Leçons de succès: « Les honoraires et la gestion discrétionnaire représentent le futur»
Bloomberg

Sara Gilbert (SG) : Parlez-moi de votre pratique d’affaires aujourd’hui.

Louis-Philippe Barrette (LPB) : J’ai débuté dans l’industrie des services financiers en 1997 et, finalement, je me suis associé afin de fonder Gestion de portefeuille Levine Barrette. Nous gérons aujourd’hui plus de 250 millions de dollars (M$) et desservons environ 200 ménages. Notre équipe se compose de deux conseillers et deux employés de soutien.

SG: Comment pensez-vous que l’industrie a changé dans la dernière décennie?

LPB :
Il s’est définitivement produit une transition vers la gestion discrétionnaire de portefeuille. C’est plus qu’une simple tendance. Je crois que la gestion discrétionnaire est l’une des meilleures façons de bâtir bien davantage qu’une pratique d’affaires : sa propre entreprise.

Nous voyons aussi les conseillers gérer de plus en plus d’actifs pour leurs clients, et la moyenne d’actifs sous gestion de ceux-ci augmente également.

De plus, la conformité est un élément qui a aussi grandement changé au cours des 18 années où j’ai oeuvré dans l’industrie des services financiers. Les exigences des différentes organisations législatives et départements de conformité ont augmenté significativement la charge de travail des conseillers et leurs équipes. Et dernièrement, les grilles de rémunération ont changé, occasionnant une répercussion significative sur la rémunération des conseillers.

SG: Où voyez-vous l’industrie aller au cours de la prochaine décennie?

LPG : Les changements de la décennie écoulée s’amplifieront. Je crois que les conseillers continueront de gérer de plus en plus d’actifs et les équipes seront de plus en plus grandes. Ceci veut aussi dire que les conseillers devront structurer et organiser leur pratique d’affaires comme une ‘vraie’ entreprise — et ceci passe par la mise en place de systèmes sur lesquels ils pourront bâtir une entreprise solide.

SG: Qu’est-ce qui vous a motivé à créer et développer votre pratique jusqu’au niveau que vous avez atteint?

LPB : Quand j’ai commencé, il y a presque vingt ans, j’avais une vision quelque peu « romancée » du travail dans le domaine de la finance. J’étais excité à l’idée de découvrir les opportunités d’investissement. À cette époque, l’industrie était purement transactionnelle.

Il y a sept ou huit ans, j’ai décidé que je voulais vraiment bâtir une entreprise, non plus seulement acheter et vendre des titres. Je voyais aussi venir les comptes à honoraires, puis la gestion discrétionnaire. Je me rendais bien compte que cette voie était celle du futur. Je me suis alors dit que, si je voulais faire un changement, innover, et vraiment bâtir une entreprise, je me devais de m’y prendre de la bonne façon.

Je suis une personne très organisée et structurée et je sais que, dans la vie, si vous ne vous adaptez pas, vous ne survivrez pas – vous pourrez encore moins prospérer. Albert Einstein a dit « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». J’ai donc appris à m’adapter aux réalités changeantes.

SG: Qu’a-t-il fallu pour faire croître une pratique comme la vôtre?

LPB : De la persévérance et du temps. Un jour j’ai lu le livre Breaking Through: Building a World Class Wealth Management Business par CEG qui mentionne, suite à des études auprès d’investisseurs aisés, que la caractéristique numéro un recherchée par les clients auprès de leur professionnel est l’attention au détail – en anglais on dit « the devil is in the details » – et il ne faut jamais oublier cela.

Je lis aussi beaucoup, tant les livres de notre industrie que ceux qui ne sont pas reliés à l’industrie des services financiers ou de la finance. Si vous étudiez les compagnies à succès, vous remarquez qu’il y a plusieurs dénominateurs communs. Ceci permet d’apporter des idées novatrices qui vous distinguent en tant qu’entrepreneur – apprenez des meilleurs, soyez novateurs et ne vous contentez pas de simplement faire comme les autres.

SG: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes conseillers?

LPB :
Commencez en ayant en tête votre vision ultime. Prenez le temps de bien réfléchir : « Qu’est-ce que je veux vraiment bâtir? », tant au point de vue de votre pratique d’affaires (actifs sous gestion, nombre de ménages, modèle d’affaires, etc.), mais aussi au niveau de la qualité de vie que vous désirez pour vous-même. À partir de là, concentrez tous vos efforts dans cette direction. Votre vision agit comme une ancre qui assure que vous ne déviez pas de votre route, et limite les distractions qui souvent détournent du succès. Au fil du temps, vous peaufinerez votre vision afin de la clarifier.

À mes débuts, j’avais une bonne vision de la direction que je voulais prendre en tant que conseiller, mais à force de peaufiner et clarifier celle-ci, je peux dire aujourd’hui que je sais très bien où je veux aller à titre d’entrepreneur.

 

Sara Gilbert, FMA, FCSI, CSWP, est consultant en affaire et fondatrice de Développement des affaires Strategist(e), une firme dédiée aux conseillers en placement en offrant des stratégies de développement d’affaires sur mesure, afin de leur permettre d’atteindre leurs objectifs d’affaires.