La dépendance au travail, ou workaholisme, risque de nuire à l’éthique des employés en faisant baisser leur sens moral, en particulier dans les organisations où la performance financière et l’intérêt personnel priment, selon une étude internationale publiée dans le Journal of Organizational Behavior.
Le besoin de se surpasser au boulot peut entraîner :
- des problèmes physiques et psychologiques,
- des tensions relationnelles
- et un épuisement professionnel.
Cela peut également pousser les employés à se détacher de leurs principes moraux et à garder le silence face aux comportements discutables, révèle l’étude menée auprès de 1 500 employés en Italie et au Royaume-Uni.
La recherche démontre que plus une personne est obsédée par son travail, plus elle a tendance à ignorer ses repères moraux. Résultat : elle est moins encline à exprimer des préoccupations éthiques et à dénoncer des comportements répréhensibles.
Le contexte organisationnel joue un rôle déterminant. Dans un environnement où l’intérêt personnel est roi, les effets négatifs de la dépendance au travail sont amplifiés. Lorsque les employés ont l’impression que leur entreprise privilégie les gains individuels au détriment du bien-être collectif, leur engagement moral s’érode encore plus.
Une menace pour la sécurité
Cette forme de désengagement moral ne fait qu’alimenter des comportements nuisibles au sein des entreprises et, plus largement, dans la société, affirme Roberta Fida, professeure en comportement organisationnel à l’Université Aston. Elle estime qu’il est urgent pour les organisations de revoir leur culture de travail, notamment dans les secteurs où la pression sur les résultats financiers est importante.
Le Dr Michael Knoll, de l’Université de Leipzig, abonde dans le même sens. Selon lui, les bourreaux de travail justifient leur silence en se persuadant qu’il est sans conséquence ou qu’il est nécessaire pour accomplir leurs tâches. Cependant, en agissant ainsi, ils laissent de côté des enjeux cruciaux comme la sécurité, l’éthique du leadership ou l’efficacité organisationnelle.
Selon lui, plutôt que d’encourager les longues heures et l’engagement excessif envers le travail, les entreprises devraient valoriser une culture qui récompense les comportements éthiques, favorise la prise de parole et réduit la pression qui pousse les employés à l’excès de travail.
La flexibilité en cause
Les risques de dérapage augmentent. Pour faire face à un environnement de travail de plus en plus exigeant et imprévisible, les entreprises misent sur la flexibilité :
- horaires ajustables,
- télétravail
- et contrats adaptés.
Elles accélèrent aussi l’adoption des nouvelles technologies et intensifient les processus de travail, réduisant ainsi les marges de manœuvre des employés.
Ces changements les poussent à travailler plus longtemps et plus fort. En parallèle, ils doivent jongler avec des rôles de plus en plus flous, tant au travail que dans leur vie personnelle, tout en s’ajustant aux attentes de leur employeur et de la société.
L’obsession du travail
Pour s’adapter, certains employés développent une dépendance au travail. Cette relation est ambivalente, à la fois gratifiante et éprouvante, d’après les chercheurs. La dépendance au succès professionnel fragilise les « workaholiques ». Leur estime de soi reposant sur leurs performances, ils sont particulièrement sensibles aux obstacles qui freinent leurs efforts.
Craignant l’échec, ils hésitent à prendre des risques et deviennent perfectionnistes, méfiants envers les autres et peu enclins à déléguer. Lorsqu’ils sont empêchés de travailler, ils ressentent frustration et anxiété, ce qui peut les rendre plus agressifs et accroître leur mal-être.