À la question de la meilleure forme de rémunération, chaque conseiller a défendu bec et ongles le modèle qu’il ou elle a adopté.
« Pour moi, la meilleure forme de rémunération est évidemment à honoraires. De cette façon, le conseiller est partenaire de la réussite financière de son client, » affirme Philippe Pratte, chef des investissements et gestionnaires de portefeuille chez Pratte gestion de portefeuille.
De son côté, Hugo Neveu, conseiller en sécurité financière chez Hugo Neveu services financiers, soutient que la forme de rémunération est particulière à chaque dossier, mais que « le modèle à commission est excellent pour la majorité des dossiers. »
Maud Salomon, conseillère en sécurité financière chez MICA Capital, ajoute que la rémunération à commissions « est la solution la plus logique pour moi. »
Un rapport négatif
Le rapport du Brondesbury Group, un de plusieurs commandés par les ACVM, conclut qu’un conseiller fait des recommandations biaisées à cause des commissions de suivi, ce que réfutent Hugo Neveu et Maud Salomon.
« J’invite les personnes qui pensent que nos recommandations sont faites en fonction de la commission de venir nous voir travailler, avance Maud Salomon. Elles verront que notre intérêt premier est celui du client. »
« Quand je vois les milliards de dollars investis en fonds sécuritaires et en fonds monétaires qui rémunèrent moins les conseillers, ça prouve que cette critique est tout-à-fait fausse, assure Hugo Neveu.
D’autre part, Philippe Pratte évoque l’abolition du modèle à commission de grands centres financiers comme le Royaume-Uni pour appuyer sa pensée. « Ce modèle n’est pas éthique par le conflit d’intérêt qui se pose a priori entre l’intérêt du client et celui du conseiller, qui a le désir légitime de bien réussir. Il doit choisir : le client ou payer ses comptes? D’autres pays ont compris cette problématique. »
Des impacts sur les clients
Pour les conseillers à commission, le client est gagnant de les choisir. « En nous payant de façon passive, tous ont accès à des conseils et à une stratégie financière, explique Maud Salomon. Ceux qui subiraient les conséquences du retrait des commissions sont les petits épargnants parce qu’ils ne peuvent pas nécessairement payer des honoraires de leur poche. »
« C’est une bonne chose de conserver deux modèles de rémunération pour les clients, conclut Hugo Neveu. S’ils n’ont d’autres choix que de payer des honoraires en visitant un conseiller indépendant, beaucoup d’entre eux vont se tourner vers des certificats de dépôt garanti et des placements à terme qui ne leur seront pas bénéfiques. »
Par ailleurs, M. Pratte illustre que le modèle à honoraires est celui le mieux adapté pour un consommateur qui grandit financièrement. « À peu près tous les clients connaissent une évolution, donc ils vont bénéficier d’escomptes au courant de leur progression et paieront un pourcentage moins élevé d’honoraires à mesure que leur actif sous gestion augmente. »
Tous sont d’accord pour dire qu’ils veulent que les ACVM aboutissent sur une solution qui représente le « gros bon sens » pour les conseillers et pour les clients. « Il faut y aller tranquillement pour ne faire d’erreurs qui mettront la personne qu’on veut aider dans le trouble et tirer le meilleur de ce qui se fait ailleurs en l’adaptant à ce qu’on fait ici, » dit Maud Salomon.