Niveau d’endettement élevé, épargne insuffisante, « les gens sont stressés par leurs finances et généralement pas prêts pour la retraite : le taux de faillite chez les plus de 65 ans est en hausse », constate Jocelyne Houle-LeSarge, PDG de l’Institut québécois de la planification financière (IQPF). L’accès facile au crédit, la dématérialisation de l’argent et une méconnaissance générale des notions financières dans la population favorisent ces phénomènes. Jocelyne Houle-LeSarge est convaincue qu’il « faut sensibiliser les jeunes » pour enrayer ces mauvais plis.
Les cours d’économie pourraient être l’occasion, non seulement, d’apporter des notions très concrètes mais aussi d’inculquer de grands principes : la prévoyance, la gestion raisonnée des revenus, le sens critique face aux publicités et diverses sollicitations, etc.
Le budget
De l’avis général, la première notion à transmettre aux jeunes : comment faire un budget. « Il est important que les jeunes acquièrent les outils pour gérer leur argent avec des objectifs financiers réalistes. Ils doivent savoir construire un budget excédentaire en prenant en compte leurs revenus réels, ajuster leurs dépenses pour dépenser un peu moins que ce qu’ils gagnent afin d’épargner », conseille Bianca de La Fontaine, directrice générale de l’Académie du trésor, un organisme qui propose des programmes de formation en littératie financière aux établissements scolaires.
C’est l’occasion de leur « expliquer la différence entre le revenu brut et le revenu net, une fois les déductions effectuées pour les impôts, l’assurance emploi, etc. pour qu’ils sachent qu’il ne reste pas forcément autant d’argent que ce qu’ils croyaient », précise Sophie Sylvain, planificatrice financière au Mouvement Desjardins.
La PDG de l’IQPF voit aussi là la possibilité de « faire passer le message aux jeunes de l’importance de poursuivre leurs études : s’ils pensaient que gagner 25 000$ par an allait suffire, en faisant un budget, ils vont peut-être se rendre compte qu’ils aimeraient gagner plus pour avoir un certain niveau de vie, ce qui va les motiver à faire des études pour pratiquer un métier plus payant ».
L’épargne
« C’est un mode de vie l’épargne. Il faut prendre l’habitude très jeune », lance Jocelyne Houle-LeSarge. Loin d’être un sujet ennuyeux, l’épargne peut être présentée sous un bon angle. « Certes, il faut avoir un fonds d’urgence pour les imprévus mais c’est aussi le fun d’avoir de l’argent de côté, pour faire un voyage par exemple », ajoute Sophie Sylvain.
Bianca de La Fontaine est d’avis qu’il faut même leur parler des véhicules d’épargne, qui leur permettent de prévoir l’avenir ou de faire fructifier leur argent comme le REER, notamment pour pouvoir faire un RAP, et le CELI.
La notion d’épargne est d’autant plus importante que « le nombre de travailleurs autonomes croît », constate Sophie Sylvain. Or, ils doivent mettre eux-mêmes de côté suffisamment d’argent pour payer leurs impôts, leur retraite, prévoir eux-mêmes leurs assurances, etc.
Le crédit
« Il est important de sensibiliser les jeunes à la surconsommation et à l’endettement en leur expliquant les rouages du crédit », affirme Bianca de La Fontaine. Les conseillers sont unanimes : il faut que les jeunes sachent qu’ils peuvent magasiner leur carte de crédit, qu’ils connaissent les taux d’intérêt des différentes cartes, l’importance de payer le solde dans les délais, et les conséquences de ne payer que le minimum obligatoire.
« Il faut absolument qu’ils comprennent ce qu’est la note de crédit et qu’ils sachent que s’ils ne payent pas leur facture de cellulaire à temps ou s’ils cumulent les cartes de crédit, ça a un impact sur cette note, ce qui pourrait leur nuire lorsqu’ils auront besoin de demander un prêt à leur institution financière », prévient Sophie Sylvain.
L’investissement
L’Académie du trésor estime qu’il faut aussi « donner aux jeunes des bases en investissement ». Leur expliquer la différence entre un REER et un CÉLI mais aussi « comprendre la différence entre un intérêt simple et composé, qu’est-ce qu’une action, une obligation et la notion de risque et de diversification pour le réduire. Le but est qu’ils sachent un peu de quoi on parle quand ils rencontreront un courtier ou un conseiller », estime Bianca de La Fontaine.
Toutes ces notions figurent dans le programme des cours qui seront bientôt réintroduits au secondaire. L’intérêt primordial sera de rendre les consommateurs de demain plus éclairés.