pour accéder à des postes supérieurs, estime Francis Repka, directeur général de la Société générale au Canada et mentor auprès d’une cadre de WSP Global.
« Le mentorat permet aux femmes d’acquérir plus d’assurance, par exemple pour prendre des décisions difficiles, susciter l’adhésion des équipes à certains projets ou se positionner dans des contextes masculins », soulève-t-il.
Ces compétences sont essentielles, selon lui, dans la période actuelle de grande transformation des organisations, lorsqu’il s’agit de prendre de nouvelles fonctions ou d’implanter un nouveau projet.
Une histoire de confiance
Pour que le mentorat fonctionne, la confiance doit être totale entre le mentor et le mentoré, indiquent les dirigeants interrogés. Chacun peut cependant imprimer son style. Anik Lapointe privilégie les rencontres informelles. « Je suis du genre à envoyer un texto d’encouragement à la personne avant une présentation ou à l’inviter à prendre une marche. Quand je prépare trop les rencontres, je n’échange pas aussi bien. »
La démarche peut être plus structurée. Avec un précédent mentor, Dominique Vezina a mis en place un plan de match en plusieurs étapes pour se faire remarquer par la haute direction de la Caisse. « Toutes les 6 semaines, je devais rendre des comptes sur les actions que j’avais posées. Cela m’a poussée à prendre le temps de le faire », raconte celle qui est la seule femme à siéger au comité de gestion de risques de la CDPQ.
Le mentor agit comme un révélateur, estime Francis Repka. « À la fin de chaque séance, on choisit une ou deux thématiques sur lesquelles la mentorée réfléchit et qui débouchent sur quelques actions avec des livrables. Souvent, la personne connaît déjà les solutions, mais celles-ci ne sont pas toujours faciles à identifier, à prioriser ou à mettre en œuvre. »
En fin de compte, le mentorat procure des avantages au mentor et au mentoré, en amenant chacun à développer une nouvelle vision des enjeux et à revoir ses approches pour atteindre ses objectifs.
Les éléments clés d’un mentorat efficace
Du côté du mentor :
– Mettre en place une relation de confiance avec le mentoré ;
– Faire preuve d’écoute et poser les bonnes questions ;
– Partager des expériences concrètes.
Du côté du mentoré :
– Donner le rythme aux rencontres et s’y investir ;
– Être prêt à apporter des changements et sortir de sa zone de confort ;
– Se connecter à l’industrie en participant à des groupes professionnels.