«Certains employeurs, notamment dans le milieu des arts et de la publicité, sont plutôt ouverts envers les tatouages apparents. À l’inverse, les firmes d’avocats et les cabinets de services financiers se montrent encore réfractaires », observe Alexandre Dumouchel, conseiller en ressources humaines agréé.
Si certaines entreprises sont moins conciliantes à l’égard des tatouages visibles, c’est surtout parce qu’elles craignent que ceux-ci ne nuisent à leur image ou à leur réputation. Une étude réalisée en 2010 par la Frostburg State University a en effet conclu que les consommateurs ont une perception négative des cols blancs qui arborent des tatouages sur les bras, les mains, le cou ou toute autre partie visible du corps.
Les participants à l’étude,dont certains étaient eux-mêmes tatoués, étaient encore plus sévères à l’endroit des professionnels de la finance possédant des tatouages, les uns y voyant un manque de professionnalisme, les autres affirmant que cela les rendait peu dignes de confiance. D’autres participants ont justifié leur position en disant qu’un employé tatoué avait plus de risque d’être inexpérimenté.
Alexandre Dumouchel, qui est également conseiller au développement de la profession auprès de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, croit pourtant que les conseillers en services financiers pourront bientôt exposer leurs tatouages sans problème.
« Nous approchons du point de bascule, car de plus en plus de gens se font tatouer », indique-t-il. D’après un sondage Ipsos Reid réalisé en 2012, 22% des Canadiens possédaient au moins un tatouage. Chez les jeunes âgés de 18 à 29 ans, cette proportion grimpe à 38%.
Certains cabinets font déjà preuve d’ouverture à ce sujet. « Pour ma part, je n’hésiterais pas à embaucher un conseiller ayant un tatouage apparent », affirme Me Maxime Gauthier, chef de la conformité et représentant en épargne collective chez Mérici Services Financiers. « Ce qui compte, ce sont les compétences et le professionnalisme du candidat », poursuit-il.
Maxime Gauthier ajoute que le fait d’interdire les tatouages visibles au sein de son équipe irait à l’encontre de la philosophie du cabinet. « Nos conseillers sont autonomes. Or, pour nous, l’indépendance, ce n’est pas juste un beau discours. Si le client est à l’aise de travailler avec un conseiller tatoué, qui sommes-nous pour nous y opposer? »
Charles-Olivier Barsalou, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective auprès de Socium Groupe Financier (un cabinet affilié au réseau SFL), assure quant à lui qu’aucun de ses clients n’a manifesté de malaise à l’égard de la manche qui recouvre son avant-bras.
« Mon tatouage est habituellement dissimulé par ma chemise, mais lorsque j’étire le bras, on l’entrevoit légèrement. Lorsque cela se produit, la plupart de mes clients sont intrigués. Certains veulent le voir au complet, d’autres me demandent ce qu’il signifie. Cela débouche souvent sur des conversations très intéressantes et très humaines », témoigne le jeune homme.
Ses patrons n’ont pas été gênés par son tatouage non plus. « Lors de l’entrevue, c’est moi qui ai abordé le sujet, afin de m’assurer que ça ne posait pas problème. Le recruteur m’a répondu: « Pas du tout, je veux le voir! » Les temps changent, et c’est tant mieux. »